Interviews

BIFFY CLYRO (27/11/12)

English version

Au lendemain du concert au Divan Du Monde, dans le cadre du Festival Bring The Noise 2012, on retrouve le trio écossais dans un cosy hotel parisien. L’occasion d’en savoir un peu plus sur le nouvel album “Opposites” à paraitre le 28 janvier 2013. Entretien avec les jumeaux James et Ben Johnston, respectivement bassiste et batteur du groupe.

Bonjour, comment allez-vous ? Content d’être de retour à Paris ?

James Johnston (basse) : Nous sommes vraiment contents d’être de retour à Paris, ça fait un bon moment déjà depuis la dernière fois. C’est quand même la première ville en dehors du Royaume-Uni où nous avons des amis et des fans, ça a toujours été un lieu spécial pour nous. Nous sommes donc heureux d’être ici.

Comment était le concert hier soir au Festival Bring The Noise ?

Ben Johnston (batterie) : C’était incroyable. Nous avons joué dans des salles bien plus grandes récemment, donc ça fait plaisir de jouer à nouveau dans une petite salle. En plus, jouer de nouveaux titres du nouvel album, c’est sympa de les tester dans un environnement plus restreint aussi. Il n’y a pas de meilleur endroit que Paris pour les jouer. C’était incroyable et fun.

Votre nouvel album “Opposites” sort l’année prochaine, pourquoi avez-vous mis autant de temps entre l’enregistrement et la sortie de l’album ?

J : Nous avons beaucoup tourné, pour “Only Revolutions”. Au départ, nous n’avions pas réalisé que nous allions être sur les routes pendant plus de deux ans. On s’est tous bien amusé, on a continué à tourner et ensuite on a eu besoin de se réunir pour préparer l’album. Nous avons enregistré le nouvel album en six mois environ. Ce n’est pas comme si nous étions allongés sur la plage durant tout ce temps, nous avons continué à travailler dur. Parfois, ça prend juste du temps, pour écrire les titres, les enregistrer le mieux que possible. Nous vous remercions donc pour votre patience. Heureusement, on va vous récompenser avec de nombreuses dates de concert.

B : Vous avez attendu longtemps mais c’est pour cela que vous allez avoir un double album !

J : Yeah ! (rires)

 

Comment s’est passé l’enregistrement ?

B : C’était bien. C’était vraiment bien cette fois-ci. C’est le troisième album que nous faisons avec Garth Richardson donc je pense qu’on se connait de mieux en mieux, nous avons repoussé nos limites pour voir jusqu’où nous pouvions aller. Il s’agit également du premier double album pour Garth donc c’était un test pour lui autant que pour nous. Dès que nous avons commencé à enregistrer, tout s’est bien déroulé, nous n’avions pas beaucoup de temps libre en raison du double album. On pensait qu’enregistrer un double album ne prendrait pas autant de temps que pour enregistrer deux albums, mais au final, c’est exactement la même chose. C’était un super endroit pour enregistrer, nous étions près de la plage de Santa Monica donc dès que nous avions du temps libre, on profitait du soleil, ce que nous ne pouvons pas faire chez nous.

J : Ben surfait.

B : Oui, Je surfais, James faisait kilomètres sur kilomètres, à vélo, tous les matins, on a commencé à mieux manger, à vraiment améliorer notre mode de vie.

J : C’était vraiment un processus intense de faire l’album surtout parce que c’était un double album. Nous avons beaucoup appris depuis “Puzzle” qui a été enregistré à Vancouver au Canada. On était entouré de bateaux, c’était une saison pluvieuse comme aujourd’hui, c’était très tendu. On a réalisé qu’il fallait qu’on prenne cinq mois. Comme l’a dit Ben, on a pris du temps pour nous dès que l’on pouvait afin d’aérer nos esprits et penser à autre chose et il n’y a pas de meilleur endroit que Santa Monica pour faire cela.

Qu’est-ce qui vous a inspiré dans l’écriture de ce disque ?

J : Nos vies et nos propres expériences de ces dernières années, que ce soit les bons ou les mauvais moments, qui se réfèrent à ce double album. “The Sand And The Core Of Our Bones” traite du passé, des choses qui nous ont amené à ce point, les moments difficiles de la vie, les choses que l’on ne peut pas changer.  Et “The Land At The End Of Our Toes” traite des choses à venir, de ce qu’on espère du futur et ce qui nous effraie, des choses que l’on peut faire pour l’améliorer, pour avancer. Cela se réfère à ce qui se passe dans la vie et les expériences personnelles.

B : La meilleure musique est toujours honnête. Si vous voulez écrire de la musique honnête, alors il faut que cela soit basé sur vos propres expériences. C’est ce que fait toujours Simon, qui écrit sur ce qui se passe dans sa vie, ce qui l’affecte au niveau émotionnel. C’est ce qui mène à l’honnêteté et heureusement, c’est pour cela que les gens peuvent s’identifier avec ce que l’on chante.

