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BETWEEN THE BURIED AND ME (15/03/23)

English version

RockUrLife a rencontré le bassiste Dan Briggs de BTBAM pour parler de la tournée actuelle, du dernier album, et plus encore, juste avant le concert à Toulouse en mars.

Bonjour Dan, et bienvenue à Toulouse. As-tu eu le temps de visiter un peu la ville ?

Dan Briggs (basse) : Oui. Nous sommes arrivés à Toulouse hier vers 5 heures du matin, nous avions un jour de repos, c’était super. Nous sommes allés manger et aujourd’hui nous sommes allés visiter quelques disquaires, ainsi que dans quelques librairies où nous avons acheté quelques trucs pour nos amis qui sont à la maison. C’est une ville magnifique.

Comment va Dustie (ndlr : Waring qui a été contraint d’annuler la tournée à venir en raison d’une blessure au dos qu’il fallait soigner) ?

Dan : Oh, il va bien. Il va mieux. Il avait juste besoin de temps pour récupérer. Il ne faut pas prendre de risque avec les problèmes au dos. C’est assez débilitant, mais il sera en pleine forme cet été. C’est une pause bienvenue pour lui pour se remettre sur pied.

Quel est ton recul sur Colors II, qui est sorti en 2021 déjà.

Dan : Cela fait environ deux ans qu’il est sorti et, à ce stade, nous n’avons toujours pas joué toutes les chansons de l’album en concert. Je ne me lasse jamais d’un album tant que nous n’avons pas tout joué en concert, puis je me dis : “Cela suffit. Il est temps de passer au suivant“. Je pense qu’après la pandémie, nos tournées ont été un peu plus espacées, ce qui nous convient parfaitement. Cette tournée aurait dû avoir lieu il y a un ou deux ans. Cela nous a donné plus de temps entre les albums, et nous sommes un groupe depuis plus de vingt ans maintenant, donc je pense que c’est bien. Il y a des groupes comme Opeth qui sortent un album tous les cinq ans environ, et je pense que c’est bien, cela nous donne le temps de vraiment nous plonger dans ces tournées, d’en faire des différentes, de faire des albums complets, comme cet été aux Etats-Unis où nous faisons The Parallax II Ten Years Anniversary Tour et c’est amusant. Et nous continuons après à défendre Colors II sur une autre tournée. D’ici à ce que nous finissions vraiment notre série de tournées, je pense que l’année prochaine nous commencerons à nous rassembler et à écrire. Nous avons besoin de ce temps pour grandir et évoluer.


Surtout après un album aussi massif et intense.

Dan : Oui, il y a beaucoup de choses. (rires) Mais nous essayons toujours de faire quelque chose de différent. C’est très important pour nous.

Quel est l’élément que tu as apporté sur cet album dont tu es le plus fier ?

Dan : Wow, c’est une bonne question. C’est une très bonne question. Il y a une chanson que nous n’avons pas encore jouée et qui s’appelle “Prehistory”. C’était une idée de quelque chose que je voulais faire (et que j’ai fait) sur l’album original Colors (2007), la chanson “Ants In The Sky”, qui a une section de blue grass. Et j’ai toujours pensé que ce serait amusant de faire une chanson complète avec ce genre d’intensité élevée, mais vraiment enracinée dans le blue grass, une sorte de folk. Je ne dirais pas “noodling” mais… Nous avons donc pu prendre cette idée et l’exploiter, mais elle est vraiment liée à deux des trois chansons de l’album. C’était donc très amusant.

De “Prehistory” à “The Future Is Behind Us”, c’était un gros morceau. J’ai donné un tas d’idées directrices, et j’ai travaillé avec les gars dessus. C’est comme cela que j’aime écrire ; écrire, donner le ton, comme par exemple “80’s Funk”, ajouter du progressif et ensuite, qu’est-ce que tu vas faire avec cela ? C’est assez amusant de passer le relais aux autres après avoir donné le ton. C’est l’idée. Cela fait partie du défi. Il y a toujours quelque chose de nouveau et c’est bien.

Y a-t-il une chanson qui a été vraiment difficile à terminer ?

Dan : Je dirais la dernière chanson, “Human Is Hell”, parce que nous terminons l’album dans cet ordre, à un certain moment. Je ne dirais pas que nous étions fatigués d’un point de vue créatif, parce qu’elle termine très bien l’album, mais c’était juste pour en arriver là. C’était juste une semaine ou deux avant d’entrer en studio pour enregistrer l’album, donc j’ai dû y retourner à la dernière minute, pour écrire mes parties de basse, c’était beaucoup. Mais avec le recul, je peux dire que tout s’est bien passé. Et nous étions ensemble 24h/24 dans le studio après une longue période de COVID. C’était différent, mec, après vingt ans d’écriture de disques, c’était nouveau (ndlr : le contexte sanitaire). Je pense que c’était nouveau pour beaucoup de groupes, j’en suis sûr.

C’était plus une question d’état d’esprit.

Dan : Oui, je pense. Il a fallu du temps pour s’habituer les uns aux autres. Vivre dans un bus avec dix personnes. Mais c’est redevenu normal.

Y a-t-il une chanson du nouvel album que vous avez hâte de jouer en concert mais que vous n’avez pas encore jouée ?

Dan : Oui, “Stare Into The Abyss” et “Prehistory”. Dans ce set, nous jouons la chanson qui précède cette partie, “Never Seen/Future Shock”, mais je veux les jouer toutes les trois ensemble, parce qu’elles ont été écrites comme un seul gros morceau. Nous les séparons, mais nous finirons par le faire. (rires)

Vous mélangez beaucoup de styles différents dans BTBAM. Que reste-t-il pour vous, comme une “dernière frontière” peut-être, une ligne rouge que vous ne franchirez pas ?

Dan : Non, il y a toujours quelque chose de nouveau. Nous avons tous des idées. Nous écoutons tous des choses très différentes, certains d’entre nous font partie d’autres groupes. J’ai mes trucs en solo, j’ai Nova Collective avec des gars de Haken, je veux dire que pour moi, il y a toujours un exutoire (créatif). Je sais exactement quand j’écris pour BTBAM, même si cela ne ressemble pas à quelque chose que nous avons déjà fait. Par exemple, quand nous avons fait Coma Ecliptic (2015), c’était une grande expérience, nous n’avons pas consciemment dit : “et si nous écrivions un album plus mélodique ?” C’est juste arrivé, et nous avons beaucoup appris depuis. C’est la nature même de la musique progressive.


Je sais que tu joues aussi du jazz, par exemple. Quel est ton style préféré ?

Dan : Ce que j’aime dans la vie, en général, mais surtout dans la création, c’est l’équilibre. Avec BTBAM, nous avons des écouteurs intra-auriculaires, nous jouons sur un click track. Pour nous, un bon concert consiste à jouer les choses telles que nous les avons écrites. Et cela arrive, et c’est cool, j’aime cela, mais j’aime aussi l’autre chose quand, comme dans le jazz : “Qu’est-ce qui va se passer ?” Il peut y avoir un public formidable, mais l’interaction entre vous et vos collègues qui improvisent n’est pas tout à fait là, elle n’est pas réussie. Et vous pouvez jouer devant dix personnes et être en feu. Et j’adore cela. J’adore jouer pour un millier de personnes, mais aussi, disons, dans un magasin de disques. Je ne voudrais pas faire l’un ou l’autre tout le temps, c’est une question d’équilibre.

En tant que multi-instrumentiste, vous nous faîtes penser à Eric Gillette, qu’on a découvert en train de jouer avec Haken lors de la tournée de Mike Portnoy Shattered Fortress. Le connais-tu ?

Dan : Oh oui, il est génial !

Et te considères-tu surtout comme un bassiste quand même ?

Dan : C’est bizarre parce que j’ai commencé à jouer de la guitare à l’âge de dix ans. Ma mère était guitariste et professeur de musique. Mais j’ai commencé à jouer de la basse quelques années plus tard, à l’école, dans des groupes de jazz. Je lisais toujours de la musique à la basse, et quand je suis arrivé au lycée, presque à l’université, j’ai eu l’impression que la basse était mon instrument professionnel. Mais j’ai toujours écrit de la musique à la guitare. Cela n’a pas vraiment changé depuis, même avec BTBAM, je fais la même chose, j’écris tout à la guitare ou au clavier. Il faut que les chansons soient totalement prêtes, finalisées, et ensuite je retourne écrire la basse parce que mes parties de basse sont la plupart du temps une contrepartie de la mélodie, donc je dois l’entendre complètement. Je garde le travail pour la fin.

Récemment, j’ai commencé un nouveau groupe avec un groupe d’amis où je jouerai à nouveau de la guitare. Mon style de guitare est tellement différent. Je veux dire que je peux écrire des choses pour BTBAM en sachant que des gens comme Paul (Waggoner) et Dustie (Waring) vont les jouer. Je sais qu’ils seront capables de les jouer, mais ce n’est pas nécessairement le style que je veux jouer.

Comme indiqué tout à l’heure, tu es dans Nova Collective avec Rich Henshall de Haken,  c’est une belle tournée pour vous tous, non ?

Dan : Oui, c’est vrai. Nous avons commencé à écrire de la musique pour un deuxième album en 2018. Et c’est resté au point mort. Rich a commencé à faire un autre disque, BTBAM a fait un autre disque pendant cette période, je faisais aussi mes trucs en solo. Et la pandémie a frappé. Il semble que tout ce que je prévoyais de faire avant la pandémie s’est arrêté, et ensuite ce qui s’est passé en 2020 et 2021, c’est que tout ce qui est venu à moi, j’ai dit oui à tout, j’ai sauté sur toutes les occasions. J’ai enregistré quelque chose tout seul, un truc tout en synthétiseurs, ainsi qu’un disque de free jazz et un autre de mes disques sortira cette année. Nova Collective a donc été repoussée, je n’y pensais même pas. Nous avons adoré, nous nous aimons beaucoup, nous savons que nous finirons par le faire. Et maintenant, nous vivons ensemble dans ce bus. (rires)

Y a-t-il une personne non musicienne qui est/a été une source d’inspiration pour toi ?

Dan : David Lynch est probablement mon guide créatif préféré. La façon dont il parle de la méditation, un sujet auquel je tiens beaucoup, de l’enracinement, de la recherche d’idées, de la routine, je veux dire que tous les jours, à la maison, je suis dans mon bureau. Je ne force pas le travail, mais je suis toujours en train de faire quelque chose. J’aime peindre à la maison, ma maison est pratiquement aménagée pour m’inspirer, tu vois ? Il peint aussi, il est lui-même musicien, donc.

Tu es originaire de la scène hardcore. Qu’est-ce qui t’a manqué pour aller vers le prog, qui est pour certains, presque un opposé ?

Dan : J’ai fait venir pour un concert BTBAM quand leur EP est sorti en 2002. J’avais seize ans ! Dans ma ville de Pennsylvanie. C’était juste une démo de trois chansons. Pour moi, le déclic s’est fait tout de suite. À l’époque, j’écoutais du hardcore, mais aussi Dream Theater, King Crimson, etc. Et je jouais ce genre de choses complexes et bizarres. Quoi qu’il en soit, j’ai adoré cet EP et lorsque j’ai rejoint le groupe, je me suis immédiatement retrouvé dans une pièce pour écrire l’album Alaska (2005). J’ai eu l’impression d’avoir enfin “mes” musiciens, parce que je faisais partie de plusieurs groupes depuis l’âge de douze ans, dans des groupes locaux, et je ne trouvais pas toujours les personnes capables d’assurer le bon fonctionnement des compositions, d’un point de vue technique. Ou bien ils ne voulaient pas s’engager comme je le voulais. Pour moi, la musique était plus importante que l’école, que tout. Et tout d’un coup, je me suis retrouvé dans une salle avec des gens (comme moi). Avoir vingt ans avec cette énergie… c’est cool.


Allez-vous sortir un Blu-ray de cette tournée ?

Dan : C’est une bonne question. Nous n’en avons pas parlé. Ce serait amusant de trouver un moyen de faire quelque chose, mais à ce stade, j’ai toujours envie de terminer cette tournée, de rentrer à la maison, de me reposer un peu et d’apprendre l’album Parallax. Parce qu’une grande partie de cet album n’est pas du tout dans mon cerveau. (rires) Je vais passer un mois à l’apprendre, la tournée commence en juin, donc. Mais oui, bien sûr, il faut célébrer l’album et la tournée, d’une manière ou d’une autre. Nous ferons quelque chose.

Vous pourriez faire l’album complet Colors II, peut-être avec un entracte au milieu, courant en musique classique.

Dan : Oh oui, j’aime beaucoup cette idée !

As-tu une nouvelle passion ou un centre d’intérêt très récent ?

Dan : J’adore cuisiner. Ce n’est pas nouveau, mais je suis végétalien depuis l’âge de quinze ans et j’essaie de recréer des recettes en ligne, ce qui peut être difficile. Ma vie se résume à écrire de la musique, à prendre soin de mes plantes, à courir et à cuisiner. (rires) Et regarder le baseball.

Un plaisir musical coupable ?

Dan : Question intéressante. (longue réflexion…) Je n’arrive pas à en trouver un. Le début des années 90 peut-être. C’est génial et cela sonne bien pour moi, mais peut-être pas pour les autres. (rires) Comme les Goo Goo Dolls (ndlr : il commence à chanter un de leurs morceaux) ! (rires) Mais ça sonne bien comparé à la musique “populaire” d’aujourd’hui.

Et enfin notre traditionnelle question : nous sommes RockUrLife, donc qu’est-ce qui rock ta life Dan ?

Dan : Je dirais la cuisine vietnamienne, je suis prêt ! (rires)

Site web : betweentheburiedandme.com

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