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SLAVES (03/10/16)

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Le punk est de retour en 2016 ! Et qui comme meilleurs ambassadeurs que Laurie et Isaac du groupe anglais Slaves ? Profitant d’une journée promotion dans la capitale, nous avons rencontré les deux musiciens à l’occasion de la sortie de l’album “Take Control”, disponible depuis le 30 septembre dernier.

Récemment, vous avez déclaré que les gens, en particulier les journalistes, se trompent souvent sur vous : vous n’êtes pas des fauteurs de troubles ou de simples punks. Qui êtes-vous ?

Isaac Holman (chant/batterie) : Parfois, je suis un fauteur de troubles, mais pas à plein temps. (rires)

Laurie Vincent (guitare/basse) : En fait, le fait d’être dans un groupe et de faire de la musique, nous sommes juste des gens normaux sur tous les aspects.

Isaac : Nous nous intéressons à beaucoup de choses. Nous sommes juste créatifs. C’est ce que nous faisons de mieux.

Votre nouvel album, “Take Control”, est disponible. De quoi devons-nous prendre le contrôle ?

Isaac : Prenez le contrôle de votre vie ! Pour nous deux, pour tout le monde. Et vous, et toi.

Laurie : Peu importe, je laisse chacun l’interpréter à sa façon.

Considérez-vous votre musique comme violente ou agressive ?

Isaac : Oui, c’est agressif, mais je ne pense pas que notre musique soit vraiment violente.

Laurie : Agressive mais pas violente, je pense. La violence, c’est très différent. C’est une musique faite avec passion.

On assimile souvent la musique punk à une musique violente regroupant des drogués. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Isaac : Cliché ! Tout le monde peut faire de la musique punk.

Laurie : Le punk est une attitude, ce n’est pas un style. En Angleterre, nous écoutons de tout, nous aimons toutes sortes de musique.

Avez-vous grandi au sein du milieu punk ?

Laurie : Oui, j’écoute beaucoup de groupes punk, typique dans le milieu, du rap et beaucoup d’autres choses. Le punk, c’est la mentalité : fais ce que tu veux. Dans mon cas, je ne fais pas de musique destinée pour la radio, je fais de la musique pour le plaisir.

Dans une précédente interview, vous avez déclaré : “L’une des choses qui nous met en colère, c’est que nous sommes privilégiés en Occident et nous ne nous en rendons même pas compte”. Expliquez-nous.

Laurie : C’est juste la façon dont nous voyons les choses ici. Surtout lorsque l’on s’aperçoit de tout ce qui se passe dans le monde. Vous connaissez notre pays, surtout en ce moment, beaucoup de gens sont frustrés, avec toutes ces lois. Les choses ne fonctionnent pas actuellement.

Justement, après des actualités comme le Brexit, sentez-vous une tension sociale ?

Laurie : Tout à fait, nous ne sommes pas satisfaits de ce qui s’est passé. C’est vraiment très petit. Nous sommes tous des humains. Nous avons créé les frontières et créé notre séparation. On a l’impression de faire un pas en arrière.

 

 

Certains de vos fans trouvent cet album plus lent que votre précédent. Etes-vous d’accord ? Petit à petit, ressentez-vous moins de colère ?

Isaac : Je ne pense pas, peut-être que nos sujets ont changé lentement. Je ne sais pas. Je ne pense pas que nous soyons moins en colère. Mais je pense que notre son a changé parce que nous progressons.

Laurie : Je pense que les chansons sont encore plus sombres. Les sujets sont importants. Je pense que beaucoup de chansons sur ce disque sont plus lourdes que le dernier album. La deuxième moitié de cet album est certainement très différente de ce que nous avons fait par le passé.

Votre musique a t-elle gagné en maturité ?

Isaac : Oui, comment pourrais-je le nier. J’ai l’impression qu’il y a un peu de maturité dans celui-ci. Légèrement. C’est vrai.

Ce nouvel album a vraiment un son old school. On a l’impression de jouer un vieux vinyle. Etes-vous nostalgique de l’ancienne période punk ?

Isaac : Oui, nous aimons le punk. Nous avons grandi tous les deux en écoutant du punk et nous avons certainement été fortement inspirés par cette période et par les groupes de l’époque. Soit dit en passant, nous nous inspirons également de beaucoup de styles musicaux différents. Nous trouvons de l’inspiration chacun de notre côté. Nous aimons tous les deux le hip hop, c’est génial. Mais oui, le punk détient une grande place dans nos vies.

Laurie : Oui, certainement.

Le capitalisme moderne semble beaucoup vous inspirer, n’est-ce pas ?

Isaac : Oui carrément, nous ne sommes pas d’accord avec ça, mais nous nous en inspirons beaucoup.

Laurie : On a l’impression que notre génération est obsédée par regarder la télévision, posséder du matériel. Petit à petit, les gens oublient des choses réelles et simples comme marcher à travers la campagne ou parler avec des gens. Tout le monde regarde son téléphone.

“Lies” est une chanson très captivante, de quoi parle-t-elle ?