Pourquoi avez-vous décidé d’explorer différents styles dans ce nouvel album ?

B : Pourquoi pas ?

(rire général)

Par exemple, avec “Spanish Radio” qui est un titre mariachi.

B : C’est du Biffyachi. Le titre est un morceau en quatre ou cinq temps, ce qui est déjà étrange, je ne pense pas que que les groupes mariachi joueraient de la sorte. Donc, c’est d’abord une chanson de Biffy mais lorsqu’on joue ce titre ensemble, on peut entendre dans nos têtes des castagnettes, des trompettes et ce titre demande une vibe espagnole. Mais même quand on joue ce titre ça marche très bien avec une fièvre espagnole. C’était la chanson qui demandait à ce que l’on mette des trompettes et des cordes. Je pense que nous allons écrire un titre ayant un son espagnol, donc ce n’était pas vraiment un choix.

J : On a toujours essayé différentes choses sur “Only Revolutions” et “Puzzle”, où on a commencé à utiliser des cordes claires et des choeurs, par exemple. Nous sommes devenus confiants voir meilleurs. Le double album nous a donné l’opportunité d’essayer les choses dont on a toujours rêvé comme les cornemuses. On ne fait pas cela simplement dans le but de le faire. On a aussi enregistré avec une chorale gospel pour un titre mais ça ne marchait pas avec le groupe, on a donc décidé de laisser ce titre de côté. Toutes les choses qu’on avait en tête n’ont pas toutes marché mais fort heureusement cela a marché la plupart du temps.

 

Nous avons eu la chance d’entendre quelques extraits de “Opposites”, et nous avons été très surpris par la présence de deux anciens titres “Skylight” et “Pocket”, y en a-t-il d’autres que vous aviez écrit quelques années auparavant ?

B : Ce sont les deux seuls. “Pocket” est un titre que nous avions avant “Puzzle” mais il ne correspondait ni à “Puzzle” ni à “Only Revolutions”. ll correspond parfaitement à ce nouvel album. Grâce au tracklisting, c’est juste la chanson parfaite au parfait endroit. “Skylight”, est un titre que nous avons essayé de travailler de différente façon. C’est un titre que Simon avait enregistré au clavier chez lui. Il rendait tellement bien que l’on a essayé de le jouer plusieurs fois en groupe mais le rendu ne nous satisfaisait pas avec le clavier donc on a dû arrêter. Sinon c’est un titre assez électronique en dehors des guitares. Donc on l’a trouvé intéressant.

En parlant de clavier, est-ce que Richard “Gambler” Ingram a participé à l’album ?

B : Non, il n’a pas du tout participé au disque. On avait un claviériste à Los Angeles qui s’appelait Jamie Muhoberac, qui joue du clavier depuis “Mountains” avant “Only Revolutions”. Et il est juste incroyable, le claviériste le plus talentueux au monde. On a beaucoup de clavier sur ce nouvel album, il nous a donc semblé normal d’avoir Gambler avec nous pour donner de l’ampleur à ce son, les parties piano, en live. Pareil pour Mike Vennart à la guitare. Les mélodies de l’album rendent différemment en concert, c’est un peu plus agressif. On aime vraiment cette différence entre le studio et le live.

Durant le “BBC Radio 1 Rock Show” où vous avez co-animé l’émission de Daniel P. Carter, vous nous avez montré que vous aviez de bons goûts musicaux. Quel est le dernier album que vous avez acheté ?

J : Merci beaucoup ! En ce moment, j’écoute le nouveau Soundgarden (ndlr : “King Animal“), j’en suis à la moitié. Je suis un peu inquiet d’écouter un de mes groupes préférés sombrer et inquiet qu’ils ruinent les bons souvenirs que j’ai eu dans le passé. Il y a aussi Metz un groupe de Toronto, du hardcore intéressant, je passe beaucoup de temps à les écouter à la maison, sur mon vélo, pour me réveiller. J’attends également la sortie des nouveaux Pure Love et Frightened Rabbit l’année prochaine. D’excellents groupes.

B : Vu que Ben Folds Five vient de se reformer, j’ai acheté leur nouvel album, ce groupe représente beaucoup pour moi, j’ai aimé tout ce qu’ils ont fait jusqu’à présent, je suis vraiment content qu’ils se soient reformés, je les vois vendredi, ce qui est génial ! Et un groupe écossais Lau avec qui on a joué à la télévision britannique chez Jools Holand l’autre soir, ils m’ont impressionné, j’ai immédiatement acheté leur album, ils sont bien plus que ces traditionnels groupes folk. Ils sont vraiment cools.

