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ALLUSINLOVE (22/03/19)

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Quatuor phare de la scène punk britannique, Allus a délaissé les “drugs” pour le “love” mais il sert toujours un rock de premier ordre. RockUrLife les a rencontrés à l’occasion de la sortie de l’excellent “It’s OK To Talk”.

Y a-t-il une question à laquelle vous souhaiteriez répondre, mais qu’on ne vous a pas encore posée ?

Jason Moules (chant) : On adore faire des interviews, mais on n’y pense pas très souvent.

Andrej Pavlovic (guitare) : Moi non plus. J’aime plutôt être surpris.

Du coup, quelle est la question la plus surprenante qu’on vous ait posée ?

Jemal Beau Malki (basse) : La question la plus surprenante qu’on m’ait posée était bizarrement à propos de mon jeu ! Personne ne m’avait jamais interrogé à ce sujet, donc ça m’a un peu pris au dépourvu et j’ai du inventer des trucs.

Avez-vous l’impression d’être un nouveau groupe depuis que vous avez changé de nom ?

Jemal : Totalement.

Jason : C’est un peu comme si on était ensemble depuis quatre mois, mais qu’on agissait comme un groupe ensemble depuis sept ans. Si vous embauchez les meilleurs musiciens, ils devraient pouvoir bien jouer ensemble. Mais s’ils ne se connaissent pas ça ne marchera pas. Il n’y a rien de mieux qu’être un groupe. On s’écoute en permanence : Si Connor jouait un rythme différent sur scène, Jemal suivrait avec une nouvelle ligne de basse et j’improviserais aussi. Donc.

Andrej: On est plus en confiance maintenant, surtout sur scène.

Jemal: On a appris de nos erreurs !

Comment travaillez-vous ?

Jason : Ça dépend. Ça peut être spontané – un de nous lance une idée en répétitions, et on travaille sur une chanson – ou ça peut être un concept que je développe dans mon coin avant que ça sorte. Ça change tout le temps. Le dernier morceau qu’on a écrit tous ensemble s’appelle “Full Circle” et il se trouve sur notre album. Il nous est venu peut-être une semaine avant qu’on boucle l’album, et a semblé évident. Jemal a écrit le deuxième couplet, et j’ai enregistré la démo. Ça collait parfaitement !

Des heureux accidents se sont-ils produits ?

Jemal : Avec le temps qu’on a passé en répétitions, c’était obligé. Ça s’est même produit sur scène : on a improvisé après avoir fait une erreur parce qu’on s’est rendu compte que ça sonnait mieux ! Notre processus créatif est en constante évolution. On retravaille si souvent nos chansons que quand on écoute les versions originales aujourd’hui, on se demande qu’est-ce que qui a bien pu se passer ?

Est-ce pour ça que vous avez sorti des enregistrements live avant de vous concentrer sur un album studio ?

Andrej : Aujourd’hui ça fait sens, mais ce n’était pas prévu. C’était une idée de notre label. On a d’abord travaillé sur notre album studio, puis on a fait une résidence à Leeds et c’est là qu’ils nous ont enregistré.

Pensez-vous que vous retravaillerez sur vos chansons avant la sortie de l’album ?

Andrej : Probablement. On fait ça souvent. On a même enregistré six différentes versions d’une de nos chansons. Cinq d’entre elles sont déjà sorties, et quatre n’ont pas la même tonalité !

Vous inquiétez-vous que votre ancienne fanbase ne vous suive pas dans cette nouvelle aventure ?

Connor Fisher-Atack (batterie) : On respecte le fait qu’ils puissent vouloir arrêter de nous écouter, ça nous va.

Jason : Si quelqu’un décide qu’il n’aime pas notre musique, je suis sûr qu’il trouvera son bonheur ailleurs. Mais on veut faire la musique qui nous plaît.

Connor : C’est évident qu’on veut que nos anciens fans nous suivent, et la plupart d’entre eux sont au rendez-vous. Quand on est remonté sur scène, c’était très stressant parce que je ne savais pas si nos nouvelles chansons plairaient. Mais ça a été le cas et on a vu des nouveaux et des anciens fans chanter en choeur des chansons qui étaient à peine sorties !

Jemal : On ne fait jamais marche arrière avec une fanbase. On ne se retrouvera jamais avec moins de fans qu’on pourrait en gagner. Le nombre de personnes qui aimaient nos chansons grunge et qui sont maintenant fans de nos chansons plus douces est surprenant. Mais les gens mûrissent. Notre groupe a mûrit ! On est devenu de meilleurs musiciens et notre public a grandi, donc s’ils sont suffisamment investis ils suivront ce qu’on fait parce qu’ils sauront que ça part d’une bonne intention.

Avez-vous déjà rencontré des fans qui ne savaient pas qui vous étiez avant ?

Jason : On était un peu connu au Royaume-Uni parce qu’on avait fait pas mal de concerts. Donc même les gens qui ne nous aimaient pas nous connaissaient !

Jemal : C’est assez drôle de voir le nombre de personnes qui ne réalise pas qu’on est le même groupe. Il y en a qui viennent nous voir après des concerts et nous parle de notre “ancien groupe”. (rires) Le nom est quasi le même, mais ils n’ont pas percuté.

Pourquoi êtes-vous demeurés silencieux pendant près de deux ans ?

Jason : Je parlais trop ! Il était simplement temps qu’on décide ce qu’on voulait faire. On ne donnait peut-être pas de concert, mais on répétait constamment. On travaillait cinq jours par semaine avant d’enregistrer l’album, donc on savait que ça arrivait. Je ne crois pas que ça soit bon de dire aux fans que quelque chose se prépare et qu’ils doivent attendre. Ils savaient qu’on n’avait pas disparu.

Jemal : On voulait recommencer sur de nouvelles bases, donc on a dû retirer tous les contenus qui ne nous représentaient pas ou qui auraient pu perturber les gens quand on sortirait nos nouveaux morceaux. Ce genre de chose prend du temps, mais on n’y pense pas trop quand on est musicien; on veut juste jouer.

C’était donc positif ?

Jemal : Oh bien sûr ! On allait toujours se remettre à jouer; rien n’allait nous empêcher de remonter sur scène.

Jason : On a bien perdu notre autre guitariste. Plusieurs de nos anciennes chansons étaient ses compositions, et pendant qu’il était dans le groupe, il soulignait toujours qu’on jouait sa musique. Ça nous a permis de réaliser qu’on est une équipe et qu’il n’y a pas de “je” dans “équipe” !

Quel est votre objectif en tant que groupe ?

Jason : On va vendre dix millions d’albums en deux ou trois ans. On va aussi se séparer et se remettre ensemble plusieurs fois en un seul jour.

Jemal : Puis faire une tournée d’adieux et un comeback, et ça avant la fin de l’été.

Jason : On veut seulement jouer de la musique aussi souvent qu’on peut, parce que c’est une vie qui mérite d’être vécue. Si je ne chantais pas dans ce groupe, je serai probablement sans emploi ou sur je ne sais quel canapé. Allusinlove c’est tout pour nous ! On veut simplement jouer sur de grandes scènes, remplir Wembley, se produire dans autant de pays qu’on peut et rencontrer le plus de gens possibles. Pour être honnête, je pense qu’on a enregistré un super album et les gens avec qui on l’a fait ce sont de telles légendes ! On a tellement de la chance d’avoir travaillé avec eux qu’on ne peut que se dépasser à l’avenir.

Les producteurs avec lesquels vous avez travaillé [Catherine Marks et Alan Moulder] sont assurément des légendes. Ils ont dû vous donner de précieux conseils ?

Connor : Quand ils nous suggéraient des choses, on savait que c’était pour le mieux. Ils ont essayé de rendre notre musique la meilleure possible. Ils ont essayé de nous rendre meilleurs. C’était très inspirant !

Jemal : Ce qui était le plus fou à leur sujet c’était leur plaisir de travailler sur quelque chose qu’on avait fait. Quand on pense aux artistes avec lesquels ils ont collaboré et qu’on les voit nous écouter et être influencé par ce qu’on fait, ça signifie beaucoup. C’était super qu’on puisse les inspirer à rendre notre son meilleur, et leur passion était contagieuse.

Vous ne pouvez que sortir un bon premier album avec l’expérience que vous avez !

Jason : On voulait enregistrer un classique, et on espère qu’il sera considéré comme tel dans dix ou vingt ans. Quitte à se lancer dans une entreprise, autant être excellent. A quoi ça sert d’enregistrer un album moyen ou de faire un concert banal ? On veut être exceptionnel ! On a peut-être commencé à jouer dans des pubs et des entrepôts, mais on a toujours su qu’on voulait enregistrer un album avec de grands producteurs. C’était plus une question de quand ça se passerait, plutôt que si ça se passerait.

Pensez-vous qu’il est possible de sortir un classique en 2019 ?

Jemal : Bien sûr !

Jason : Seul le temps le dira. Pas mal d’albums à la fin des années 90 et pendant les années 2000 sont en train de devenir des classiques.

Il est écrit dans l’un de vos communiqués de presse que “It’s OK To Talk” prouve que “le rock n’est pas mort”. Pensez-vous qu’il faille le prouver ?

Jason : On dit ça tous les trois ans, mais le rock ne meurt jamais. Il ne peut pas mourir !

Andrej : Il sera mort dans quatre-cent ans, quand les gens ne se souviendront plus qui sont Jimi Hendrix ou The Rolling Stones.

Jason : …Mais il en sera de même pour Dr Dre et Tupac !

Andrej : Dire que le rock est mort, c’est comme dire que la musique classique est morte.

Jemal : Il y a beaucoup de bons groupes de rock, mais ça dépend de qui les met dans la lumière. Si vous êtes bon, vous allez inévitablement attirer l’attention et les gens vous connaîtront qu’ils le veulent ou non.

Pour finir, notre site s’appelle “RockUrLife”, alors qu’est-ce qui rock votre life ?

Jason : J’aime assez les burgers et la bière !

Jemal : Quand je me réveille et que je respire toujours, c’est plutôt pas mal. On ne sait jamais !

Site web : facebook.com/allusinlove.x