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AIRBOURNE (13/09/19)

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Ça y est la machine de guerre rock n’rollesque venue d’Australie est prête à retourner les salles et les festivals du monde entier. Airbourne présente “Boneshaker”, accrochez-vous bien !

Hello Joel ! Votre nouvel album va sortir alors que vous serez déjà sur les routes européennes. N’est-ce pas un peu curieux ?

Joel O’Keeffe (chant/guitare) : Ça nous est déjà arrivé par le passé. Je pense même que ça a toujours été le cas. On n’attend jamais vraiment que l’album sorte pour partir en tournée. On a simplement envie de jouer sur scène. D’ailleurs on a commencé à jouer le premier single avant même qu’il soit disponible. Il était sur YouTube déjà. On peut trouver ça curieux mais bon, que faire ?

Tout d’abord quid de ce titre : “Boneshaker”. Pourquoi ne pas avoir choisi “Bonecrusher” par exemple, qui correspond plus à l’énergie que dégage votre musique.

Joel : A vrai dire, tout est parti du titre portant le même nom. On était en pleine phase de mixage et on a beaucoup aimé la vibe qui ressortait de ce titre en particulier. “Boneshaker” a été le premier titre qu’on a enregistré d’ailleurs. Lorsqu’on a écouté au mix, il représentait parfaitement tous les éléments qu’on a souhaité mettre en avant dans cet album. Par la suite, lorsque nous devions déterminer un titre pour le disque, c’était le premier sur la liste et ça nous a paru logique de le choisir.


Vous êtes partis à Nashville et avaient collaboré avec Dave Cobb. Était-ce votre choix numéro un ?

Joel : Il était notre premier choix oui. Ça faisait un moment qu’on souhaitait bosser avec Dave. Lorsqu’on s’est appelé, on a évoqué les albums de classic rock allant du milieu à la fin des années 70. AC/DC, Led Zeppelin, Black Sabbath, tous ces artistes-là. “Il faut mettre de côté tout outil numérique et utiliser des bandes, s’installer dans une salle et rocker” “C’est parti ! Faisons ça !”.

Mais pourquoi lui en particulier ?

Joel : Il est vrai qu’il n’a pas produit beaucoup d’albums de rock, mais il nous a clairement dit qu’il adorait le rock n’roll. Avant de se parler, on savait qu’il avait produit un groupe qui s’appelle Black Robot, qu’ils ont fait ce morceau “Badass” mais également la reprise de “Cocaïne” de JJ Cale. En écoutant les sons des guitares et de la voix, c’est exactement ce qu’il nous fallait et ce qu’on souhaitait.

Vous avez enregistré en analogique donc. On peut d’ailleurs l’entendre, il y a du souffle et de petits bruits ici et là. Était-ce aussi une volonté de rendre votre son plus authentique ?

Joel : Pour chacun des titres, on faisait une première prise, avec tout le groupe en même temps. Ensuite, si besoin, on en faisait une seconde et une troisième. A partir de ces prises, Cobb nous disait : “j’aime beaucoup la seconde prise, c’est là où est l’énergie, mais il faut refaire le solo, donc on va continuer les prises”. Ensuite, il va déterminer que la troisième piste a le meilleur solo, donc on va couper la bande et la superposer à la prise initiale. On n’a pas vraiment fait attention aux petits bruits, comme tu dis. Ces choses-là disparaissent quand tu bosses en numérique. Mais nous n’avions pas l’idée que ce soit “meilleur” en gardant ces imperfections. D’ailleurs je découvre toujours, aujourd’hui, de nouvelles choses quand j’écoute l’album. Des bruits, des rires.

Par le passé, Dave a déclaré : “La voix est l’élément principal. C’est au travers de celle-ci que les gens vont s’identifier et se projeter, le chanteur est la clé”. A-t-il eu une nouvelle approche, de nouveaux conseils, en ce qui concerne ton chant ? Quelque chose de différent comparé à tout ce que tu as déjà fait.

Joel : Absolument. A vrai dire, il a surtout cherché à m’installer dans cette vibe. C’est presque un magicien, il me disait juste : “Allez on va le faire mec !”. De plus, au lieu d’être isolé dans une cabine, avec un casque sur la tête, il a simplement monter le volume des enceintes, pour que je sois plus à l’aise. Je n’avais jamais fait ça auparavant, ou du moins personne ne m’a autorisé à le faire. “On va le faire comme ça, comme Queen”. Donc on a installé un micro dans la régie, on a monté le son et point. On a parfois fait plusieurs prises, parfois non. Ou bien on a retravaillé certains passages comme les refrains. C’était aussi simple que ça.

Sens-tu néanmoins que cette manière de faire a eu un impact sur ta performance ?

Joel : Oui. En tant que chanteur, c’est parfois difficile et bizarre d’entendre sa propre voix. Mais j’ai senti et remarqué ce qu’il a essayé de faire, et ce qu’il a fait au final. Il y a plus de caractère, plus d’honnêteté. D’ailleurs, on n’a doublé aucune partie. Avant je doublais sans cesse mes lignes de chant. Cette fois-ci, ce n’est pas le cas.

Le premier single sorti est “Boneshaker”. Pourquoi ce titre et de quoi parle-t-il ?

Joel : De sexe ! Ça ne parle que de ça ! (rires) Le faire au bon endroit, au bon moment. Y aller franco, ne pas s’éterniser. “Boneshaker” c’est ça ! (rires)

Donc pareil avec “Backseat Boogie”. Le refrain est super prenant !

Joel : Oui pareil, mais à l’arrière d’une voiture. (rires)

Mais côté paroles, t’arrive-t-il d’y réfléchir de trop ?

Joel : Non et c’est ce qui est plaisant. On se base toujours sur la réalité, des souvenirs et des expériences personnelles. Il y a d’ailleurs une ligne dans ce titre qui dit : “au sommet de la colline, surplombant les lumières de la ville”. Ça me fait toujours penser à Warrnambool, d’où nous sommes originaires, du haut de Cannon Hill, bien qu’on ne voit pas tout à fait toutes les lumières de la ville, c’est toujours un beau spot, surtout si tu y vas avec une nana. Donc oui. (rires) Tu utilises tes souvenirs et les fait revivre au travers d’une chanson. Il a aussi cette autre ligne où je dis : “cheap bottle of wine” et ça fait directement référence au premier album. On trouve le procédé très fun, un peu à l’image d’Iron Maiden, qui le fait beaucoup également.

Comment associes-tu la musique et les paroles ?

Joel : C’est avant tout l’ambiance et ce qu’elle fait ressentir. Pour “Backseat Boogie” on se disait : “ce riff me donne l’impression de conduire vers Warrnambool, direction Cannon Hill, avec une nana à mes côtés” et ensuite tu poses tout noir sur blanc.

Le processus est toujours le même ? Les riffs en premier, les textes ensuite ?

Joel : En effet, c’est généralement le riff avant. Mais lorsque nous sommes en tournée, j’écris parfois des idées, des thématiques dans un cahier ou sur mon téléphone. Et lorsqu’on est en studio, je les survole et si je trouve quelque chose d’intéressant, alors je construis mon morceau à partir de ce premier brouillon.

Quid de “Switchblade Angel” ? Qui est la plus courte et l’une des plus rapides de l’album.

Joel : Celle-là, on l’a faite en une prise, c’est pourquoi elle est aussi courte. J’y aborde l’autonomisation des femmes. Si tu leur cherches des emmerdes, elles n’hésiteront pas à te planter. Lorsque l’affaire Weinstein a éclatée… Si jamais tu tombes sur la mauvaise personne, elle pourrait te planter et c’en est fini pour toi.

A l’opposé, “Weapon Of War” est le plus long titre de l’album et le plus posé. La thématique semble plus sérieuse ici aussi. On est loin de rock n’roll, des femmes et des soirées arrosées.

Joel : En effet, ça évoque le stress post traumatique des militaires, une fois de retour à la maison, après avoir vu et vécu d’horribles choses. A peine rentré, ils sont étrangement mal considérés dans leur propre pays. Cet aspect-là y est tout comme les tensions nucléaires. On était en Australie quand les deux Corée se sont chauffées. Ça devenait assez grave et les journaux, chez nous, sortaient régulièrement des titres comme “C’est pour aujourd’hui ?”. Ces deux idées y sont abordées dans ce titre. Le riff s’y prêtait très bien.

Mais as-tu le désir et l’envie de traiter d’autres sujets, plus sérieux, que simplement : “sex, drugs and rock n’roll” ?

Joel : Oui, là, tout s’y prêtait parfaitement. A l’angle de la rue du studio, à Nashville, il y avait ce sans-abris. On marchait quinze minutes depuis l’hôtel, et lui était là. Il vendait des magazines. A Nashville, les sans-abris sont employés pour divers boulots dont celui de vendre le journal local, toutes les deux semaines. Donc les mercredi, je lui achetais un journal et je retournais au studio. Un jour, je tombe sur une double page sur le stress post traumatique touchant les soldats et la manière qu’ils ont de la gérer.

Les Etats-Unis devraient faire tellement plus pour eux. C’est pareil en Australie, c’est pareil partout en fait. Donc cette double-page a fait écho à un riff et on est allé dans cette direction. De plus, Dave évoquait souvent la Guerre Froide et les exercices que faisaient les élèves en classe, de se cacher sous les bureaux en cas d’attaques nucléaires. On évoque les deux au travers de ce morceau.

C’était la première en studio, à vos côtés, pour Harri. Comment était-ce ? Quel fut son apport pour cet album ?

Joel : Tout d’abord, il était très enthousiaste. Avant même qu’il intègre le groupe, on se connaissait depuis plus de dix ans. On a grandi en écoutant les mêmes groupes, on parlait des mêmes albums. Donc lorsqu’on a abordé les nouveaux morceaux, de base nous avons les mêmes influences. Il n’y a donc pas eu de réelle difficulté, c’était même un atout. Il n’y avait rien à lui expliquer, il n’y avait pas à lui définir la “Airbourne touch”, parce qu’il connait parfaitement le rock n’roll australien. De plus à son arrivée, nous avons tout de même passé plus d’un an sur les routes ensemble. Ça a forcément aidé pour le processus de l’album aussi. Il a également un bon sens de l’humour, donc tout va bien !

Les fans attendent du nouvel album d’Airbourne d’être un autre “album d’Airbourne”. Mais que peuvent-ils attendre de “Boneshaker” ? Des nouveautés, des surprises ?

Joel : Si vous avez appréciez nos albums jusqu’à maintenant, alors vous allez adorer celui-ci ! C’est très brut. D’ailleurs, ce qui en surprendra beaucoup c’est le fait d’être allé à l’essentiel. Il y a certes quelques bruits et même des erreurs. Des choses qu’on aurait pu corriger auparavant. Mais justement, c’est vivant et tout y est.

Comment définirais-tu un bon morceau de rock n’roll ?

Joel : Un morceau qui me donnerait envie de lever mon poing et d’oublier tout ce qui m’entoure. Tu es dans ton monde et tu profites du moment.

C’est le quarantième anniversaire de “Highway To Hell”. Que représente cet album pour toi ?

Joel : J’adore “Shot Down In Flames”, c’est sans doute l’un de mes titres préférés d’AC/DC. Mais cet anniversaire fait également écho au dernier album de Bon Scott, le premier avec Mutt Lange (producteur). Et avant cet album, Mutt n’avait fait que des albums de country.

En faisant cet album, Cobb avait collaboré avec Rival Sons, mais il n’avait jamais produit un groupe comme le notre. D’une certaine façon, on peut dire qu’il a été Mutt pour “Boneshaker”. Un grand producteur de country, nous, un curieux alignement des astres.

Personnellement, “Highway To Hell” (1979) est un album synonyme de liberté.

Tu es le frontman : tu chantes, tu joues, tu sautes, tu grimpes, tu éclates des bières, tu vas dans la foule. Pourquoi et comment es-tu devenu un performeur tel que décrit ? Qui t’as influencé ?

Joel : J’ai récemment appris que j’avais le TDAH (ndlr : trouble de déficit de l’attention / hyperactivité) ce qui explique en partie cela. Etant jeune, je ne savais pas que j’étais hyperactif mais ça explique maintenant pourquoi je ne prêtais attention à rien en classe, que j’avais toujours la bougeotte. J’imagine, qu’à chaque fois, j’ai toujours voulu faire quelque chose de nouveau, tout simplement.

En grandissant, j’ai regardé les DVDs d’AC/DC et Iron Maiden avec Bruce Dickinson qui courait partout sur scène. Mais il y avait aussi Evel Knievel, un cascadeur. Je voulais devenir cascadeur en fait, mais je voulais aussi jouer de la guitare. De plus, j’adore les films d’action, et l’association de tout cela a fait qui je suis aujourd’hui.

Tyler Bryant & The Shakedown vont vous rejoindre pour les dates anglaises et quelques dates en Allemagne. Que penses-tu de leur musique ?

Joel : J’adore, ils sont si talentueux ! Ils ont une vraie vibe et nos fans vont avoir droit à une superbe soirée de rock n’roll. J’ai hâte de les voir sur scène, ils ont l’air géniaux.

Il y a trois ans, on a posé une question à Ryan. On va donc te la poser également : n’est-il parfois pas difficile de bosser avec son frère ? Quelle est ta réponse ? (rires)

Joel : Oh tu sais, il y aura toujours des disputes entre nous, mais sachant qu’on est lié par le sang, ça nous rend plus fort et plus soudé. Le noyau du groupe est robuste. Il peut parfois y avoir des moments de turbulence autour du groupe, mais lorsque tu sais que ton frère est là aussi, ça deviendra vite personnel en fait. Et c’est bien différent. Nous sommes tous frères dans ce groupe, avec Harri et Justin aussi; et c’est très bien ainsi.

Enfin, nous sommes “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rock la life de Joel O’Keeffe d’Airbourne ?

Joel : De toute évidence le rock n’roll. (rires) Tels que AC/DC, Motörhead et Iron Maiden. Je pourrais continuer la liste d’ailleurs. (montrant une veste portée par Hendrix) Lui aussi d’ailleurs ! J’aimerais bien porter cette veste, ça pourrait être bien cool ! (rires) Autrement j’adore les films d’action, Claire ma fiancée et Rosalie mon chien. (rires)

Airbourne était à Paris pour une double date à la Cigale, retour sur le concert du 19 octobre à lire ici !

Site web : airbournerock.com