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6:33 (08/10/21)

Le groupe français 6:33 était de passage au Hard Rock Café de Paris pour présenter son nouvel album Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome. Nicolas Pascal et Emmanuel Rousseau se sont prêtés au jeu de l’interview pour RockUrLife.

D’habitude les journées promo se font avant la sortie de l’album, le votre est déjà sorti, comment sont les retours ?

Nicolas Pascal “Nicko” (guitares/claviers/chant/mise en scène) : Les personnes avec qui on en parle ont déjà écouté l’album, donc il y a un vrai échange.

Emmanuel Rousseau : Les premières critiques sont excellentes, on est ravis. On a eu plein de personnes au téléphone ou en visu aujourd’hui et on sent que les gens sont intéressés. Cela crée des échanges plus intéressants que “cela fait combien de temps que vous jouez ensemble?”

Pourtant le “cela fait combien de temps” a son importance, vous avez dépassé les dix ans de carrière, c’est un cap symbolique.

Nicolas : Dix ans cela fait mal. 

Emmanuel : C’est vrai que cela fait mal, mais je me raccroche au fait que l’on sort d’une période compliquée et que les gens sont vraiment enthousiastes avec cet album.

A quel point cette période a influencé l’écriture de cet album ? Les morceaux ont été composés avant ou était-ce un parti pris de sortir quelque chose plein d’énergie pour compenser la morosité ambiante ?

Nicolas : L’album a été fini avant la pandémie mais je trouve que beaucoup de morceaux entrent en résonance avec la situation que l’on a connue pendant la pandémie. L’album se passe dans un dôme, donc il y a cet esprit d’enfermement. Dans le morceau “Party Inc” on a l’impression que l’on a empêché les gens de de de s’amuser et de faire la fête pendant deux ans. Et je trouve qu’en écoutant ce morceau, il y a ce côté “laissez-nous faire la fête et on va s’amuser jusqu’à en crever“.

Emmanuel : Il y ce côté déconfinement à l’anglaise. 

Pour chacun de vos albums on retrouve une forte identité visuelle, très cohérente avec le thème de l’album. D’où partent les idées originelles ? Est-ce que ce sont d’abord des images, des ambiances ou tout autre chose ?

Nicolas : Pour cet album on savait qu’on voulait un album Madeleine de Proust. On voulait lui donner une certaine couleur qui fait écho à ce qu’on aimait quand on était gamins. Ce côté très 80’s. On a utilisé beaucoup de synthé et une vieille boîte à rythme. Même l’artwork rappelle la pop culture et ce qu’on écoutait dans les années 80.


Ce retour aux années 80 est plébiscité par différents groupes de musique actuellement, de Muse à Carpenter Brut. D’après vous, pourquoi est-ce que maintenant tout le monde revient vers cette époque là ?

Nicolas : C’est vrai qu’il y a une grosse nostalgie actuellement et qui se retrouve aussi bien dans les films que dans la musique.

Emmanuel : Je pense que c’est générationnel, peut-être que dans vingt ans ce sera le grand retour d’Alizée et compagnie.

Nicolas : Je pense qu’il y a vraiment un truc cyclique qui se déplace et pour nous jeunes quarantenaires cela correspond à une époque où on a commencé à s’intéresser à la musique, donc cela nous touche forcément.

Emmanuel : Les synthés, il y a huit ou neuf ans c’était complétement ringard et aujourd’hui on en met partout. Et plus c’est kitsch mieux c’est.

On a aussi l’impression que le regard que l’on porte actuellement sur les années 80 est très positif. On voit cette période comme un espace où tout était possible avec un côté pétillant. Une période où il était possible de s’habiller avec des leggings rose fluo et être complètement libéré et avec peu de conflits.

Emmanuel : C’est vrai que les années 80 étaient des années très créatives sur plein de plans. On y repense comme une période où tout allait bien.

Nicolas : On a tendance aussi à enjoliver les choses. Tout n’était pas rose, on oublie vite qu’il y avait le sida et tout le tralala. Et il y a eu des bouses dans les années 80 comme on peut en avoir aujourd’hui, mais c’est vrai que l’on idéalise cette époque.

Si on revient sur l’album, est-ce que vous pouvez nous parler un peu de tous les personnages qui se retrouvent dans cette histoire ?

Emmanuel : L’histoire est assez simple, c’est une espèce de voyage initiatique. C’est, un monde où il y a de la campagne et cette grosse ville, qui s’appelle le Dome. C’est un peu les États-Unis, c’est le monde où tu vas pour essayer de devenir quelqu’un, c’est le royaume des opportunités. Un petit mec de la campagne veut tenter sa chance dans le show-business et débarque dans cette ville. Il a plein d’ambitions et d’envies pour devenir quelqu’un. Il va se heurter à tout ce que cet environnement peut avoir de bon et de et de mauvais. On a ce personnage qui se déplace dans la ville, qui rencontre des gens, qui va faire un cheminement personnel, ce qui va le conduire à des décisions. Mais tout ce fil conducteur est un prétexte pour créer plein de petites histoires, de petites saynètes. Il y a tout un monde autour du milieu de la nuit avec une opposition entre les hommes et les femmes.  Il y a un gang de transsexuels, justiciers masqués, plein de trucs improbables, cela, c’est la faute de la faute de notre chanteur. C’est lui qui a créé tout cet univers.

