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BACKTRACK LANE [2/2] (10/01/12)

La semaine dernière, vous avez pu lire la première partie des délirantes confessions de Backtrack Lane. Pour la deuxième partie de cette interview exclusive, nos quatre adeptes du Do-It-Yourself se livrent sur le processus de création de leur premier album, leur attrait pour la performance scénique ainsi que sur leurs fantasmes les plus fous. En attendant de découvrir les titres de “Black Truth & White Lies” (bientôt disponibles sur le site officiel du groupe), découvrez la fin de cet échange rock n’roll.

Les paroles de “Black Truth & White Lies” sont écrites en anglais. Pourquoi ?

Raphaël Gatti (chant/basse) : Parce que tout ce que j’ai écouté depuis mon enfance, toutes les influences – c’était chanté en anglais. Pour moi le rock en général, et les sites apparentés au rock, sonnent en anglais et pas en français. Pour moi, le français, dans le rock, ça passe pas. Mais c’est pas pour autant que [je n’apprécie pas] Noir Désir. Il y a des morceaux de groupes français qui passent, mais globalement je trouve qu’il est beaucoup plus facile, pour la sonorité, d’écrire en anglais. Naturellement, je pense que l’anglais est la langue [adaptée à] ce style de musique. Le français, c’est beau pour la poésie, c’est beau pour la chanson française mais pour moi ça sonne pas pour le rock. Et je me sens pas à l’aise pour écrire en français, en fait.

En tant que chanteur, il n’est pas, déjà, difficile de chanter en français ? N’y a t-il pas autre chose en-dessous de cette problématique ? Chanter devant un public demande de dépasser une certaine pudeur. Chanter en français, dans une langue que l’on parle, est peut-être plus difficile. L’anglais, c’est peut-être un cache-sexe.

R : Je sais pas… Si tu me demandais de faire un guest avec un groupe et de chanter en français, je le ferais sans problème. Je ne me sentirais pas mal à l’aise. C’est juste que pour notre style, pour notre groupe, pour mon chant, je me sens pas de chanter en français. Maintenant, je chante, j’aime chanter. Si quelqu’un me proposait de chanter en français devant je-ne-sais combien de personnes, je le ferais avec le même plaisir. Mais PAS sur notre musique.

Stefan Gatti (guitare) : Et si l’on veut s’exporter, l’anglais, c’est bien.

R : Si je faisais de la pop, quelque chose de plus posé, genre de la guitare folk acoustique, du Renan Luce – (rires) – je pourrais écrire en français; et ça me paraîtrait beaucoup plus naturel que de chanter en anglais. Mais même pas, en fait : j’ai quelques potes avec lesquels je fais de la musique [en parallèle], de la folk – je joue de la guitare folk avec deux, trois potes – ben ce qu’on écrit, c’est des compos en anglais…

Adrien Crestey (guitare) : En sachant que Guillaume et moi, on a des origines irlandaises… donc, voilà… [Ca explique] peut-être [notre] attrait…

R : Pour la bière. La Guiness.

A : … au- delà de la bière peut-être, pas l’amour mais le goût pour la musique anglo-saxonne. […] On co-écrit certains passages – moi j’ai écrit un texte sur l’album. M’enfin bref. On s’est jamais posé la question : “on écrit en anglais ou en français ?”

S : Raphaël et moi on est franco-italien. Je vous laisse deviner pourquoi on a écrit en anglais plutôt qu’en italien… (rires)

Jane Birkin aime chanter français.

S : Jane Birkin n’a pas de voix. (rires)

 

De quoi parlent vos chansons ?

Guillaume O’Crest (batterie) : C’est la life, quoi.

R : Ca parle beaucoup de sentiments, de la vie en général, de réflexions…

S : Ca parle de putes et d’alcool.

R : Non, [ça n’évoque pas les clichés] du rock’n’roll. On n’est pas sectaire sur la composition et sur l’écriture. Chaque fois on propose, on montre et on retravaille autour. J’écris les textes et chacun donne son avis. Et puis je ne suis pas non plus bilingue en anglais, donc…

Quelle chanson as-tu écrite, Adrien ?

A : Cette chanson s’appelle “Some Memories Remain”. C’est une chanson sur une fille.

Techniquement, comment composez-vous vos morceaux ? Vous écrivez les paroles et construisez la musique autour…?

Tous : Non, c’est l’inverse.

R : Il m’arrive principalement d’écrire un texte. Adrien, qui a la plus grande part de composition dans le groupe, compose de son côté. Généralement, ça se passe comme ça. Il apporte son riff quand on est en répèt’, on apporte les lignes de batterie/basse dessus. On s’est toujours demandé si c’est comme ça que travaillent les autres groupes…

Les autres : Mais on s’en fout.

R : … Ouais, on s’en fout. Tout ça pour dire que : j’ai mon texte, j’essaie de le poser. Si ça passe : très bien. Si ça passe pas, j’essaie de le modifier. Sinon, il est arrivé beaucoup plus rarement de poser le chant en yaourt et de travailler autour.

A : On l’a fait sur “Hollywood Gonzo”, où j’ai apporté l’air de refrain. Pareil pour “Some Memories Remain” : je chantais en yaourt sur ma folk de merde et après j’ai écrit les paroles.

S : Ce qui est intéressant, c’est qu’on a tous notre mot à dire.

R : Quand on était en studio, David (ndlr : Coscas, de Fat Bros Prod) a joué le rôle de directeur artistique. Il nous a beaucoup aidé au niveau des arrangements, c’est un excellent musicien. Il est vraiment bon. Il nous a proposé des idées. […] C’est quelqu’un de très carré. Il nous a vraiment tiré vers le haut.

S : On l’a choisi pour ça […], parce que – il nous l’a clairement dit – c’est un gros chiant. […] En studio, il nous a proposé plein de choses auxquelles on n’aurait même pas pensé. […] On a [donné] le meilleur de chacun de nous, il a réussi à l’exploiter. […]

Vous aviez besoin de quelqu’un qui vous dirige vraiment.

Tous : Oui !

A : On a toujours eu la volonté de bosser avec quelqu’un qui nous recadre. C’est bien d’être autodidacte mais ça a aussi ses inconvénients.

G : On avait fait un EP,  “It’s Not Like…” mais [l’expérience] était différente.

S : C’est un enregistrement qu’on a fait en live. Mais c’est roots, c’est vraiment un son roots. Il n’y a pas d’artifice, pas de mix. C’est vraiment crade, authentique. Avec l’album, on voulait sonner moderne. Nous avons des influences modernes et des riffs qui sont très dansants, comme sur “Watch Out”. Les chants, c’est un parti pris et la batterie fait remuer en live…

 

“Remuer”… Est-ce que vous dansez sur scène ?

R : On a une chorégraphie. On est fou… (rires)

S : La scène, c’est vraiment notre truc. Le studio, c’est une super expérience, c’est super intéressant. Mais la scène nous permet d’extérioriser toutes les conneries qu’on dit, là. On les exploite par des mimiques.

Justement, en ce qui concerne la scène, vous avez fait quoi à part le Fallenfest ?

A : On a fait la Boule Noire, on a fait trois fois le Batofar…

S : Le Trabendo.

A : … On a fait la Scène Bastille […] On a fait de très belles scènes à Paris, et en Irlande aussi. C’est très cool de jouer à l’étranger. On a joué aussi en Picardie […] De janvier 2009 à aujourd’hui, on a fait trente-cinq scènes, trente-cinq salles.

G : Sachant qu’on était en étude ou en boulot.

Vous faîtes des reprises ?

Tous : OUAIS !

G : Dernièrement on a fait du Thin Lizzy.

R : Ouais, on a repris plusieurs fois, en concert, “The Boys Are Back In Town”. On a repris…

 

G : … “New York New York”…

R : … Ouais, “New York New York” de Sinatra.

G : C’est quand même bien groovy, une version un peu plus punk.

R : On a repris, il y a beaucoup plus longtemps, du Guns (ndlr : N’ Roses).

S : On fait aussi une reprise de [la musique de] Tetris, avec une rythmique à la Iron Maiden.

 

G : Plus en mode power metal.

S : On a plein de références, comme ça…

R : C’est vrai que, dans nos albums, il y a du Avril Lavigne…

S : Attends, tu rigoles mais “Bad Stories”, dans l’intro ou le premier couplet, c’est “Sk8er Boi” ! On s’est aussi inspiré de Cyndi Lauper sur “I Live Again”.

 

Au fait, ça veut dire quoi, “Backtrack Lane” ?

S : “Back Track”, c’est “rebrousser”; “Lane”, c’est une voie. Littéralement, Backtrack Lane, ça veut dire : “rebrousser chemin sur la voie”.

R : Ca représente l’idée que l’on se fait de notre musique : aller à contre-courant, faire un méli-mélo de toutes les idées. On voulait un truc qui nous représente aussi, et qui sonne bien, et qui rassemble nos influences.

G : J’ai envie de te dire : c’est une salade composée.

S : C’est une salade Caesar sans poulet : tout et son contraire !

 

Vous avez des idées de clip vidéo pour promouvoir votre album ?

Tous : Plein !

A : On a même notre chanson cul-te : “Hollywood Gonzo” qui clôture l’album. Elle dénonce l’industrie du porno. On a pensé à plein de pitches de clips pour cette chanson-là.

R : C’est une mise en abîme de l’industrie du porno. Pour dire : “putain, on aimerait bien en être !”

A : On prévoit une vidéo de “Diary” pour bientôt.

 

Votre actu ?

R : On travaille les morceaux pour les adapter au live. On bosse activement. On transpose les arrangements guitare et voix pour le live. En plus maintenant on chante tous !

G : Il y a quatre micros sur scène.

S : Pour l’EP, le son était roots […]. [Le travail en studio] nous a permis de produire le son qu’on voulait, les voix qu’on voulait.

A : On a même mis en ligne une vidéo du making-of de l’album sur notre site.

 

Vos prochaines dates ?

A : On va donner un concert au Batofar le 3 juin. On devrait bientôt poser d’autres dates.

Un dernier mot ?

Le groupe : Merci RockYourLife!

G : Lisez notre interview. Allez sur RockYourLife!

S : Si vous n’aimez pas ce qu’on fait musicalement, venez quand même nous voir en live parce qu’on s’éclate bien, ça danse bien…

A : Et le batteur se met torse nu.

G : Et on offre des sucettes. Et Raph se mettra peut-être tout nu.

 

R : Parfois, je me mets nu sous ma basse. Enfin, la basse devant moi, quoi, et la bite dans la prise jack.

A : Si c’était [une interview en]direct, les mecs auraient déjà zappé.

 

Découvrez ci-dessous “Watch Out”, second extrait de “Black Truth & White Lies”.

 

Site web : backtracklane.com