Interviews

YOU ME AT SIX (17/09/18)

English version

C’est à l’occasion d’une journée promotion à Paris, que Josh Franceschi, chanteur du groupe britannique You Me At Six, nous a parlé des nouveaux morceaux du quintette, de “VI” et de son état d’esprit du moment. Une rencontre agréable autour d’une petite bière fraîche.

Ça fait un petit bout de temps ! Ça fait quoi d’être de retour ?

Josh Franceschi (chant) : Ça fait du bien ! On a l’impression de ne jamais s’être arrêté, parce qu’une fois la tournée “Night People” terminée, on est allé au studio dès que l’on a pu, vu que l’on écrivait déjà l’album sur la route. Mais c’est vraiment cool de sortir des nouveaux morceaux, et je pense que le plan, maintenant, c’est de ne plus sortir de la musique comme nous l’avons fait dans le passé. Genre, s’enfermer au studio pendant une année, puis partir en tournée une année. On ne veut plus faire ça. On veut sortir des nouveaux sons autant que possible.

Les gens sont impatients d’entrer dans cette nouvelle ère, pour une multitude de raisons. Il faut dire que “VI” est assez particulier. Vous l’avez sorti à travers votre propre label. Peux-tu nous en dire un peu plus à ce sujet ?

Josh : Tout d’abord, sortir notre album sous notre propre label est super cool, mais nous le devons aussi à AWAL qui nous ont fait confiance et qui ont travaillé dur avec et pour nous. Tout a été hyper facile. Je pense que ce n’était pas une coïncidence que l’on sorte notre sixième album, dix ans jour pour jour après notre premier. On est tous super impatients dans le groupe, on se sent tous bien et on est vraiment heureux de ce que l’on fait.

 

 

Vous l’avez aussi co-produit. Comment c’était ?

Josh : C’était vraiment facile, parce que Dan Austin nous a facilité la tâche. Je crois que je ne m’étais pas autant amusé en studio depuis notre collaboration avec John Mitchel sur quelques-uns de nos albums, parce que j’avais la sensation qu’ils étaient une sorte de prolongement de notre groupe. Dan a plutôt incarné tout ça. C’est un homme merveilleux à avoir près de soi; il a une énergie incroyable, un amour incroyable pour tous les styles de musique. J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi travailleur que lui; c’était toujours le premier arrivé en studio, et le dernier à en partir. Il nous a laissé décider du rythme et de la manière dont nous voulions faire les choses. Peu importe ce qu’on lui proposait, il ne nous disait jamais non. C’était plutôt : “OK, donc vous voulez sortir une chanson R’n’B avec des guitares, comment voulez-vous vous y prendre ?”. On a étudié les genres et sous-genres de musique que l’on aime et on a trouvé un moyen de l’intégrer à notre son, que ce soit urbain, hip hop, ou juste de la musique pop. Je pense que “I O U” est l’illustration parfaite de tout ça. Le couplet est assez rock, le pré-refrain est un peu plus “dance” et le refrain, lui, est carrément hip hop, à la Dr. Dre.

Donc oui, c’était un processus assez simple, être au studio était un vrai plaisir. Dans le passé, il est arrivé que ce soit un challenge pour nous. Et puis même, de mon côté, au niveau des paroles, elles ont été écrites d’une façon que je n’avais jamais testé auparavant. Il y a pas mal de trucs que j’ai limite fait en improvisation totale, jusqu’à ce que ça sonne juste. J’ai vraiment tout laissé venir naturellement et c’était assez thérapeutique. J’avais besoin de me décharger de pas mal de choses.

Est-ce que tu as eu des doutes au sujet de la direction que You Me At Six prend ?

Josh : Non, parce qu’on fait avant tout de la musique pour nous, et que dans le passé, on s’est trop laissé ronger par la peur que les gens n’aiment pas ou n’acceptent pas la direction que l’on prend. En vérité, nos meilleurs albums sont ceux pour lesquels on ne s’est pas pris la tête. “Sinners Never Sleep” l’illustre assez bien. Sur un titre, on a Oli [Sykes] de Bring Me The Horizon, et sur celui d’après on a une ballade acoustique. On a fait ce qu’on voulait. On a écrit de bonnes chansons entre temps mais on n’était pas vraiment dans l’état d’esprit : “on s’en fout, ils s’y feront”. L’ADN de cet album est vraiment : “fais ce que tu veux”. De cette façon, en prenant du recul, on sait tous qu’on a créé un album qui nous représente et qu’on peut défendre. C’est la chose la plus importante.

 

 

Est-ce qu’il y a un titre sur “VI” dont tu es particulièrement fier, et pourquoi ?

Josh : Sur le papier, on est fier de toutes les chansons, mais je pense que celle que j’ai le plus aimé enregistrer, c’est “I O U”. “Predictable”, c’était aussi cool de chanter dessus. Mais au final, chaque titre offre quelque chose de différent. Je n’avais pas la sensation de travailler dessus, alors qu’il m’est déjà arrivé auparavant, au niveau créatif, d’avoir envie de me taper la tête contre les murs tant je n’y arrivais pas. Toutes les nouvelles chansons, pour le coup, sont venues toutes seules. Je ne dirais pas “sans aucun effort”, parce que ça sonne un peu négatif, mais c’était un album simple à créer.

Quelle est la source d’inspiration derrière votre nouveau son ?

Josh : Nous sommes tous des “éponges”. Dan est plus branché “dance”, Max et moi on est plus hip hop/R’n’B et Matt et Chris sont plus rock/punk/metal. On est cinq sur l’écriture des textes et c’est là qu’on est les plus forts. Ça nous pousse à nous mettre à la place des autres et donc à grandir. Nous avons longuement parlé avant d’entamer le processus de création du nouvel album, et nous sommes tombés d’accord sur le fait que “Night People” n’était pas exactement ce qu’on voulait faire. C’était plus histoire de faire un album sans surprise et qui fédérerait la fanbase, à coup de “donne-leur ce qu’ils veulent et ils resteront”.

Cela fait dix ans que You Me At Six existe, et si on essaie plus de se surpasser, que ce soit en tant qu’artistes ou que performeurs, alors autant arrêter la musique. Quand c’est trop simple, il n’y a plus vraiment de challenge, autant pour toi que pour l’auditeur. Ce dont je suis le plus fier dans cet album, c’est le fait que l’on ne soit pas resté dans notre zone de confort en faisant quelque chose de déjà vu auparavant. Ça s’est fait naturellement. On était vraiment dans un état d’esprit qui faisait que, peu importe la réception de l’album, on resterait fier de notre travail. Si tu sors quelque chose que tu prétends aimer, quand tu te retrouves seul à la fin de la journée, tu te retrouves avec rien du tout, pas même la fierté d’avoir réalisé quelque chose dont tu es fier.

 

 

Avec les réseaux sociaux, tout et tout le monde peut être sujet à la critique. Comment est-ce que tu gères les critiques au sujet de ta musique ?

Josh : Je ne lis plus les reviews, pas parce que je ne suis pas intéressé par tes qualités de journaliste ou de photographe. Je suis assez à l’aise avec qui je suis, je suis aussi à l’aise avec ce qu’est You Me At Six. On a accompli beaucoup de choses, on a fait beaucoup de choses, on a dépassé nos attentes du départ. J’aurais été tout aussi fier si on avait sorti qu’un seul album, ou peut-être deux, si on avait fait le tour du monde qu’une seule fois.

Tout le monde a son opinion, et je pense que c’est tout à fait normal et que c’est essentiel de savoir recevoir les critiques pour pouvoir progresser. Mais aussi de ne pas chercher les insultes et la haine. Pour ta santé mentale, tu ne dois pas vivre à travers les retours positifs à ton sujet, mais tu dois aussi ne pas rechercher la négativité pour trouver un équilibre. Je pense qu’internet est un super endroit en ce qui concerne la création de liens entre les gens, et vis à vis de ce que ça peut nous apprendre et de ce que nous pouvons apprendre aux autres. Mais en même temps, plus tu vieillis, plus tu différencies ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Je m’en fiche un peu que les gens qui ont aimé tel album, le préfère à “VI”.

Ce que j’essaie de dire, c’est qu’il faut trouver un équilibre entre les bonnes et les mauvaises reviews; il faut se dire qu’elles servent toutes à quelque chose. Mais parce que faire de la musique est quelque chose de très personnel, c’est parfois compliqué pour moi de me détacher du Josh de You Me At Six pour être Josh Franceschi. C’est dur de dessiner une limite et de décider à quel moment tu te laisses dicter tes émotions et sentiments. Je suis plus ouvert pour discuter en face à face, surtout quand il s’agit de débattre, parce que j’ai la sensation qu’on est plus égaux en direct. Le problème avec internet, c’est que ça a supprimé l’aspect humain et qu’il est très simple de se cacher derrière son écran.

Qu’est-ce qui t’enthousiasme le plus au sujet de votre retour sur la route ?

Josh : Pour moi, la chose la plus excitante c’est… Tu te caches pendant des mois entiers pour enregistrer ta musique. Tu sais que tu peux regarder les statistiques, le nombre de vues sur les réseaux sociaux, mais c’est superficiel. Être en tournée, c’est être dans un environnement où tu vois les réactions du public en direct, parce que l’audience toute entière ne peut pas faire semblant. Ils sont là, et soit ils sont à fond dans ce que tu leur proposes, soit ils ne le sont pas. C’est le retour le plus honnête qui soit. Quand tu es là et que tu vois les gens réagir, et qu’ils réagissent bien, tu te dis : “bon, ça va, ce n’est pas de la merde ce qu’on a sorti”, et quand c’est le contraire, tu sais qu’il faut que tu t’améliores.

J’adore être en tournée parce que pour moi, c’est un challenge. Quand certains jours ça ne va pas, je me dis : “OK, ils sont à fond, mais comment je peux faire pour les rendre encore plus fans ?”. Honnêtement, j’adore voyager, j’adore rencontrer des gens, que ce soit nos fans ou les membres des groupes qui tournent avec nous. J’adore passer du temps avec le reste du groupe, ce sont mes meilleurs amis et on s’éclate tous ensemble. Bien entendu, il y a des jours où on se lève et où on aimerait être ailleurs, en raison de soucis dans nos vies personnelles, ou juste parce qu’on n’est pas dans le bon état d’esprit. Mais quand on est tous les cinq sur scène, peu importe ce qu’il se passe en privé, on s’éclate juste sur scène. C’est quelque chose de vraiment rare de pouvoir performer et jouer sa musique devant un public. Donc si tu as la chance de le faire, tu dois tout donner comme si c’était le dernier concert que tu jouais.

 

 

Vous revenez à Paris l’année prochaine. Peux-tu nous en dire plus sur ce qui attend votre public français le 6 février à La Maroquinerie ?

Josh : On donnera tout ce qu’on a et on jouera nos chansons, en espérant que ça plaise. Si tu as déjà vu You Me At Six auparavant, tu sais comment on est en concert. On aime s’amuser, on aime interagir avec le public, et on aime créer un environnement dans lequel les gens peuvent se sentir en sécurité. J’aime nous imaginer comme une parenthèse dans la merde que certaines personnes peuvent traverser. C’est un challenge, à la fois positif et négatif, mais j’aime me dire que You Me At Six est une opportunité pour les gens de sortir et de s’amuser, d’avoir le sourire et de créer des souvenirs seuls ou entre amis.

Un autre truc cool au sujet des concert, c’est le fait que nous sommes face à une salle remplie d’inconnus, qui, pourtant, sont tous là pour la même chose : s’amuser pendant une heure et demi. Le public est là parce qu’il apprécie nos chansons. C’est un lien particulier qu’on ne prend pas à la légère.

 

 

Dernière question : notre média s’appelle “RockUrLife”. Qu’est-ce qui rock ta life, Josh ?

Josh : Mon chien, ma famille, mes amis. Et juste la sensation de savoir que je fais quelque chose de ma vie, et, que quand je serai vieux et que je me demanderai si j’ai vécu, je pourrais dire : “oui, j’ai quand même fait pas mal de trucs”. On fait tous des choses différentes et c’est ça qui rend la vie et les gens intéressants.

La vie est courte et je veux pouvoir regarder en arrière et me dire : “tu as vu le monde autant que tu as pu, tu as lié de belles relations”. Je pense que c’est qu’on essaie tous de faire; faire quelque chose qui nous rendra fier plus tard.

 

 

Site web : youmeatsix.co.uk

Coralie Monange

Coralie Monange

Journaliste-rédactrice
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