 

Allez-vous prendre un de ces groupes en tournée avec vous ?

B : On adorerait, on verra qui est disponible.

J : Je ne sais pas si Soundgarden le sera. ?

(rire général)

Est-ce qu’il y aura une tournée européenne l’année prochaine ? Allez-vous revenir en France ?

J : Oui ! Nous sommes en train de finaliser les choses en ce moment même, mais nous sommes certains de revenir en Europe en février peut-être ou en avril pour la France. C’est sympa de revenir pour ces concerts, faire un coucou à d’anciens amis, et essayer les nouveaux titres. Mais on a hâte de revenir jouer plus longtemps, avec plus de morceaux du nouvel album. Vivement l’année prochaine ! C’est comme si on avait un secret, qu’on voudrait dévoiler. On est impatient de vous faire écouter le disque et de revenir.

Pour votre tournée britannique, avez-vous une mise en scène particulière avec un orchestre par exemple ?

J : Non, je ne pense pas. Ce sera envisageable à un certain moment mais on ne veut pas être éclipsé par des violonistes. On préfère mettre le groupe en avant pour l’instant. Peut être dans quelques années, pour un concert spécial ou quelque chose dans le même genre.

 

Nous avons demandé aux membres de Team Biffy France, s’ils avaient des questions pour vous. Par manque de temps, on n’en a gardé que trois.

Aline vous demande : Si vous aviez à reprendre une chanson, laquelle choisirez-vous ?

B : N’importe quel titre au monde

J : On a repris pas mal de titres pour des émissions de radio, on aime choisir des titres différents de ce que l’on joue habituellement en tant que groupe. Récemment on a repris “We Built This City” de Starship. Si vous écoutez la version originale, on se l’est vraiment approprié. Même s’il est difficile de savoir comment.

B : Pour cette session on avait aussi essayé d’autres titres. On choisira “Bad Religion” de Frank Ocean. C’est totalement différent de Biffy Clyro et on adore l’album de Frank Ocean, donc si on nous en donne l’occasion, c’est ce morceau qu’on reprendra !

Mathilde vous demande : Quel rapport entretenez-vous avec la France et vos fans français ?

B : Il est très fort.

J : C’est comme un premier amour, un coup de foudre. Ca ne changera pas. C’est un endroit spécial pour nous et on sent que bon nombre de personnes en France aime le groupe, nous soutiennent. C’est un plaisir de venir et partager notre musique avec eux. On sait qu’on continuera à venir ! Merci France !

B : La France est un pays dans lequel on ne passe pas assez de temps, où on peut penser que les fans pourraient nous oublier très rapidement mais en fait, ici les fans français nous soutiennent en essayant de rendre Biffy Clyro plus connu en appelant les radios pour diffuser nos titres par exemple. On apprécie beaucoup car ils font tout le boulot pour nous, et même mieux que la maison de disques. On est vraiment reconnaissant envers nos fans français.

Toujours Mathilde : Vous avez le talent par votre musique de produire un langage universel. Comment percevez-vous l’impact de votre musique sur les personnes qui y écoutent ?

J : C’est quelque chose à laquelle on pense quand des personnes viennent après un concert pour nous dire à quel point tel ou tel titre est spécial pour eux. Mais on ne pense pas à ça, car ça devient trop émotionnel et ça peut nous mettre trop de pression sur les épaules. La musique reflète ce que l’on ressent, nous ne la faisons pas en fonction de ce que les gens peuvent en penser même s’ils l’apprécient quand même. La musique peut-être quelque chose de très puissante. Mais c’est bien que la musique puisse être plus grande que le langage, les frontières et tout sorte de choses : les gens peuvent avoir les mêmes idées, ressentir la même chose. C’est cool de communiquer avec les gens de cette façon.

 

Pour terminer cette interview, question traditionnelle : notre site s’appelle “RockYourLife!”, qu’est-ce qui rock votre life les gars ?

(rire général)

B : Tout.

J : C’est le temps qu’on passe sur scène chaque soir. Je veux dire, voyager, le fait d’être dans une ville différente tous les jours, cela peut être très excitant, mais parfois cela peut être plus ennuyant. Mais l’heure et demi sur scène c’est comme un rêve, on ne pense pas à ce qu’on va manger, on pense juste à la musique. On peut se perdre dans ce moment-là, donc c’est ça la vie. C’est cette heure et demi de la journée.

B : On a aussi d’autres loisirs. On aime la nourriture, les films, le sport, mais il n’y a rien de plus excitant que de jouer sur scène, c’est le sentiment le plus incroyable que l’on peut avoir. Donc ce qui rock notre life, c’est de rocker vos life !

Merci !

Ben et James : Merci beaucoup, ravi de vous rencontrer !

 

avec la participation de Sylvie H.

Site web : biffyclyro.com

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife