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BACKTRACK LANE [1/2] (10/01/12)

Le jour, Adrien, Guillaume, Raphaël et Stefan sont de gentils et volubiles garçons dans le vent. Mais quand vient la nuit, ils se transforment en bêtes de scènes au son rock, bluesy et électrique, et ne répondent qu’à l’énigmatique nom de Backtrack Lane. Révélé sur la scène du Fallenfest en 2009, Backtrack Lane a bouclé l’enregistrement de son premier album, élégamment nommé “Black Truth & White Lies”. Pour vous faire patienter avant sa sortie, et avant que vous ne goûtiez à leur fougue le 3 juin au Batofar, nous vous livrons en exclu le meilleur de nos 2h30 de discussion avec cette sympathique band of brothers de Courbevoie. Voici le premier volet de cette interview-feuilleton, entre considérations musicales et esthétiques, branlette intellectuelle et savante déconne.

Présentez-vous !

 

Guillaume O’Crest (batterie) : Moi, je suis Guillaume, je suis le batteur.

 

Ah, donc tu n’es pas musicien ? (rires)

 

G : Je suis pas musicien, je suis percussionniste et je chante un peu, je fais les choeurs. J’ai participé à la création [du groupe] en été 2008, même si je ne suis pas musicien… On me la fait souvent, cette blague. Et si tu veux savoir, j’ai d’abord une formation classique de piano.

 

Raphaël Gatti (chant/basse) : Tu sais que le piano est un instrument à percussions ?

 

G : Beaucoup de batteurs jouent aussi du piano, ouais. […] Et je bois de l’Affligem aussi. Je me suis mis à la batterie quand j’étais ado, vers 16-17 ans.

 

Vrai blond ou faux blond ?

 

G : Vrai blond !

 

R : Je m’appelle Raphaël et euh je suis le chanteur/bassiste de BACKTRACK LANE ! Je joue dans le groupe depuis le début, à la base en tant que bassiste. Mais comme on trouvait pas de chanteur, je m’y suis mis. C’est devenu naturel, c’est plus une contrainte.

 

Adrien Crestey (guitare) : Au début, il arrêtait pas de chialer.

 

R : Heureusement que je pouvais poser ma tête sur son épaule pour pleurer. En fait on a commencé à jouer ensemble, tous les quatre. Au moment où ça a commencé à devenir sérieux, on a cherché un chanteur. On en a auditionné plusieurs, on a fait des répètes, mais on n’a jamais trouvé [un] qui corresponde à ce qu’on voulait. Je sais plus trop comment c’est arrivé, mais du coup il y a eu deux trois répètes où j’ai commencé à chanter, et de fil en aiguille c’est moi qui suis resté.

 

G : On a eu un chanteur, et puis Raphaël est monté sur scène (en tant que chanteur) en janvier 2009.

 

Stefan Gatti (guitare) : Il a progressé au fil des répètes. C’était transitoire, mais à force de [le voir] faire l’intérim on s’est rendu compte que c’était sa place.

 

A : Et puis comme on se connaissait depuis longtemps et qu’on a commencé la musique ensemble, on savait ce qu’on voulait. On a une super complicité, ça a marché super vite. Raphaël savait exactement où on voulait aller. Je m’appelle Adrien, je suis le petit frère de Guillaume. Je suis guitariste. Je suis hyper chaud (ndlr : enthousiaste) sur ce groupe, sur cet album sur lequel on a bossé comme des malades. [Ca] représente deux ans et demi de maturation pour arriver à un résultat dont on est super fier – et je passe la parole à l’autre guitariste du groupe qui s’appelle Stefan !

 

S : Je suis guitariste rythmique de Backtrack Lane et je suis le plus âgé.

 

Comment vous-êtes-vous formés ?

 

S : En fait, tout a commencé à l’école. Guillaume et moi sommes les aînés, et les deux petits frères (ndlr : respectivement Adrien et Raphaël) sont venus se greffer après.

 

A : En plus on habite dans le même immeuble.

 

S : Au début, Guillaume et moi, on gratouillait des guitares acoustiques.

 

G : En fait j’ai commencé chanteur metal… mais acoustique. (rires)

 

S : On faisait du metal acoustique. On avait pas d’argent, on était au lycée. La mère de Guillaume (et Adrien) avait une guitare classique, et la nôtre avait une guitare classique également. On ne savait pas accorder, on ne savait pas jouer. On a commencé à jouer [instinctivement]. Guillaume s’est mis à la batterie mais il avait pas de matos donc il jouait avec des baguettes de diabolo. On faisait ça, le soir, dans l’appartement de ses parents. On était influencé par Korn, Slipknot, Enhancer… Alors Guillaume gueulait – mais en chuchotant. Après on a acheté du matos, on a arrêté quelques temps; et comme ça nous manquait, on a repris.

 

R : [Pendant le hiatus] Chacun a continué de jouer de son côté. On a quand même progressé.

 

Quelles sont vos influences ?

 

A : On écoute des tonnes de trucs.

 

R : On a plein d’influences différentes, on n’est pas focus sur un groupe ou un style en particulier. On n’est pas les groupies d’un groupe.

 

S : On écoute de tout.

 

G : En fait, [il s’agit plus de] villes [d’influences] : c’est Hollywood, Seattle avec les Foo Fighters, un petit peu l’Angleterre; toute la scène scandinave actuelle, un peu plus underground.

 

A : At The Drive-In et The Mars Volta pour la bordure mexicaine…

 

R : Le rock australien, avec AC/DC, Airbourne… Ca ne se ressent pas forcément dans notre musique. C’est des groupes live.

Raphaël, on t’a déjà comparé à Cedric Baxler-Zavala (ndlr : chanteur de At The Drive-In/The Mars Volta) ?

 

R : Non, jamais. Mais on m’a déjà comparé à Phil Lynott, on m’a comparé… à Hendrix – mais ça, je vois pas pourquoi. (rires)

 

Certes, vous avez plein d’influences différentes. Mais si vous deviez citer, par exemple, un groupe, une pochette de CD et un clip vidéo qui vous inspirent…?

 

R : Je pense à Hell n Diesel, c’est un groupe suédois, pas du tout connu, qui a fait un album puis splitté, et qui m’a beaucoup influencé. En pochette, je pense à “Rocket Ride”. Elle est dégueulasse ! La pochette est immonde ! Pour le clip vidéo, j’ai “Dreamin’ In A Casket” de Hardcore Superstar. J’adore aussi le gros plan aérien, là, d’un clip de The Darkness, “Love Is Only A Feeling”, sur la montagne. C’est super kitsch mais je trouve ça super joli.

 

S : Moi, je suis un gros, gros fan des Pokémons. (rires)

 

Tu as le droit, hein.

 

S : Moi, depuis le début, j’ai un groupe coup de coeur – même si je ne l’écoute pas en ce moment : c’est les Guns, les Guns’N’Roses. Je suis archi fan du jeu de Slash. C’est pas forcément original, mais bon.. La première fois que j’ai écouté les Guns, c’était “Appetite” (ndlr : For Destruction), ça a été une grosse claque dans ma gueule. Pour la pochette, très original : la toute première version de la pochette de “Appetite”, avant la croix. C’était un tableau de je-ne-sais-plus quel artiste (ndlr : Robert Williams). […] Et moi, c’est un truc qui m’a frappé parce que c’est choquant. Sinon, je sais pas… la pochette du dernier Steel Panther : tu as une nana avec deux boules à facettes au niveau des couilles, c’est marrant.
En clip vidéo, on en parlait l’autre jour […], celui de “You Are My High” de Demon VS Heartbreaker. C’est une idée qui me vient comme ça, c’est pas forcément le truc le plus stylé que j’aie vu.

 

A : En tant que gratteux, ben, ouais, j’aime les mecs, genre Jimi Hendrix, tu vois… Franchement, il y a tellement de trucs que j’écoute… J’aime bien les Foo Fighters.

 

Tu a aimé leur dernier album ?

 

A : Ouais, très cool. Je me suis vite lassé mais j’ai beaucoup aimé au début. J’aime beaucoup les Foo Fighters parce qu’ils ne se prennent pas au sérieux et font ce qu’ils veulent. Ils peuvent te faire un album moitié acoustique, moitié euh…

 

Par Foo Fighters, tu veux dire : DAVE GROHL ?

 

Tous : Ouaiiiiiiiiiiiiis !

 

A : J’adore le délire qui a entouré la sortie de leur dernier album : retourner à la vieille caméra, au VHS dégueu au moment de la HD (ndlr : clip vidéo de “White Limo”); faire la tournée des hangars bien ricains pour le “Garage Tour”… J’ai trouvé ça excellent : aller à contre-courant de ce qui est hype, faire un truc un peu roots. Toujours en ce qui concerne les groupes, ça va de Led Zep au dernier Korn avec Skrillex, j’ai trouvé ça très cool.

 

Vous allez avoir des problèmes avec les lecteurs…

 

A : Non, mais les mecs essaient de se moderniser. Le premier CD que j’aie acheté, c’était un CD de Rolling Stones, parce que dedans y avait la reprise de Bob Dylan, “Like A Rolling Stone”. Quand j’étais petit, j’adorais cette chanson. Et sinon, les clips de 30 Seconds To Mars…

 

R : Aaaah ouaiiiiiis, ils sont MORTEEEEEEEEELS.

 

A : Ils font des clips chanmé, surtout ceux du deuxième album.

 

G : Alors, mon groupe préféré – ils vont tous se marrer : Children Of Bodom. Moi je suis bien metal, et ça, c’est mon groupe culte, même si le dernier, je l’aime mieux que les deux précédents mais rien que pour le niveau de batterie, le niveau des solos, du synthé et tout… j’adore ce groupe. Je suis un grand fan. J’aime bien In Flames, “à l’ancienne”, genre “Colony”, “Clayman”, 95/2000. Tu vois, je préfère les derniers albums de Children que les derniers albums d’In Flames. Ce serait une pochette de Slipknot, la première où tu vois leurs gueules derrière les masques. Pour l’époque c’était tellement extraordinaire : neuf mecs sur scène avec des masques, des combinaisons…

 

Et ton clip vidéo préféré ?

 

G : C’est un clip de Backyard Babies, sur un fond blanc avec des ombres, tout ça sur ordinateur, avec un travail sur les ombres…

 

R : C’est “Fuck Off And Die”, c’est ça ?

 

G : …”Fuck Off And Die”, sur leur dernier album, juste avant qu’ils splittent, d’ailleurs. C’est un beau clip avec de beaux effets d’ombres.

 

A : C’est l’influence un peu punk du groupe.

Ca fait beaucoup d’influences différentes. On va entrer dans le vif du sujet. Pour l’instant on parle un petit peu de vous, on tourne autour du pot, mais… Il y a cet album.

 

Tous : Ouaiiiiiiiiis !

 

 

Vous avez parlé d’auto-production…?

 

A : Pour expliquer le contexte, l’histoire du groupe… Comme on l’a dit tout à l’heure, on s’est formé en 2009. Enfin on a fait notre premier concert en tant que Backtrack Lane en janvier 2009. On s’est inscrit à un tremplin qui s’appelle le Fallenfest, il s’est avéré qu’on a gagné le Fallenfest le 23 janvier 2010, à l’Elysée Montmartre ! C’était hyper fort pour nous de jouer à l’Elysée Montmartre, alors qu’on y était allé en tant que spectateur. On était comme des malades, avec des super sons, des super lights… On a eu le cul de gagner notre finale rock metal ET de gagner la saison complète. On s’est fait connaître comme ça. Suite à ça, on a enregistré notre album au studio Fat Bros, de Fat Bros Production, dirigé par David Coscas et Raphaël Carlier. Ce sont des mecs jeunes, mais qui font un boulot de malade. On a enregistré notre album cet été. On a commencé le 8 août pour les prises batterie. On a fini les solos et les prises chant le 8 décembre. On avait eu deux semaines en août pour faire intensivement la guitare rythmique. Le studio était booké, tout le monde a repris son taf à la rentrée, etc… C’était un peu compliqué donc ça s’est étalé sur le temps. Ca a traîné mais on a pris pas mal de recul sur ce qu’on faisait. On a beaucoup réfléchi sur la direction de mix et de mastering. Du coup on a fini le mastering et l’editing à la fin de l’année 2011. Tout est prêt depuis début janvier. On a la tracklist, l’album prêt, on a les masters, etc.

 

R : … La pochette…

 

A : Pour la pochette on a fait appel à une amie à moi qui a fait un très bel artwork, à un ami photographe qui a fait des photoshoots pour l’album. On a fait un package complet. “Black Truth & White Lies” est auto-produit du début à la fin.
En ce qui concerne l’artwork, on voulait travailler sur le contraste black/white, un truc un peu classique mais qui se retrouve à la fois dans notre musique et dans notre état d’esprit, dans les paroles. On voulait un truc sobre et classe en même temps.

 

S : Tout est une question de contraste : le nom du groupe, le nom de l’album, l’opposition noir/blanc.

 

Dans la deuxième partie de l’interview, vous en saurez plus sur le processus de composition des morceaux, les fantasmes secrets du groupe et leur actu.

En attendant, découvrez “Bad Stories”, premier extrait de “Black Truth & White Lies”.

 

Site web : backtracklane.com