Interviews

LAST TRAIN (07/11/16)

Lundi 7 novembre, à quelques heures de leur concert à La Flèche d’Or, nous avons eu le plaisir de rencontrer les quatre jeunes membres passionnés du si prometteur groupe de rock français Last Train. Cette soirée, dernière date parisienne de l’année pour le groupe, célébrait la sortie de leur nouvel et deuxième EP, “Fragile”. C’était aussi l’occasion pour Last Train de jouer avec Holy Two et Colt Silvers, signés sur Cold Fame, le label des Alsaciens. C’est au Mama Shelter, un luxueux hôtel à deux pas de la salle de concert, que nous avons discuté nouvel EP, premier album, inspiration et fraternité lors d’un entretien ponctué de nombreux (rires) !

N’êtes-vous pas trop fatigués après le Vietnam ?

Antoine (batterie) : Non, non. C’était il y a une semaine, on a eu le temps de se remettre.

C’était bien ?

Antoine : C’était super !

Tim (basse) : Très très cool. Très intense parce que très court.

Antoine : Du coup tu te dis : “Je ne suis pas là très longtemps donc je vais rentabiliser mon temps donc je ne vais pas trop dormir.” Mais c’est super !

Comment vous êtes-vous retrouvés là-bas ?

Tim : Un contact. Un tourneur.

Antoine : Un tourneur qui a des contacts là-bas et qui nous a fait venir. Parce qu’il avait déjà monté une tournée là-bas pour un autre groupe.

Avez-vous des fans au Vietnam ou étaient-ce des gens qui vous découvraient ?

Antoine : Je pense que la plupart était des gens qui nous découvraient quand même. Je ne sais pas s’il y avait des gens qui nous écoutaient avant. Il y a toujours des trucs un peu drôles genre on dit qu’on va au Vietnam et d’un seul coup t’as un commentaire d’un Vietnamien qui dit : “ah c’est cool que vous veniez !”

Tim : Ouais en fait ce sont des Vietnamiens qui ont vu qu’on jouait dans le festival et qui se sont renseignés tout simplement.

Antoine : Oui ils ont dû écouter. Mais il n’y avait pas une fanbase très…

Tim : Non il n’y avait pas 200 000 personnes qui nous attendaient à l’aéroport. (rires)

Avec des petites pancartes…

Tim : Non. Tant pis, la prochaine fois ! (rires)

 

 

Vous avez fait plus de cent concerts en 2015, idem en 2016. Vous êtes allés en Allemagne, aux Etats-Unis, tout ça avec un seul EP à votre actif !

Antoine : Et ouais !

Tim : Deux maintenant du coup !

Antoine : Un bilan mitigé. (rires) Comme on le disait avant.

Donc où rêvez-vous d’aller maintenant ? De faire quels festivals ?

Antoine : Moi je me suis jamais trop projeté dans un truc en me disant : “Wow, il faut absolument qu’on aille jouer là-bas. Justement c’est ça qui est cool, tu joues dans des endroits où t’aurais jamais imaginé te retrouver parce que t’as commencé à faire de la musique il y a dix ans en fait. C’est ça qui est cool.

Tim : Quand on a commencé la musique et qu’on a commencé à jouer en France, en Alsace, même ailleurs en France, on ne s’est pas dit qu’un jour on allait jouer au Vietnam ou dans une station de ski.

Antoine : Je sais que Julien et Jean-No, quand on était ado, vous aviez fait un peu “New York Avec Toi”, Téléphone, tout ça. Enfin je ne sais pas comment vous envisagiez le truc. Je te laisse la parole Jean-Noël.

Tim : En fait c’est des trucs tellement incroyables ! Au-dessus de ce que tu imaginais.

Antoine : On est un peu comme des gamins. A chaque fois qu’il y a quelqu’un qui te dit : “il y a peut-être possibilité que vous jouiez là-bas”, t’es là : “ah ouais ?”.

Tim : Et puis après la veille du départ tu te dis “demain je vais au Vietnam… Ok…alors…”.

Antoine : C’est qui qui m’avait dit ça à chaque fois : “J’y croirai quand je serai là-bas” ? Mais ouais c’est super. Pour répondre à la question il y a pas de… enfin en tout cas… peut-être Jean-Noël, toi t’as un endroit où t’as envie d’aller jouer ? Partout en fait, tout est trop cool.

Jean-Noël (chant) : La Lune.

La Lune, ça revient souvent ça. J’ai lu dans une interview que vous vouliez faire un festival sur la Lune.

(rire général)

Antoine : Ouais, ouais, j’allais le dire ! On l’a fait une fois. Il voulait qu’on fasse un festoche, du coup on est un peu parti en couilles.

Cela vous a-t-il inspiré pour le titre “House On The Moon” ?

Antoine : Suite à cette interview ouais carrément ouais. (rires) Non non pas du tout, ça n’a aucun lien avec cette interview, monter un festival avec un after sur Mars. Non non ça n’avait aucun lien. (rires) Désolé.

Et dans tout ce que vous avez fait, quel est votre meilleur souvenir ?

Antoine : Je n’aime pas trop dire qu’il y a de meilleurs souvenirs. En général, ce sont des périodes. Enfin je ne sais pas, il y a plein de trucs cool à chaque fois. J’ai toujours l’impression, quand on nous pose cette question en interview, qu’on attend des trucs genre Rock En Seine ou Le Printemps De Bourges.

Non, justement, vous préférez peut-être les petites salles… 

Antoine : Ça dépend.

Jean-Noël : C’est dans des contextes vraiment différents donc je crois que de manière générale, on aime bien dire qu’on a aimé telle tournée parce qu’avant c’était l’exemple de notre première tournée européenne. On a un souvenir complètement dingue de cette tournée européenne. Pourquoi ? Parce qu’on jouait dans des bars devant trente personnes par soir. On était tous les quatre dans notre camion. On avait monté cette tournée nous-mêmes et c’était absolument fou par rapport à ça. Là on vient de faire une tournée de festivals. On était sept ou huit sur la route. On faisait les Vieilles Charrues, les Eurockéennes, enfin ça n’a strictement rien à voir. Ce n’est pas pour autant qu’on a forcément préféré celle-là par rapport à notre toute première tournée. C’est un contexte, c’est un truc. C’est effectivement à chaque fois fou par rapport à notre projet de faire de la musique tous les quatre ensemble mais ensuite, il n’y a pas un truc qui gagne le concours.

Tim : Et puis ce n’est pas parce qu’on a fait cette tournée Eurockéennes/Vieilles Charrues de ouf que ça nous fait pas autant kiffer de jouer dans des vieux clubs devant trente personnes en Allemagne.

Antoine : Carrément ! C’est ça qui est chouette.

Jean-Noël : Sur la prochaine tournée pour la sortie de l’album, on a vraiment poussé, parce qu’on essaie d’avoir un regard sur tout ce qui nous entoure, tous nos partenaires et compagnie. On a poussé pour faire le moins de grosses salles possible et quand il y avait la possibilité, de jouer dans des clubs, plutôt de faire des 200-300 places.

Par rapport à cet album justement, il va sortir en 2017, c’est ça ?

Antoine : Plus trop de temps en 2016 . (rires) On est un peu charrette !

(rire général)

Avez-vous plus de précisions à ce sujet ?

Antoine : Aucune non. On n’a toujours pas commencé. (rires) Ça c’est comme le devoir que t’as jamais fait et que tu fais que la veille. (rires)

Tim : Non, non, on l’a commencé.

Antoine : T’imagines. (rires) Tu finis à 3h la veille.

Tim : Non, on est plus proche de la fin que du début.

Antoine : On commence à avoir un point de vue d’ensemble. Sauf s’il y a une grosse remise en question mais je ne pense pas. Si ? Peut-être ?

Julien (guitare) : Par contre il faudra quand même attendre l’année prochaine. Commencez bien l’année, tranquille. (rires)

Antoine : Laissez-vous aller. Oubliez-nous un petit peu et on sera là.

Julien : Partez en vacances d’été tranquillement.

Antoine : Un magicien arrive toujours à l’heure, hein ! Pour les fêtes de fin d’année de l’année prochaine. (rires)

Tim : Non, début d’année, vraiment.

Antoine : Sachant que juin, c’est le début de l’année. Non, non, mais ce sera avant. Je crois…

Ce deuxième EP, l’avez-vous enregistré dans des conditions proches du live ?

Antoine : Oui !

Comme le premier ?

Antoine : Oui. Même technique.

Jean-Noël : En fait, on différencie en aucune façon l’enregistrement du premier et du deuxième EP et l’enregistrement de l’album parce que c’était une réflexion d’ensemble et plutôt que de se dire : “allez, on va enregistrer un EP”,  c’est plutôt : “on va enregistrer des titres”, et ça prenait sens ensemble. Et ouais, effectivement, on l’a joué live; c’est l’enjeu qu’on s’est fixé avec Rémi qui est notre réal en studio. Et il a bien compris, il nous connaît depuis super longtemps, il sait de quoi on est capable, de quoi on n’est pas capable. Et on se prend vraiment la tête par rapport à ça; du moins on réfléchit sur ce qu’on a envie de délivrer à la fin. Tim dit souvent un truc que je trouve cool c’est que le but c’est pas seulement d’avoir des musiques sur un support, la problématique c’est de mettre des émotions dans les micros et ce n’est pas forcément facile, physiquement.

Tim : Physiquement, je crois que les scientifiques s’y intéressent encore. On ne sait pas vraiment ce que c’est.

Jean-Noël : C’est du signal sonore qui passe normalement dans les micros.

Tim : Du signal sonore chargé d’émotions.

Jean-Noël : C’est électrique. Mettre de l’émotion, c’est assez difficile.

Tim : Mais on taffe, on taffe le projet quoi. (rires)

Vous préférez prendre votre temps alors ?

Antoine : Ah non, nous on adore faire les choses vite ! (rires) Putain, non ! On prend notre temps quoi ! Merde !

Jean-Noël : On l’a choisi. On a choisi de sortir le moins de contenu possible. C’est rigolo parce qu’il y avait une interview dans Society où elle avait sorti texto ce qu’on avait dit : “On vous a bien niqué, on a sorti un EP et en fait les quatre titres étaient déjà sortis.” Et je crois que ça résume bien l’histoire. On a sorti “The Holy Family” et sur les quatre titres il y en avait trois qui étaient déjà sortis et ça a été notre envie depuis le début…

Antoine : De niquer les gens ! (rires)

Tim : (rires) De niquer tout le monde !

Jean-Noël : De sortir le moins de contenu possible.

Antoine : Et de tourner le plus possible !

Jean-Noël : Et de dire aux gens “si vous voulez en écouter plus, venez nous voir en live” parce qu’on tourne assez. On fait cent concerts par an donc il y a la possibilité de nous voir une, deux, trois fois dans différentes villes. On a joué peut-être six, sept fois à Paris l’année dernière donc à partir de ce moment-là, venez !

Quelles étaient vos inspirations, vos influences pour les nouveaux morceaux ?

Jean-Noël : Justement, là est la question. Quels sont les nouveaux morceaux et quels sont les anciens morceaux ? Puisqu’effectivement, il y a des morceaux qu’on a composés il y a dix mois. Mais c’est vrai que c’est un groupe de morceaux qui regroupe tout ce qu’on a vécu ces trois dernières années où on a énormément tourné. Et c’est l’expérience de la vie qui influence le plus les morceaux, les textes, la musique. Evidemment, il y a tout ce qui tourne autour, la musique, sachant que nous on écoute vraiment plein plein de choses différentes : de la pop, de l’électro, du rock, évidemment. Mais les expériences de la vie, le fait d’être souvent en tournée, et tous les à-côtés, tous les petits jardins secrets de chacun. Tout est susceptible d’influencer un morceau.

 

 

Et la route ? Toutes les villes où vous êtes allés ?

Jean-Noël : Ouais, mais il y a aucun de nos textes qui parle de nous sur la route.

Antoine (en chantant) : I’m on the road tonight! Welcome this morning!

Jean-Noël : Non non c’est simplement qu’on ne juge pas, on n’attribue pas une note au fait qu’on parte en tournée et que ça puisse être positif ou négatif. C’est simplement que tu vis des choses et tu rencontres des gens, tu vis des trucs personnellement, tu peux avoir…

Tim (en imitant une petite voix triste) : …des coups de blues aussi.

Jean-Noël : Ouais tu peux avoir des problèmes comme des super nouvelles.

Antoine : C’est la vie ça un peu, en général. (rires)

Jean-Noël : C’est ça. Ce n’est pas forcément la musique notre principale source d’inspiration. C’est la vie. Et dire que notre influence c’est le rock parce qu’on fait du rock, non.

Et les paroles, c’est plutôt toi Jean-Noël ?

Tim : Non, on écrit tous.

Antoine : Oui, parce qu’on a tous une vie, enfin je crois…

Et ce titre d’album, “Fragile”, pourquoi ?

Antoine : Parce qu’on est des fragiles. (rires) En fait, on vient de le capter, au fil des interviews, qu’il y a ce problème-là. On n’avait pas du tout réfléchi.

Julien : Ouais, les gens le prononcent “fragile” comme en français.

Jean-Noël : En fait, c’est le nom du dernier titre. Et il nous allait bien.

Antoine : Mais en même temps c’est vrai que, dans le titre, il y a cette idée de truc fragile. Mais si tu regardes ce morceau, il y a des trucs super fragiles au niveau des grattes mais après t’as des trucs comme la fin…

Tim : Plus rock n’roll quoi !

Antoine : Ouais ! C’est cette sorte d’ambivalence qu’on a. Si tu regardes nos morceaux, il y a un peu de tout, il y a des moments super calmes, il y a des moments avec de la dynamique. Du coup, ce titre n’a aucun similaire avec notre musique. Merde. Je sais plus où j’en suis. (rires) Pourquoi fragile ? Je pense que c’est parce que c’est l’une des chansons où on s’est le plus trouvé nous-mêmes, chacun. Je ne sais pas si je dis des conneries ou pas. C’était un beau sentiment. C’est l’une des premières qu’on a composée quand on a commencé à trouver notre style, ce qui nous faisait vraiment kiffer. C’était la chanson de fin de concert pendant longtemps et ça l’est encore parfois. On savait qu’après celle-là, tu sors du concert et t’es vide de sentiments. C’est assez bizarre. Vraiment, tu donnes tout ce que t’as dans cette chanson. Et elle est vraiment importante pour nous. D’où ce titre d’EP.

 

 

Justement, qu’est-ce qui fait une bonne chanson selon vous ?

Antoine (imitant une célèbre réplique de “Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre”) : Je ne pense pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise chanson (rires).

Tim : Bien placé !

Quand vous finissez d’enregistrer et que vous êtes satisfaits de vous, c’est pour quelles raisons ? Est-ce que c’est un sentiment inexplicable ?

Julien : Souvent, c’est parce qu’on a fait 150 fois la prise déjà. (rires)

Antoine : Je pense qu’on est assez dur avec nous-mêmes. En fait, c’est pas forcément sur le coup, quand tu la composes, que tu te dis : “c’est une bonne chanson”. Nos chansons évoluent vachement avec la tournée.

Tim : Ah ouais ça me fait penser à ces trucs qu’on dit : tu composes le morceau et tu sens le fric qui tombe comme pour “Bohemian Like You” des Dandy Warhols.

Antoine : “Oh putain j’entends un truc là, il y a de la thune à se faire”. Non, justement, jamais on se fait de la thune.

Tim : Il y a des morceaux qu’on va jouer dix fois en concert et au bout de dix fois on va se dire : “ça ne va pas”. On les joue pendant six mois et on se dit : “mais qu’est ce qu’on fout ? ça ne va pas du tout !”. On l’enlève et puis finalement on dit : “Ah, c’était pas si mal”.

Antoine : En fait, la bonne chanson c’est celle que tu joues et au bout d’un moment tu te dis : “Ah ouais putain, je suis bien dans mes godasses”.

Jean-Noël : J’ai parlé de ça il n’y a pas longtemps avec deux artistes différents qui ont pas cette vision là de la musique, qui sont très prolifiques, qui sortent des disques tout le temps et ils peuvent pas se permettre ça. Leur chanson, elle va sur leur scud, elle est figée et ils n’en parlent plus. Alors que nous, on se permet de prendre le temps de faire vivre ces chansons d’abord et je crois que c’est ce qui est important. C’est ce qu’Antoine dit, elles ont d’abord besoin de vivre. C’est comme un vin, il a besoin de décanter. C’est le même principe. Il y a des chansons qu’on a testé pendant six mois et qu’on joue plus du tout. “Fire”, par exemple, c’est un morceau qui a vachement évolué par le live. Quand je vois les premières vidéos et comment on le jouait, aujourd’hui ça n’a rien à voir. C’est la même chanson mais elle a une toute autre intention parce qu’elle a vécu du live. Elles ont besoin de vivre.

Et quels conseils donneriez-vous à un jeune groupe qui débute ?

Antoine : On va faire un tuto YouTube bientôt là-dessus. (rires) Non, non, pas du tout. De jouer le plus possible et le plus ensemble. Jouer, jouer, jouer.

Jean-Noël : Jouer tous ensemble. Nous on se rend compte que c’est ce qui fait notre différence

Antoine (en chantant) : Ma différence à moi… !

Julien : Ma préférence !

Jean-Noël : On ne pourrait absolument pas jouer avec quelqu’un d’autre en fait. Il y a plein de groupes, ils vont sur des dates, lui il n’est pas là, on va demander à un autre batteur ou un autre bassiste. C’est qu’un batteur ou un bassiste, on peut le changer. Il en est hors de question pour nous. Il n’y a pas la notion de leader, de quelqu’un qui est mis en avant. Non, ce sont les quatre. On avance ensemble. Donc ouais, jouer le plus possible ensemble.

Tim : Sortir de chez soi aussi. Faire des concerts autre part.

Jean-Noël : C’était rigolo parce que c’est le rêve de tout groupe. Ils viennent de je ne sais pas quelle région, ils veulent faire la belle salle de leur région, c’est le rêve absolu. Nous, on a mis quatre ou cinq ans avant de faire la belle salle de notre région et quatre ou cinq ans où on faisait des concerts. Alors qu’on avait fait les belles salles de toutes les putain de régions, chez nous on avait toujours pas fait notre putain de Laiterie. Et là maintenant, on est content, on va à La Laiterie, c’est complet trois mois avant les concerts. Et ça a du sens en fait. C’est parce qu’on est d’abord allé voir ailleurs qu’on est un peu plus crédible chez nous.

Justement, vous semblez très soudés, d’abord dans votre clip “The Holy Family”, sur la pochette de votre EP, même en fin de concert, on vous voit vous serrez dans les bras les uns les autres. Cela a-t-il une réelle influence sur votre musique, sur votre façon de faire les choses ?

Antoine : Je pense que c’est indissociable. Enfin je ne sais pas si on réfléchit à ce truc là.

Jean-Noël : On ne pourrait pas jouer avec d’autres. Je dis pas que jamais de ma vie je n’irai pas jouer avec quelqu’un d’autre. Mais je pourrais pas faire du Last Train sans Tim et Julien, enfin Tim, Antoine et Julien.  

Antoine : Comment il s’appelle putain ? On est très soudés ouais !

(rire général)

Jean-Noël : On passe notre vie ensemble, on est 24h sur 24 ensemble depuis trois ans à vivre la même expérience. On a chacun nos problèmes perso évidemment.

Vous avez créé votre propre label, Cold Fame Records, et vous avez produit Holy Two et Colt Silvers avec lesquels vous jouez ce soir. Et leur style est vraiment différent du vôtre. Qu’est-ce qui vous a poussés à les produire ?

Jean-Noël : C’est parce qu’on est des passionnés de musique avant d’être passionnés de rock. Le rock, c’est notre style à nous mais on écoute vraiment de tout. C’est rigolo parce que quand on se rend compte de quelle a été la motivation à l’origine de la création du label et de l’agence de booking, c’est Holy Two qui est le moteur. C’est pas tant le fait de vouloir se produire mais parce qu’on voulait absolument produire ce groupe là. Et parce qu’on est des passionnés de musique. Je me rappelle très bien du premier concert, c’était leur premier concert, qu’ils ont partagé avec nous, c’était une soirée totalement éclectique parce qu’il y avait un groupe de rock et un groupe d’électro pop. Et c’est la même chose ce soir, il y a trois groupes qui ont des styles très différents. On a tourné cinq ou six dates avec Radio Elvis, qui est un groupe de pop rock, et avec un groupe d’électro aussi, donc un plateau totalement éclectique, et c’était terrible ! Ça permet de sensibiliser.

Julien : Quand on est allé prendre des conseils chez notre manager il y a quelques années, il nous a dit un truc très beau c’est : “à partir du moment où tu travailles sur le projet et que t’es en train de te ruiner et de te faire chier sur le truc, t’as pas à te justifier envers qui que ce soit. Tu vas produire.”

Jean-Noël : Tu te payes le luxe de faire ce que tu veux.

Tim : On avait vraiment demandé : “Est-ce qu’on devrait prendre un truc de rock plutôt que Holy Two qui est un groupe d’électro pop qui est vachement différent ?”. Il nous avait répondu ça et je trouve que c’est complètement vrai. Tu prends un truc que tu aimes.

Antoine : Sinon t’es dans la merde, je pense.

Jean-Noël : C’est pas vraiment être dans la merde, c’est juste que c’est une charge de travail qui est incommensurable. On donne notre vie par rapport à ça et si tu ne crois pas au projet que tu défends, tu ne peux pas te permettre de faire ça.

 

 

Toute la presse spécialisée vous décrit comme la relève du rock français…

Tous ensemble : Allez ! (rires)

Et du coup, avec tous ces éloges, comment gardez-vous les pieds sur terre ? Parce qu’on a vu que…

Antoine : Vous avez commencé à vous droguer. (rires)

Vous avez absolument eu envie de faire un concert alors que la tête d’affiche avait annulé le concert dont vous deviez faire la première partie. Et vous avez absolument tenu à faire le concert, vous l’avez organisé dans un bar.

Antoine : L’histoire est un peu plus complexe.

Jean-Noël : On devait jouer dans cette salle et il y avait pas assez de préventes. Donc les organisateurs ont annulé la date de concert. Et nous on était pas forcément prévenus. Du moins, c’était en discussion. Ils ont annoncé ça sur les réseaux sociaux et c’est vrai que nous, on avait encore jamais annulé de dates de notre vie donc on a dit : “non, c’est pas possible” donc on a cherché des bars et on a dit : “si vous voulez, on va jouer gratos” et les mecs ont joué le jeu de ouf et ils nous ont accueilli, ils nous ont apporté à bouffer, ils nous ont trouvé un logement. Et on ne s’y attendait pas du tout et je trouve que ça montre aussi la beauté de la vie. Il y avait cent cinquante personnes dans ce bar pour voir le concert et c’était cent cinquante personnes qui adhéraient au concept qu’on fait pas que ça pour faire de la thune, pour voir combien un groupe arrive à vendre de tickets pour son concert, mais qu’on est un groupe qui est en tournée et qui vient pour diffuser sa musique. C’était vraiment, vraiment cool.

Et de rester comme ça, assez proche du public, cela vous aide-t-il à garder les pieds sur terre ?

Tim : C’est ce qu’on aime. On ne se force pas. C’est pas parce qu’on a envie d’être cool.

Antoine : En même temps, le public, c’est un peu grâce à lui qu’on est là.

Julien : C’est vraiment une chance de pouvoir dire qu’on a un public parce qu’on a fait tellement de concerts dans des petits bars où il y avait pratiquement personne ou que deux ou trois personnes alors que là, quand on va au merch et qu’il y a un peu plus de monde, ça fait vraiment plaisir.

Jean-Noël : Et le fait de pas péter un câble je pense que c’est juste parce qu’on est potes depuis toujours, on est toujours aussi cons.

Antoine (imitant la journaliste écrivant son article) : Dommage qu’ils soient cons, point.

Jean-Noël : Non mais c’est vrai, on fait des interviews, on n’est pas capables d’être sérieux cinq minutes.

Tim : Là franchement, sur celle-là on a bien bossé. Parce qu’il fait chaud, avant on était dehors.

Jean-Noël : Et puis tu vois, on a les mêmes délires depuis toujours, on est très, très différents et on s’équilibre donc c’est ça qui permet de rester tranquille.

Une dernière question alors, notre webzine s’appelle “RockUrLife”…

Antoine : Ah mais c’est RockUrLife ! Yes!

Tim : Moi je savais hein, moi je savais.

Antoine : J’avais vu le nom mais je savais plus dans quel ordre c’était ! Mais oui, c’est trop cool RockUrLife !

Donc notre question habituelle de fin d’interview, c’est : qu’est ce qui rock votre life ?

Antoine : La réponse c’est oui. (rires) Qu’est ce qui rode notre life ?

Les autres, ensemble : Non, qui rock !

Tim : Ah mais t’es con ou quoi ! (rires)

Antoine : Dommage qu’il soit con et sourd en plus. (rires) Alors qu’est ce qui rock ma life ?

Les autres (en chantant) : Qu’est ce qui rock ma life ?

Antoine : Je pense que ce sont mes amis.

Julien : C’est le peuple ! C’est l’amour universel !

Antoine : C’est notre amitié.

Tim : Ouais je pense que c’est eux.

Julien : Du coup, c’est une réponse différente pour chacun des membres donc…

Tim : La réponse, c’est moi. C’est l’alcool. (rires)

Antoine : Ouais on va rester sur la réponse de base.

Julien : C’est Sochaux !

Tim : (rires) C’est Sochaux ! Salaud va !

Julien : Non, coupez ! (rires)

 

 

Site web : lasttrain.bandcamp.com