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AMARANTHE (10/08/20)

amaranthe lineup band 2020
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Rares sont les groupes qui ont pu tourner en 2020. Amaranthe est l’un d’entre eux, avec l’énorme tournée européenne en première partie de Sabaton. Mais la pandémie a mis à mal leurs plans et ils ont malgré tout réussi à enregistrer un tout nouvel album “Manifest” !

Malgré l’épidémie, vous êtes venus faire de la promotion en personne pour votre nouvel album. Pourquoi était-ce si important alors que les outils tels que Skype et Zoom, par exemple, facilitent les choses.

Olof Mörck (guitare) : La majeure partie de la promotion se fera de cette manière. Mais nous avons fait très attention en choisissant les bons vols et j’ai également parlé de cette situation à mon médecin. Il m’a dit que de prendre l’avion n’est pas pire que de prendre le bus. Les gens vont, de toute façon, au travail tous les jours, en prenant les transports en commun. Les trains en Allemagne sont, par exemple, bondés. Je pense qu’il est toujours possible de se déplacer tant que l’on porte un masque et qu’on garde nos distances.

amaranthe manifest cover album

“Manifest” sortira en octobre, mais son enregistrement na pas été des plus simples. Cette expérience, en studio, loin de tout et dans ce contexte, a-t-elle apporté quelque chose de particulier à cet album et au groupe ?

Olof : C’était assez difficile au début, mais cela s’est normalisé ensuite. Quand vous enregistrez, il y a généralement un certain isolement. Avec le producteur, et peut-être tout au plus un autre membre du groupe. Et quand vous faites cela pendant deux mois et demi… à vrai dire nous l’avons déjà fait cinq fois. En fait, on peut même s’estimer heureux d’avoir entrepris ce projet à ce moment-là. Tout était déjà prévu.

Il en est de même avec la tournée de Sabaton, que nous avons pu terminer. Ensuite, nous avons composé l’album durant un mois, puis nous l’avons enregistré pendant dix semaines. Depuis, nous sommes restés isolés en Suède. L’annulation des festivals d’été était évidemment une chose décevante, mais je pense que le plus stressant était le fait que nous devions traverser la frontière danoise quarante minutes avant qu’elle ne ferme.

Viral” était-il un choix évident en tant que single et premier clip ? En mettant de côté “Do Or Die” avec Angela.

Olof : Oui, mais musicalement également. C’est un morceau plus classique d’Amaranthe, comparé à d’autres chansons de l’album. Je trouve qu’il représente parfaitement l’aspect sonore de l’album, avec cette sensibilité et du groove. Il a été composé tel un single parce qu’il est à la fois très simple, très lourd et explosif, ce qui, je pense, fonctionnera très bien en live. Le thème est évidemment lié à la chanson, ce qui la rend plus pertinente encore, pour nous en ce moment.


Chaque disque est une nouvelle étape pour un groupe. Comment situez-vous “Manifest”; est-ce un “Helix” (2018) amélioré ? Vous avez déclaré que c’était un album audacieux, dans quel sens ?

Olof : Je pense qu’il prend les bons risques tout en restant fidèle à notre signature musicale. Nous avons fait des choses assez nouvelles, comme avec “Archangel”, quelque chose que je n’aurais jamais imaginé faire auparavant, et nous avons aussi tourné un clip pour cette chanson, qui est très différent des autres. C’est pareil avec “Do Or Die”. La version de l’album est différente, avec des voix différentes mais la chanson a également été réenregistrée. Le concept de la vidéo était également différent de ce que l’on faisait auparavant.

Nous avons intégré de nouveaux éléments et je pense qu’il était important pour nous de rehausser un album d’Amaranthe avec la bonne dose de nouveautés.

Mis à part les samples/claviers, qui apportent beaucoup, il y a toujours beaucoup d’énergie, des rythmes dansants et des refrains accrocheurs. Est-ce une bonne définition pour une chanson d’Amaranthe ?

Olof : Je dirais que oui, absolument ! Le plus important est que même si c’est chargé en sons électroniques, ce doit malgré tout être une chanson puissante, cela reste heavy. C’est un peu comme du dubstep. C’était “sans guitares” mais le côté lourd était présent. Même si vous combinez le metal avec des éléments électroniques, il est possible, à mon avis, de le rendre aussi lourd qu’un album de metal.

Même en tant que groupe de metal, vous avez beaucoup d’influences et en intégrez beaucoup. Et voici “Boom!1” avec un chant plutôt rap. Quelle est l’expérience avec ce morceau ? Êtes-vous ouverts à toute expérimentation musicale ?

Olof : Fondamentalement oui. Je ne dirai pas que toute expérimentation musicale fonctionnera dans le contexte d’Amaranthe, je ne suis pas sûr que la musique country américaine convienne (rires) mais pour “Boom!1” c’était une expérience amusante. En prenant des rimes rap/hip hop et des growls, mon défi était d’écrire des paroles qui ont ce genre de rythme. C’était intéressant de chercher et de voir comment cela marche, c’est d’ailleurs essentiellement de la poésie. J’ai eu beaucoup de plaisir à faire cela.


Avez-vous déjà essayé quelque chose de nouveau sur une chanson, comme cette expérimentation, mais qui n’a jamais abouti sur un album ?

Olof : Pour chaque album, nous avons cinq à dix chansons que nous n’utilisons pas. Je me souviens que pour “Maximalism” (2016), nous avions un morceau avec une ambiance Hendrix, c’était une très belle composition mais elle ne collait pas du tout parce qu’elle n’avait pas l’énergie et la puissance adéquates.

