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BLACKRAIN (06/09/19)

Le quatuor de glam metal BlackRain sort son sixième album, “Dying Breed”. Le groupe était en promo à Paris, l’occasion pour RockUrLife d’en savoir plus sur ce nouveau disque et de revenir sur le concert explosif au Hellfest.

Vous avez commencé à jouer certains morceaux en live, la tournée est annoncée et il ne reste quelques jours avant que le public entende le fruit de plusieurs années de travail. Comment te sens-tu dans cette période qui précède la sortie de l’album “Dying Breed” ?

Swan Hellion (chant): Rien de vraiment spécial. On commence à être habitué. Ça se passe bien, on a eu beaucoup de pré-commandes. On est plutôt excité de commencer à tourner avec nos amis de Kissin’ Dynamite en octobre. On n’a pas eu beaucoup de concerts l’année passée. Quand on a joué au Hellfest au mois de juin, ça faisait quasiment un an que l’on n’avait pas fait de concert avec le groupe. Je suis plus excité à l’idée de refaire des concerts et partir en tournée, que la sortie de l’album en elle-même. On a une nouvelle maison de disque et pour le moment ça se passe beaucoup mieux que d’habitude. Par rapport à la promotion par exemple, on est beaucoup plus tenu au courant de ce qui se passe, donc pas de stress. Ça se passe bien et on ne se prend plus la tête avec le groupe, pour te le dire honnêtement.

Quand on a commencé on était assez naïf, le temps passe vite, on a vieilli. On n’a plus toutes ces fausses idées, on sait qu’on ne vivra pas de la musique. On sait que c’est dur aujourd’hui. On a tous nos trucs à côté, on a tous aménagé nos vies et on a tous fait le choix de continuer le groupe aussi. On fait ce que l’on veut faire, de la manière que l’on veut faire, sans compromis.

Ça devient une habitude pour vous, il y a encore beaucoup de changements pour cet album : changement de maison de disque, de producteur.

Swan : On a changé de label à chaque album. On commence à être habitué (rires). Le changement de producteur, ça faisait un moment que je l’attendais. Sur le dernier album on avait travaillé avec Jack Douglas. C’était très bien, mais ma première idée était de travailler avec des Scandinaves et de le faire mixer là-bas. Jack avait insisté, donc on l’avait fait avec lui. J’étais impatient de travailler avec un Suédois. Je trouve que le style que l’on fait, ils le font mieux que les autres.

Tu as travaillé avec Chris Laney, qui partage cette sensibilité musicale. Comment s’est fait ce choix ? Que vous a-t-il apporté ? S’est il impliqué sur la direction artistique de l’album ?

Swan : Il avait mixé notre album “License To Thrill”. Je le connais depuis dix ans. Aujourd’hui c’est beaucoup plus simple. On était en studio avec Jack Douglas pour tout le mixage, etc. Là on a enregistré que la batterie en studio à Paris. Tout le reste, on l’a enregistré à la maison. Je n’ai même pas vu Chris. Je lui envoie les morceaux, il me les renvoie mixés et en général il n’y a pas grand-chose à redire. Ça se passe de manière très simple et il travaille bien.

Donc es-tu satisfait du rendu de la prod ? Tu te montres généralement très critique sur ce point, tu as même exprimé une certaine déception vis à vis des autres albums.

Swan : On est satisfait oui, ce n’est pas parfait non plus, il y a des choses qui pourraient être mieux faîtes, mais le résultat global est bien. Je suis satisfait de la manière dont Chris travaille. Les choses qui me perturbent un peu il n’y a peut-être pas beaucoup de personnes qui les entendent. (rires) Il y a quand même des choses à améliorer pour la prochaine fois. En tout cas, je crois qu’on n’a pas trouvé mieux que Chris Laney pour s’occuper de nous jusqu’à présent.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur les raisons qui t’ont poussé à t’installer en Suède ?

Swan : J’avais l’habitude d’y aller depuis dix ans. Je traînais toujours à Stockholm. J’habitais Paris et j’ai toujours détesté Paris. (rires) J’ai rencontré une Suédoise avec qui je me suis marié et comme on en avait vraiment marre d’habiter à Paris, on a décidé de déménager vers chez elle.

Où en Suède ?

Swan : Helsingborg, dans le sud, on voit le Danemark juste en face.

La Suède est un pays qui encourage beaucoup l’accès à la musique, il y a beaucoup de groupes et là-bas le metal et le rock sont des courants mainstream. Ils ont aussi une approche décomplexée face à la musique dans le sens où ça leur paraît possible de réussir à l’international quand en France on sent qu’il y a encore une forme cloisonnement.

Swan : C’est une culture très différente. Il n’y a pas vraiment de culture rock en France. Là-bas il y a une culture rock et l’accès à la musique est vraiment plus développé. Chacun a accès à la musique gratuitement dès l’école, il y a beaucoup de jeunes qui apprennent la musique. Ça change la donne par la suite.

Il y a aussi des choses qui ne s’expliquent pas. Ils ont énormément de groupes et quand tu les écoutes tu sais que ça vient de là-bas. Il y a des trucs dans les mélodies qui sont suédois. Que tu écoutes ABBA ou In Flames, tu vas retrouver des trucs qui te font dire que c’est Suédois. Je ne sais pas comment l’expliquer (rires).

Pour rebondir sur la culture, ce qui est triste c’est que la culture rock est en train de disparaître. Quand j’ai déménagé à Helsingborg il y a cinq ans il devait y avoir quatre bars metal. Tout a fermé. Il en reste un qui ouvre seulement le vendredi et le samedi.

Ces fermetures, ce désintérêt pour le metal se fait au profit de quels autres courants ?

Swan : Ils écoutent de la merde comme partout. (rires) Ils écoutent du rap autotuné, de la soupe. Ils ont un super système pour l’Eurovision, l’année dernière il y a eu un changement très notable : avant il y avait des groupes et maintenant ce ne sont que des chanteurs. La musique disparaît, il n’y a plus que celui qui chante qui est encore dans la compétition. Les instruments de musique ne sont plus là, ce ne sont que des ordinateurs et des bandes.

C’est à ça que tu pensais quand dans “Dying Breed” tu dis que vous êtes les derniers de votre espèce ?

Swan : C’est un peu ça. (rires) On n’est pas tous d’accord là-dessus dans le groupe. Je trouve que l’on se dirige vers une musique qui n’en est plus. Il n’y a plus que des sons qui sortent d’un ordinateur. Parfois il n’y a même plus personne qui chante. Il n’y a plus d’effort, plus d’apprentissage. Je connais des jeunes qui font du hip hop avec une manière de faire très différente aujourd’hui. Ils achètent les beats, les loops et certains achètent même les paroles. Il n’y a vraiment plus rien. La créativité est minimale. Je trouve ça assez triste, je n’en fais pas une généralité non plus, mais je trouve qu’il y a un sens de l’effort qui se perd.

La nouvelle génération est à la fois dans l’immédiateté avec le besoin de produire très rapidement tout en étant dans une forme d’anesthésie générale face au monde.

Swan : Oui absolument. Il n’y a plus ce truc où tu vas acheter une guitare et passer quelques années à la maîtriser. Il faut apprendre puis accepter de passer du temps pour former un groupe avec lequel tu vas t’entendre, tu vas composer quelque chose. Il n’y a plus tout ça, il faut accepter les changements et vivre avec notre monde.

Vous êtes dans un courant qui fait perdurer un style de musique emprunt d’une époque. Vous gardez les mêmes codes, parfois les rappels des influences sont très présents. Quand on écoute “Hellfire” on pense tout de suite à l’intro de “Looks That Kill” de Mötley Crüe. “We Are The Mayhem” fait vraiment penser à du Bon Jovi et “Blast Me Up” est un hymne qui aurait pu être chanté par Twisted Sister. Tu parlais de créativité, que penses tu apporter à ce genre musical ?

Swan : Je ne sais pas si j’essaie d’apporter quoi que ce soit au genre. On essaie simplement de faire ce que l’on aime et qu’on aimera faire en live. On n’a pas toujours réussi à le faire comme on le voulait. On n’a jamais cherché à être original. L’originalité c’est chiant. J’ai jamais essayé d’être compliqué non plus. On fait du simple, structuré, efficace et accrocheur avec des mélodies qui nous touchent. Le reste m’importe peu.

Le truc de “Hellfire” c’est intéressant que tu le mentionnes, tout le monde a vu que c’était un peu le riff de Mötley Crüe, mais nous on ne l’a pas vu. En plus ce n’est pas nous qui l’avons composé. J’avais envoyé la démo à un arrangeur en Suède et c’est lui qui a trouvé le riff. On n’a pas fait le rapprochement jusqu’à ce qu’on voit les commentaires sur la vidéo. Ça a choqué tout le monde. Pour nous, cette chanson était limite typée trop heavy metal, on ne voulait pas la mettre dans l’album. Le label a dit que c’était l’une des meilleure et que ça collait bien. On l’a sortie et on nous a dit que c’était un total “rip off” de Mötley Crüe. Je l’ai donc réécouté avec ça en tête et là j’ai entendu la ressemblance.

Dans “We Are The Mayhem”, il y a des passages où on a l’impression d’entendre “Livin’ On A Prayer”.

Swan : Ça c’est parce que j’ai sorti la même ligne de basse sur les refrains. C’est pour ça que ça fait Bon Jovi. (rires) C’est assez typé rock FM comme “A Call From The Inside”.

Un petit mot sur la prestation au Hellfest ?

Swan : L’un des meilleurs souvenirs live de ma vie. J’ai été surpris, je ne m’attendais pas à voir autant de monde. J’ai vu qu’il y avait plein de gens loin dans le public qui chantaient nos chansons. Je ne m’y attendais pas.
Côté conditions pour les artistes on sent qu’ils sont rodés. Le stress pour un artiste c’est d’arriver sur scène et d’avoir des choses qui ne marchent pas. Là tout fonctionne. Et le concert était vraiment génial. L’un des meilleurs souvenirs et j’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres. (rires)

Et alors, à quand le duo avec Lady Gaga ?

Swan : (rires) Bah écoute, quand elle se sera décidé ! (rires) Ça ne dépend pas de nous !

Alice Cooper dit que c’est elle qui peut prendre la relève sur la scène glam metal.

Swan : Elle est vraiment bien. Je l’avais vue en concert à Paris et c’était l’un des meilleurs live que j’ai vu de ma vie. J’avais trouvé que c’était égal à Mötley Crüe en live. Il y avait un vrai batteur, des guitares saturées tout le temps. C’était plus que rock. Elle, tu aimes ou tu aimes pas, mais c’est une chanteuse de ouf.

C’est aussi une vraie musicienne, et pour le coup elle est dans la créativité.

Swan : Ah là oui. En live c’était agréable. En fait il y avait des couilles et j’étais vraiment surpris. L’un des meilleurs trucs que j’ai vécu !

Et pour finir, question traditionnelle : notre webzine s’appelle “RockUrLife”, alors qu’est-ce qui rock ta life Swan ?

Swan : Mon métier, je suis devenu tatoueur. J’ai vraiment trouvé un truc qui me prend les tripes autant que la musique. Je ne pensais pas que ça arriverait. Je suis à fond dans mes tatouages, c’est le meilleur métier que je n’ai jamais fait et du coup ça rock ma life ! (rires)

Crédit photos : Chloé Rose

Site web : blackrain.fr

Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !