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DIMMU BORGIR (07/03/18)

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Après huit années de silence, Dimmu Borgir sort “Eonian” le 4 mai prochain chez Nuclear Blast. Pour l’occasion, RockUrLife a rencontré Shagrath et Silenoz dans la capitale pour en savoir un peu plus sur ce nouvel album tant attendu.

Vous sortez votre prochain album dans quelques semaines. Comment vous sentez-vous à la veille d’une sortie d’album ?

Silenoz (guitare) : On se sent complets. (rires)

Shagrath (chant) :  Oui c’est un accomplissement. Cela nous a manqués à tous les deux et ça fait du bien d’être de retour après tant d’années.

Silenoz : C’était une longue grossesse (rires). La bête sera bientôt libérée de sa cage.

Shagrath : Je sais que les gens l’ont attendu depuis un long moment.

Silenoz : J’ai le sentiment que cela a été tout aussi long pour nous que pour les fans. Il faut être constamment actif dans ce milieu et nous n’avons pas été actifs depuis un moment.

Oui, vous nous avez manqué !

Silenoz : Oui, cela nous a manqué de ne pas être dans les parages. “Eonian” en particulier a été long à faire et il lui a fallu le temps qu’il fallait pour être fini. C’est une bonne et une mauvaise chose de ne pas avoir de deadline mais cette fois… c’était plutôt une bonne chose !

Shagrath : Il y a tant d’autres groupes à écouter

Tu penses à des groupes en particulier ?

Shagrath : Non, je parle plutôt en général.

Alors, pouvez-vous nous dire pourquoi l’attente entre les deux albums a été aussi longue ?

Shagrath : Le dernier album “Abrahadabra” est sorti en 2010 et nous avons tourné jusqu’en 2014. Et quand nous sommes en tournée, nous devons nous concentrer sur notre performance live. Je n’arrive pas à faire de la musique quand je suis sur la route. Donc déjà quatre ans s’était écoulé. Et après cela, nous avions besoin d’un break, nous devions réfléchir, il y a eu des changements par rapport aux gens avec lesquels nous travaillions.

Silenoz : C’est normal pour nous d’avoir toujours un hiatus après avoir tourné pour un album. Peut-être que cette fois le break était un peu plus long que d’habitude. Certains d’entre nous sommes devenus parents encore, donc nous avions de différentes perspectives. Mais je veux dire nous travaillons sur cette album depuis 2012.

Shagrath : Oui nous écrivons des petites idées quand nous sommes tous à la maison séparément puis on s’envoie nos idées. Donc en soit, le travail reste permanent.

Silenoz : Même quand nous n’avons pas beaucoup d’inspiration, on arrive toujours à avancer sur d’autres choses. Mais nous ne pouvons pas forcer l’inspiration.

Shagrath : Tout cela est très mystérieux. Ce n’est pas comme un job normal, genre tu te réveilles tous les matins, tu t’assois derrière ton bureau. Cela fonctionne d’une façon très étrange et très différente.

Silenoz : Se réveiller en plein milieu de la nuit, à 4h du matin, juste pour écrire les quelques paroles qu’on a en tête, enregistrer cette mélodie qui nous trottait dans la tête fait désormais parti de notre routine et notre quotidien.

Shagrath : On doit vraiment rester concentré sur l’album tous les jours de la semaine et puis parfois pendant trois mois, on va passer trois mois sans toucher un instrument. C’est assez étrange. Mais je pense que c’est un peu pareil pour les gens qui écrivent des livres.

Silenoz : C’est comme ça que cela fonctionne pour nous. Parfois je choisis délibérément de ne pas toucher une guitare pendant une semaine, quand je récupère ma guitare, il se passe souvent quelque chose de nouveau dans ma tête. Genre ton esprit est rafraîchi.

Shagrath : Et puis parfois tu écris quelque chose, tu penses que ton idée est top. Et tu la relis une semaine après et tu te rends compte que ton idée est pourrie. (rires) Donc tu dois recommencer. C’est pas comme si tu crées quelque chose en continu. Cela demande des breaks, de recommencer parfois. Il y a tellement de matériaux qu’on a mis de côté.

À ce propos, avez-vous déjà écrit une chanson qui n’a pas fini sur l’album car elle ne sonnait pas comme du Dimmu Borgir ?

Shagrath : Sur quelques préproduction précédentes, il y avait certaines choses qui sonnaient un petit peu bizarrement.

Silenoz : Mais on est plutôt ouvert d’esprit.

Shagrath : Oui ! Même si nous avons tous les deux des goûts musicaux parfois différents, nous sommes souvent d’accord. Et la différence qu’il y a entre nous deux, ce sont simplement les goûts musicaux différents. Et c’est ça qui est cool, c’est pour ça qu’on fait des choses biens. Nous sommes super ouverts d’esprit, même si parfois, nous avons des perspectives différentes sur certaines parties d’une chanson ou sur la chanson dans son intégralité. Et c’est pour cela que le processus d’écriture peut être très long, parce que tu veux arranger une chanson de plein de façons différentes et tu dois voir ce qui convient le mieux. Mais il n’y a pas de chansons qui ont été mises de côté sur cet album. Évidemment il y a des parties par-ci par-là qui n’ont pas fini sur l’album, mais pas de chansons complètes. Mais on a essayé d’introduire de vieux enregistrements qui dataient de 1993 jusqu’à 2007 je pense. Il y avait plein de vieilles cassettes, à peu près vingt-cinq. On était genre : “Putain ! On a plein de chansons qui n’ont jamais fini sur l’album”. Puis après, on était plutôt : “Mais merde pourquoi elle n’a pas fini sur un album ?”. (rires) Donc c’était plutôt intéressant. Peut-être que nous l’avions simplement oubliée.

Silenoz : Ou peut-être qu’il y avait une vraie raison. (rires) On essaie toujours de trouver les raisons pour lesquelles nous les avons jamais utilisées d’ailleurs.

 

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus d’enregistrement ?

Shagrath : C’était important pour nous de prendre notre temps pour compléter la préproduction. Avant que l’on ne rentre en studio, nous ne voulions pas avoir des deadlines pour quand nous devrions y rentrer. C’est plus important de compléter et finaliser les chansons d’abord.

Silenoz : Nous faisions la préproduction pendant que nous écrivions les chansons. Nous voulions que tout soit prêt avant que nous commencions à enregistrer. Donc le son de l’orchestre, les chœurs et quelques voix étaient déjà prêts à être enregistrés, puis nous avons commencé à enregistrer la batterie, la guitare, et la basse au studio. C’est un long processus même si nous étions plutôt efficaces, en particulier au studio. Nous avions deux mois, et nous avons réussi à avoir quasiment tout fait durant ces deux mois. D’habitude, c’est normal de dépasser cette durée. Nous étions très bien préparés, nous avions travaillé très durement en studio et nous avons donné le meilleur de nous-mêmes.

Shagrath : Et Jens Bogren (ndlr : le producteur) a été très spécifique dans la façon dont il voulait travailler. Nous n’avions jamais travaillé avec lui auparavant, nous ne savions pas à quoi nous attendre. Il nous a plus ou moins poussés à bout mentalement. Il nous a poussés au max pour que nous puissions réaliser le meilleur album possible. Dans le sens où, que ce soit la guitare, le chant ou peu importe, tu dois le faire genre vingt fois. Vingt putain de fois. Il fallait que ce soit parfait.

Silenoz : Mais il fait ça aux autres groupes aussi ! Ce n’est rien de nouveau je pense, mais nous n’avions jamais travaillé comme cela. Ça nous a pris les nerfs. À plusieurs reprises, on avait envie de le frapper. (rires) Alors bien que parfois cela tournait au cauchemar, le résultat parle de lui-même.

Shagrath : Oui c’est exactement ça. C’est un très bon producteur. Même si sa façon de travailler était très différente de la nôtre. Nous voulions un son plus organique, particulièrement pour la batterie et on aimait vraiment bien sa façon de mixer.

Qui a eu l’idée de ce titre, “Eonian” ?

Shagrath : Je pense que c’est Silenoz qui a eu l’idée de ce titre mais nous y avons réfléchi un million de fois.

Silenoz : Un peu comme sur l’album précédent, et l’album encore d’avant.

Shagrath : Je pense que nous l’avons vraiment décidé et approuvé après qu’on ait fini l’album. On a pensé à continuer avec ces trois mots comme on avait l’habitude de faire avant. Je pense qu’on a conclu avec “Eonian” car il représente parfaitement l’univers de cet album.

Silenoz : Il a ce côté mystérieux, c’est le point principal des paroles également. Le titre tout comme les paroles sont à analyser plus qu’à expliquer, et le nom est une bonne introduction à notre monde.

 

 

Pouvez-vous nous dire un secret à propos de cet album ?

Silenoz : Un secret ? Je pense que cette fois nous n’avons pas eu de fantômes au studio.

Un fantôme ?

Silenoz : Oui nous avons l’habitude d’en avoir un. Quelque chose de bizarre arrive toujours en studio, quelque chose qu’on ne peut expliquer.

Shagrath : Comme une malédiction.

Silenoz :  Voilà !

Shagrath : Maintenant c’est comme si on était habitué, quand quelque chose arrive, nous ne sommes même plus surpris du tout. (rires) Sur les albums précédents, on travaillait au studio, et tout le système s’est complètement mis à disjoncter. C’est arrivé plus d’une seule fois. Par exemple, nous enregistrions “Spiritual Black Dimensions”, on faisait le chant. En fait, on travaillait avec un guest vocal et puis il y avait cette cassette sur laquelle nous étions en train de travailler, tu sais ce genre de cassettes où il y a huit chansons genre connectées les unes des autres, je pense que la numéro sept s’est complètement mise à déconner (il imite le bruit). Je pense que c’était au moment où il y avait un genre de journaliste qui était venu checker l’album et il était putain de surpris. Et nous on était genre évidemment c’est arrivé à ce moment-là. Donc, on a plein de malédictions de studio.

Silenoz : C’est arrivé sur un autre album aussi, après avoir enregistré la batterie je pense. Mais cette fois, tout s’est bien déroulé.

De nombreux compositeurs se questionnent beaucoup dans leurs écrits ou leurs paroles mais on a remarqué que vous ne le faites pas vraiment. Êtes-vous plutôt du genre à répondre aux questions plutôt qu’à vous en poser ?

Silenoz : C’est une question difficile. Pour moi personnellement, je suis plus une personne introvertie. Et je m’exprime dans la musique. Je prends de plus en plus mes distances par rapport au monde et aux choses en général.

Shagrath : Je suis totalement d’accord. Dans le sens où nous vivons tous les deux dans notre petit monde. Je pense que c’est vraiment très important quand tu es une personne créative car le moins de distraction que tu as du monde extérieur, le plus créatif tu es.

 

 

Vous allez jouer au Hellfest cette année. Pouvons-nous espérer vous voir pour un show en headliner en France ?

Shagrath : Oui nous sommes en train de préparer une tournée européenne en ce moment. Ce sera probablement en novembre/décembre.

Pour conclure, nous sommes “RockUrLife”. Alors qu’est-ce qui rock votre life ?

Shagrath : Mes enfants rock ma life et la musique évidemment. Nous aimons la musique, ce n’est pas seulement notre job.

Silenoz : Je répondrais pareil.

 

 

Site web : dimmu-borgir.com