C’est le deuxième album avec trois chanteurs. Était-il plus facile de créer pour trois voix différentes cette fois-ci ? Comment équilibrer les choses ? Peut-être est-ce plus naturel qu’un brainstorming poussé ?

Olof : Oui, certainement. Nils n’était pas dans le groupe depuis très longtemps lorsque nous avons écrit et enregistré “Helix” (2018). Nous connaissions son style et les phases où il brille avec sa voix. Elize a écrit la plupart des paroles, avec ma contribution bien sûr, nous étions très enthousiastes à l’idée que Nils occupe une place plus centrale dans l’album, qu’il soit présent à chaque refrain et que ses couplets soient aussi fréquents que ceux d’Elize par exemple.

Je pense que nous avons réussi à trouver un très bon équilibre. Quand il s’agit de choisir les différentes parties, ce n’est pas si simple. Je pense que cette fois-ci, nous avons essayé les deux pour la plupart des parties. Parce que si Elize chante une ligne qui sonne presque pop, alors il est facile de penser que cela ne correspond pas à Elize mais lorsque Nils la chante, cela ressemble à du David Coverdale de la belle époque. Il était donc important d’essayer ces différents aspects et en raison de l’isolement, nous avions tout le temps nécessaire pour travailler sur l’album.

Quels sont les apports de Henrik et Nils dans le processus touchant aux voix ?

Olof : Nous avons toujours des échanges. Nous leur envoyons les démos et nous avons leurs opinions et leurs suggestions. Il est important pour tout groupe que tous les membres du groupe soient sur la même longueur d’onde. Elize et moi n’avons aucun intérêt à être des dictateurs. Par exemple, quand j’ai écrit les paroles de “Boom!1”, Henrik est venu avec ses suggestions, c’est toujours bon d’avoir ce sens de la collaboration.

Avec la pandémie, presque toutes les tournées ont été reportées ou annulées, mais une fois que les choses vont redémarrer dans cette industrie, ne penses-tu pas que le fait que tout le monde veuille tourner va créer certains problèmes ? Comment cela affecte-t-il vos projets ?

Olof : C’est une question vraiment intéressante. Comme tu l’as dit, je pense que le marché sera plus que saturé avec trop de concerts. Mais nous ne nous en inquiétons pas trop. Si cela ne se passe pas parfaitement au début, tant que l’on peut jouer, alors nous les jouerons. Mais il y aura beaucoup de concurrence pour louer les salles. Il pourrait être difficile pour les petits groupes de planifier à très long terme ou même de jouer. Les plus grands groupes vont tout dévorer parce que tout le monde s’y prépare maintenant, comme tu peux le voir. Mais je pense aussi que ce sera peut-être devant un public plus large encore. Le manque se fait ressentir auprès de beaucoup qu’ils pourraient en fait assister à une tonne de concerts. Voyons ce qui se passera, mais notre philosophie est que dès que nous pourrons jouer sur scène, nous le ferons.

Envisagez-vous de vous produire et de diffuser le show en ligne ? Est-ce quelque chose que vous avez envie de faire ?

Olof : Oui, bien sûr. Je veux dire que c’est vraiment différent et que je préférerais jouer live devant du public, mais c’est quand même un bon moyen de se réunir en tant que groupe et de faire de nouvelles choses. Et aussi de communiquer avec notre public. C’est évidemment quelque chose qui va se faire plus tard. Nous attendons de voir sous quelle forme cela prendra vie, mais se tenir sur une scène sans public et prétendre jouer un show en direct, cela peut marcher pour certains groupes, mais pour nous, c’est peut-être un peu étrange. Nous le ferons soit devant une petite audience en Suède, soit nous ferons des séquences en studio, ce sera plus naturel.

Même si l’absence de tournée est un énorme coup dur pour Amaranthe et tous les groupes, as-tu profité de cette situation pour faire autre chose que l’enregistrement ?

Olof : C’est effectivement l’idée. Nous avons terminé l’enregistrement fin mai, puis nous avons fait les tournages vidéo, les séances photo, la première phase de promotion avec la session d’écoute tout en planifiant pour l’année prochaine. Pour être honnête, nous avons été assez occupés. Mais une fois arrivé à l’automne, cela va se calmer et j’aimerais travailler sur quelques idées, si j’ai le temps pour cela.

Avec quelques personnes du milieu, nous commençons un projet parallèle qui ne sera qu’un projet live et qui est composé de cinq membres des plus grands groupes de metal européens. J’espère que nous allons travailler sur ce projet maintenant. Je ne peux rien en dire pour l’instant, mais ce sera génial !

En dehors de la musique, j’aime peindre à l’huile, cuisiner des plats français et italiens et si nous pouvions voyager maintenant, je voyagerais aussi. J’aime aussi lire des livres parce qu’il est difficile de lire en tournée, car c’est bruyant et stressant. J’ai lu une dizaine de livres au cours du dernier mois. J’en suis très heureux ! (rires)

Enfin, nous sommes “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rock Olof de Amaranthe ?

Olof : Ma femme ! Je viens aussi d’avoir un nouveau chiot la semaine dernière que je n’ai pas encore rencontré, car je voyage pour la promo. Je pense donc que ce petit chiot va bouleverser mon monde ! (rires)

Site web : amaranthe.se