Isaac : Lorsque nous avons écrit cette chanson, nous étions aux Etats-Unis. Nous y sommes restés pendant un bon moment. Et ça craignait. Tous les jours, on ouvrait nos portables pour lire l’actualité et on avait l’impression que beaucoup de choses mauvaises étaient en train de se passer chez nous, comme le Brexit, les bombardements. Il y avait beaucoup de mauvaises choses et je pense que nous nous sommes inspirés de ça.

Laurie : Oui, nous avons fait un vote pour des bombardements en Syrie et des choses comme ça. Ils ont voté en faveur.

Isaac : Éloigner des enfants.

Laurie : Oui, éloigner des enfants orphelins. C’était vraiment déprimant, vraiment triste que notre pays fasse partie de cela et décide de le faire. Surtout, il semblerait que les gens soient d’accord avec ça. Les gens viennent juste de s’opposer à une importante proposition concernant l’immigration. Il y a énormément de frustration et peu d’ouverture d’esprit.

Votre ex-petite amie Angelica était-elle une sangsue ?

Isaac : (rires) Ce n’est pas une ex-petite amie.

Alors, qui est-elle ?

Isaac : Angelica est une métaphore. Tout le monde connaît une Angelica. Surtout si vous faites partie d’un groupe. Angelica, c’est une sorte de fille…

Laurie : Proche de tous les garçons.

Isaac : Des mecs dans des groupes.

Laurie : Une pauvre fille.

Isaac : Oui c’est une sangsue, une fille qui met de l’eau dans son vin parce que le groupe marche bien.

Une sorte de groupie ?

Isaac : Oui, exactement.

 

 

Si vous deviez choisir une chanson extraite de cet album ?

Laurie : Une chanson préférée ?

Isaac : C’est dur.

Laurie : “Cold Hard Floor” ou “Lies”.

Isaac : Oui, “Cold Hard Floor”, c’est la plus émouvante je pense. Tout est dans la musique et les mots. Je pense que c’est la guitare de Laurie qui fait ressortir toutes sortes d’émotions en moi.

Laurie : “Lies” car le son est différent. J’ai eu un bon groove et je m’amuse en la jouant. C’est l’une des chansons que j’aime le plus.

La plupart du temps, vous êtes en tournée seulement en Angleterre. Pourquoi est-ce si difficile pour vous de faire des concerts dans d’autres pays ?

Laurie : Je pense qu’il y a tellement de petits groupes au même niveau, à cause d’Internet notamment. Internet t’aide à faire connaitre ton son, mais si tu regardes dans le passé, quand tu faisais quelque chose, ça se répandait partout. Maintenant c’est plus difficile, il n’y a plus autant d’argent dans l’industrie musicale. Peut-être que nous devons travailler encore plus dur.

Laurie, tu es également peintre. Tu as fait une exposition dernièrement. Raconte-nous !

Laurie : Tout a commencé quand j’étais enfant, c’était vraiment la seule chose qui me passionnait à l’école. Je n’aimais même pas la musique à cet âge. Il y a quelques années, lorsque nous avons commencé le groupe, je me suis à nouveau concentré sur tout ça, je m’y suis vraiment intéressé. Pour le moment, j’ai juste une exposition mais j’ai fait la couverture de notre nouvel album. C’est l’une de mes vraies passions.

Quelle est ton inspiration ?

Laurie : C’est la même que pour notre musique. C’est ce que je ressens sans mes mots. Ce que je vois au quotidien.

Et toi Isaac, est-ce que tu as un autre projet à côté ?

Isaac : Oui, je fais ma propre musique acoustique, je travaille et je chante juste des chansons. Pour être honnête, je ne fais pas vraiment beaucoup de choses, je joue de la musique, je vois ma famille et mes amis.

Tu as rompu avec ta petite amie dernièrement, question pour tes fans françaises : est-ce que tu es libre (rires) ?

Isaac : (rires) Peut-être.

Comment se porte ton rat de compagnie ?

Isaac : (rires) Il va bien merci. Tout le monde aime mon rat, son nom est Petty. Elle adore s’asseoir sur mon épaule, ensuite je vais au pub et je bois des bières. (rires)

Dernière question : notre média s’appelle “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rock votre life ?

Isaac : Qu’est-ce qui rock ma life ? Qu’est-ce qui rock ta life Laurie ?

Laurie : Rien ! (rires) C’est tellement dur. Je viens juste de quitter la ville, je vis à côté de la mer maintenant, c’est juste génial ! Ma vie rock ma life : ce que nous faisons, nous sommes en France pour jouer dans une émission diffusée sur la télévision nationale, c’est juste génial ! Notre album rock ma life. Nos vies rock nos lifes. Nous avons de la chance.

Isaac : Nous sommes très chanceux. De même, je suis heureux, je suis juste excité de faire tout ce que nous faisons.

Laurie : On gagne notre vie en jouant de la musique.

Isaac : Ouais, jouer de la musique.

 

 

Site web : youareallslaves.com