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DEWOLFF (20/03/18)

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Sorti en mai dernier, le nouvel album de DeWolff se découvre dans les bacs et en live ! Alors que le groupe va bientôt arpenter les routes françaises, retour sur cette rencontre intéressante.
 

Pouvez-vous nous présenter votre groupe ?

Luka Van De Poel (batterie) : Nous sommes DeWolff, je suis Luka et j’assure le poste de batteur. Pablo est à la guitare et Robin gère le Hammond. Le groupe fête ses dix ans d’existence.

Pablo Van De Poel (guitare) : Et nous jouons un rock psychédélique inspiré des années 70.

Votre nouvel album se nomme “Thrust”. Que se cache derrière celui-ci ?

Luka : Après avoir composé la plupart des morceaux de l’album, nous pensions déjà à ce titre. Certains des titres sont vraiment très heavy tel que “Big Talk” et “Thrust” renvoie à l’idée d’une poussée violente, comme une fusée qui s’apprête à sortir de l’atmosphère. C’est à la fois puissant et heavy, il caractérise bien ces nouveaux titres.

Pablo : De plus, cela fait maintenant dix ans que nous élaborons cette musique et l’heure est venue de la diffuser davantage encore, toujours dans cette idée.
 

Quel est le processus créatif au sein du groupe ? Faites-vous des démos ou partez-vous d’une feuille blanche ?

Luka : Nous fixons des périodes de répétition au studio puis une fois réuni il ne s’agit que de jam ou alors on peut avoir un ou deux idées de chansons, rien de plus. Par la suite, on enregistre ces idées, histoire d’avoir un petit support sur lequel travailler. Cela peut prendre un jour comme plusieurs semaines si on souhaite faire quelque chose de vraiment complexe.

Pablo : Il nous arrive également de composer certaines parties tel jour et le reste la semaine suivante voire même de les modifier. Mais oui nous faisons des démos une fois en phase d’écriture. D’un point de vu créatif, nous sommes partis de zéro cette fois-ci.

Vous évoluez dans un registre très old school. Comment en êtes-vous arrivés là ?

Pablo : J’écoutais Limp Bizkit et Metallica, mes premiers amours. Puis mon père m’a offert une compilation de Jimi Hendrix, j’avais onze ans mais lui ne connaissait pas Hendrix, juste de nom. J’ai donc commencé et découvert Hendrix et j’ai tout de suite accroché, c’est d’ailleurs moi qui ai branché notre père sur ces musiques old school. J’ai découvert Led Zepplin ensuite et voila où j’en suis !

Jouais-tu déjà de la guitare ?

Luka : Oui mais il était mauvais. (rires)

Pablo : J’ai commencé à neuf ans et même en prenant des cours, j’étais vraiment mauvais. C’est à partir du moment où j’ai voulu jouer sur les morceaux de Hendrix que j’ai commencé à m’améliorer.

Et comment en êtes-vous arrivés à former un groupe ?

Luka : Pablo jouait déjà dans un groupe à l’époque mais cherchait quelque chose de nouveau.

Pablo : Pour un gosse de treize ans ça allait mais c’était très simple. Je voulais découvrir la musique psyché et la jouer comme du Pink Floyd, mais avec eux ce n’était pas possible. Donc on a commencé à jouer avec Luka puis nous avons convié Robin à nous rejoindre. Cependant ce n’était qu’un groupe pour le plaisir dans un premier temps, rien de plus. Nous avons longtemps attendu avons longtemps attendu avant de faire un premier concert.

Luka : Je me souviens, je disais même : “non je veux juste faire de la batterie, pas un groupe.” (rires) 

Avec du recul, pensiez-vous en arriver là aujourd’hui ?

Pablo : Non jamais. Je n’aurais jamais imaginé tout cela mais tout est arrivé si vite. Si on m’avait dit il y a dix ans, j’aurais dit que c’était impossible. Le destin en a voulu autrement puis tout s’est passé tranquillement, nous n’avions pas vraiment d’objectifs. La seule motivation était et est de faire de la musique.

De quoi parlez-vous au travers de vos chansons ? Que souhaitez-vous partager ?

Luka : Là on a un titre sur Donald Trump mais également des titres plus politiques. Nous n’avions jamais fait ça, donc c’est assez nouveau pour nous.

Pablo : Quand on évoque le rock psyché, on l’associe avec les histoires d’alien etc mais cette fois, nous avons écrit au sujet de ce qui occupait nos esprits sur le moment. Dans vingt ans, en écoutant cet album, tu pourrais identifier la période durant laquelle l’album a été fait. On ne cherche pas forcément à faire du rock des années 60/70 et la difficulté de définir notre musique ne nous dessert pas, bien au contraire.

Quant au titre sur Donald Trump. Le soir des élections, je suis allé me coucher puis au reveil, c’était finalement Trump. Nous avions une répète de prévue et on n’arrêtait pas de parler des élections. On a donc commencé notre session et la musique qui en ressortait était vraiment dure, presque violente, donc ce titre se devait de parler de lui. Nous avions fait une démo le jour même et l’avions partagé sur Facebook dans la foulée. Nous étions dans un tel état, l’émotion suscitée était si forte. C’est d’ailleurs comme ça tout au long de l’album, nous composions ce que nous avions en tête à cet instant précis.

Avez-vous déjà pensé à faire quelque chose de vraiment différent, de plus lourd ? Ou fixez-vous des limites ?

Pablo : On écoute tellement de choses au fil des années. Lorsqu’il est temps d’aller en studio et de composer, nous n’avons pas vraiment de concept ou quoi, on démarre et on voit ce que ça donne. C’est surtout la manière dont, nous trois, pouvons faire les choses. C’est ce qui caractérise DeWolff. Nous ne pensons pas vraiment à faire les choses de manière différente car nous avons un mode de fonctionnement unique. Néanmoins, nous évoluons au travers de nos sons. On essaie de nouvelle choses de ce côté là oui.

Luka : On cherche toujours un nouveau son, quelque chose de différent. C’est toujours un challenge de trouver LE truc, LE son.

Pablo : Nous sommes plutôt ouverts mais lorsqu’on en vient à l’essence même de notre musique il suffit de se poser la question suivante : “j’aime bien ou non ?”. Il est toujours question de l’affinité que l’on a envers notre musique, et pour cet album, nous avons senti les choses d’une manière différente sans doute, rendant les morceaux différents.
 

Avec vos différents sons, ambiances etc. Comment constituez-vous votre setlist ? Histoire d’avoir quelque chose de cohérent tout de même.

Luka : Ces dernières années, nous avons vraiment identifié ce qui marchait et ce qui ne marchait pas. Il y a des albums qui ne sont plus représentés car cela ne nous va pas en live. Pour cet album c’est différent, on pourrait jouer tous les moreaux, il n’y aurait aucun soucis.

Pablo : Prenons l’exemple avec “DeWolff IV” (2012) et l’ensemble des arrangements. Lorsque l’on a voulu les faire en live, quid des arrangements ? Car c’était eux qui faisaient les mélodies des morceaux et à la guitare, ça ne passait pas du tout. Six mois plus tard, c’était un peu la crise car si on ne peut pas jouer ces morceaux, les morceaux restants avaient plusieurs années et ne correspondait pas vraiment à ce qu’était le groupe à cet instant là. C’est à partir de là que notre méthode d’écriture a changée, à ce qu’elle est aujourd’hui.

Quel serait votre top 3 pour ce nouvel opus ?

Luka : “Big Talk” car elle dégage une telle énergie ! De plus nous la jouons depuis un moment maintenant, tout fonctionne à merveille avec. “Freeway Flight” car j’ai beaucoup apprécié le processus créatif autours de ce titre. Elle est vraiment complexe et nous avons mis beaucoup temps pour trouver la bonne formule. De plus, vu que l’on enregistre sur des bandes, il fallait beaucoup la travailler avec ses diverses parties, le challenge était donc plaisant mais pas seulement, ce titre sonne vraiment bien ! Enfin, “Tragedy? Not Today” car elle dégage quelque de fort et j’aime beaucoup la jouer également.

Pablo : “Big Talk” car c’est le premier titre que je conseillerais à quiconque pour découvrir l’album mais aussi car elle dégage quelque chose de très puissant. Ensuite, “Freeway Flight”.

Luka: Oh ! (rires)

Pablo : Sans doute pour les mêmes raisons que lui. (rires) Il y avait toutes ces parties qu’on n’arrivait à associer correctement. On l’a enregistré puis le lendemain, après écoute, ça n’allait pas. On a testé différentes combinaisons mais ça n’allait toujours pas. On a alors associé une couleur à chaque partie, au final on en avait dix. (rires) “Et si on mettait le jaune entre le rouge et le bleu ?” (rires) c’était comme un puzzle et finalement nous avons trouvé la parfaite combinaison. Mais il fallait maintenant apprendre à la rejouer et sachant qu’on enregistre sur des bandes, il ne fallait certainement pas faire d’erreur. Le challenge était rude jusqu’à la version finale du morceau. Et enfin je dirais “Outta Step & Ill At Ease”, la dernière de l’album. Je l’ai en partie composé et c’est sans doute l’un des meilleurs morceaux que j’ai pu créer.
 

Vous avez de nouveau enregistré et produit l’album vous-mêmes. Seriez-vous tenté de faire autrement un jour ? Avec un producteur et en utilisant des prises digitales et non sur bandes.

Pablo : Nous avons déjà fait un album avec un producteur mais en développant, au fil des années, notre musique et notre vision des choses, nous n’avons pas vraiment besoin de l’aide extérieure pour le côté créatif. Pour “Thrust”, je pense que ça aurait été frustrant avec un producteur car lui dirait : “ça c’est ok” mais je répondrais : “non mec je peux faire beaucoup mieux”. A trois, nous avons la patience et le temps pour améliorer ce que l’on fait jusqu’au résultat parfait.

Luka : De plus on peut en parler entre nous, si c’est bon ou mauvais. Il n’est pas à exclure que cela devienne bizarre avec une autre personne.

Pablo : Si un jour on rencontre une personne avec qui nous sommes en phase et avec qui on souhaiterait faire des choses, pourquoi pas ! Mais à ce jour, ça me parait compliqué.

Luka : Neuf fois sur dix, l’idée proposée par un producteur n’est pas forcément bonne, elle est juste différente.

Que pensez-vous de cette nouvelle vague de rock n’roll old school ?

Luka : Je trouve qu’elle est vraiment bonne.

Pablo : Une partie est bonne oui.

Luka : Oui mais ce que je voulais dire c’est qu’elle n’était pas inexistante non plus. Il est vrai qu’en ce moment, elle prend de plus en plus de place, tout comme aux Pays-Bas où la scène rock émerge de nouveau, c’est un très bon signe pour l’avenir.

Pablo : Les hommes ont évolué à partir du moment où l’on a pu mettre par écrit le savoir, imprimer les livres et les transmettre. Quelqu’un pouvait donc apprendre et essayer à sa manière, chercher de nouvelles choses, comme les sciences. C’est pareil avec la musique sauf qu’elle, elle n’est pas tant évoluée. On enregistre depuis les années 20 je pense, et c’est seulement dans les années 60 que certains se sont inspirés du blues des années 50. De mon point de vue, ils l’ont amélioré comme si c’était leur musique mais on créé quelque chose de nouveau, d’excitant et de plus qualitatif. Après cela, les gens n’ont fait que copier ces groupes et voici qu’on a tous ces genres différents. Aujourd’hui, nous sommes à une époque où tu n’as pas vraiment besoin de savoir faire de la musique pour en créer. Il te suffit d’installer un logiciel sur ton ordinateur, de lancer un beat et voila. Il ne te faut aucune connaissance. Beaucoup de ces personnes qui créent de la musique à partir d’un beat n’ont sans doute jamais écouté Led Zeppelin ou même The Beatles. C’est une honte et les choses ne s’améliorent pas vraiment. Dans les années 60, c’était pareil, sauf qu’il te fallait prendre une guitare, apprendre à en jouer pour pouvoir ensuite créer du son ou imiter d’autres groupes. Aujourd’hui tu n’as plus besoin de savoir jouer, allume ton PC et hop. On retourne en quelque sorte au Moyen-Age côté musique, et les artistes ne savent parfois plus comment composer une chanson.

Donc pour en revenir à ta question, ce que j’aime en penser c’est qu’avec tous ces vieux albums, ces titres; on les absorbe, on s’en imprègne puis on pense à la manière dont on va les employer pour rendre un contenu fidèle à ce que nous sommes et à notre époque.

Enfin, nous sommes “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rock vos life chez DeWolff ?

Luka : Sex!

Pablo : Ma femme !

(rires)

Pablo : C’est un peu cliché mais la musique ! Je ne peux pas passer un seul jour sans écouter ou jouer de la musique. Allez, il peut m’arriver, au cours d’un mois, deux jours sans en faire, mais le restant du temps, c’est ce que je fais.

Luka : Pour moi également évidemment. Mais depuis maintenant quelques temps, l’un de mes hobbies concerne les voitures, en ce moment ça me rock carrément !


 

Site web : dewolff.nu