Nicolas : Il a réussi à parler de sujets qui lui parlaient sans tomber dans le texte engagé. Il garde toujours une certaine neutralité.

Pour faire vivre tous ces personnages il y a un énorme travail sur les voix. La production souligne d’ailleurs beaucoup plus les voix que sur les précédents albums. Si on prend “Hot Damn Chicas” il y a ces voix féminines qui accrochent l’oreille et on peut tout de suite visualiser une scène. Il y a un côté cinématographique qui est bien rendu. Comment avez-vous travaillé sur ces différentes voix ?

Nicolas : Dans les autres albums, il y avait Flo, et derrière Bénédicte moi faisions des petites doubles voix. Avec cet album on a vraiment poussé le concept. C’est un trio, ce qui rend le chant plus compact.

Emmanuel : On avait eu ce reproche sur “Deadly Scenes” de ne pas avoir mis les voix assez en avant. En fait, on ne voulait pas mettre le les voix particulièrement en avant par rapport à d’autres instruments. Sur cet album il y a eu un tel travail sur les harmonies que cela devenait évident de les mettre au centre du son. Et c’est vrai que même au niveau de la production, des techniques de de superposition, du nombre de pistes qui ont été faites, ce sont des pavés. On a passé énormément de temps à éditer tout cela.

C’est un travail qui apporte beaucoup de rythme et qui anime les morceaux.

Nicolas : Exactement. Tu es sur un son avec beaucoup de de virtuel, des instruments programmés et des samples. Tu as les guitares et la base qui viennent apporter de la vie, mais c’est ce bloc de chant, qui le tout humain et vivant.


Sur le morceau “Realise The He-She”, on croirait entendre Trent Reznor, était-ce voulu ?

Emmanuel : J’adore Nine Inch Nails.

Nicolas : Ah oui c’était une grosse déclaration d’amour, c’est clair. Dans le mixage de la voix de Flo je ne vais pas te cacher qu’en studio on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse une Reznor.

Emmanuel : On a comparé sur “Copy Of A” pour voir comment c’était calé.

Grande nouveauté avec cet album, vous avez pris un batteur.

Nicolas : On avait besoin de changement et on avait envie d’un nouveau départ.

Emmanuel : C’est marrant d’arriver sur l’album le plus électro pour décider de prendre un humain pour faire la batterie.

Nicolas : On le connaissait depuis longtemps, on a passé des auditions et cela l’a fait donc c’est génial. Surtout qu’on le connait depuis longtemps.

Emmanuel : Ce truc de l’absence de batteur on en avait fait notre petite fierté. C’était genre non, on résistera à l’envahisseur, non, il y aura pas de batteur. Et puis au fur et à mesure on a jouté un synthé, puis un deuxième synthé, puis un écran derrière nous sur scène. Et au final on s’est dit qu’un batteur c’est bien.

Une nouvelle addition qui n’a pas composé l’album. La première fois qu’on le voit avec vous c’est dans votre dernier clip, ce n’était pas étrange ?

Nicolas : Oui c’était trop bizarre. Pareil quand on a commencé à répéter avec lui. Les cymbales cela fait du bruit. (rires)

Vous produisez une forme de metal théatral, à quoi ça va ressembler sur scène ?

Nicolas : On fait tomber les masques, ce sera moins costumé mais on va essayer de recréer l’ambiance de l’album avec néons et des choses un peu vives.

Emmanuel : On sera habillés à l’américaine avec des teddy. L’écran va revenir mais ce sera moins grand-guignol, plus électro.

Comment est-ce que vous faites avec vos contraintes budgétaires, entre les idées et les envies ?

Nicolas : Parfois on voit des shows à la télé et on se dit que c’est mortel, mais quand tu vois leurs enveloppes c’est sûr que c’est plus simple. J’adorerai avec le budget, car les idées sont là.

Emmanuel : Il y a aussi les contraintes logistiques, entre ce que demande l’installation, la désinstallation et le transport du matériel pour faire des concerts et le prix final. IL faut pouvoir assurer suffisamment de date. Et avoir de la vidéo et des grands décors cela veut dire que tu ne peux pas jouer partout. C’est se couper de toute une catégorie de salles et on ne peut pas se le permettre. Là, de revenir à une configuration plus classique, avec une batterie nous ouvre plus de portes. On va faire un show plus modulable.

Dernière question : notre média s’appelle RockUrLife, alors qu’est ce qui rock votre life ?

Nicolas : Depuis trois ans c’est un enfant. C’est un sacré changement de vie !

Emmanuel : J’habite à la campagne avec mes chiens et mes chats, c’est pas très rock n’roll. J’ai une passion pour la Q’bass. C’est mon petit univers, je suis bien dedans. Je suis tellement avide de nouvelles découvertes avec ce truc j’explore de nouveaux sons, de nouveaux effets, de nouvelles techniques. J’embrasse complètement mon côté geek.

Site web : www.633theband.com

Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !