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CAELESTIS (29/11/16)

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A l’occasion de la sortie du mini EP, Caelestis s’est entretenu avec nous, nous ouvrant les portes de son royaume bleu, un univers tout aussi musical que conceptuel.

Si l’on ne se trompe pas “Caelestis” vient du latin. Qu’est-ce que cela signifie et pourquoi avoir choisi ce nom ?

Cataldo Cappiello : Oui, c’est exact. Le mot vient du latin et il signifie “depuis le ciel, divin, céleste”. On a choisi ce nom pour que nos auditeurs comprennent que la musique qu’ils écoutent traite du “monde bleu” qui vit et s’étend autour de nous chaque jour. Depuis les temps anciens, le bleu a été la couleur de la pureté et de la spiritualité.

Vous avez fait une grande quantité de reprises et certaines ont eu beaucoup de succès sur YouTube. Pourquoi est-ce intéressant de faire des reprises ?

Vera Clinco : Les reprises te permettent d’entrainer tes compétences en matière de composition et d’exprimer ta façon d’appréhender la musique et les arts. C’est tellement génial et gratifiant de voir qu’après être tombé sur nous grâce à une reprise, nos auditeurs adorent notre son et veulent en écouter davantage.

Cataldo : Notre fanbase s’est pas mal élargi ces derniers mois et c’est principalement grâce aux reprises. Aussi, depuis qu’on a commencé, on a trouvé notre identité en tant que groupe. Maintenant notre esprit est plus clair que jamais quant à ce que l’on veut jouer et chanter en tant que musiciens.

Par exemple, celle de “Délivrance” (ndlr : reprise d’Alcest) est très intéressante, avec quatre langues différentes. Est-ce quelque chose que vous aimeriez refaire dans le futur ?

Vera : Oui, complètement ! Avoir des paroles en plusieurs langues est en fait quelque chose que j’ai proposé car je suis très intéressé par les langues étrangères et la communication. En ce moment j’étudie le japonais et j’ai vraiment hâte de pouvoir traduire et faire des adaptations dans cette langue.

Pourquoi avoir fait le choix de chanter dans votre langue maternelle ?

Cataldo : On utilise l’italien comme langue principale parce que c’est celle que l’on parle depuis… toujours. C’est donc celle que l’on maitrise le mieux. Cela nous permet d’écrire d’une façon plus “littéraire, poétique”. On connait quelques langues étrangères. Vera en connait bien plus que moi mais le plus important c’est que l’éventail des émotions et des nuances que l’on veut exprimer ne peut être exprimée qu’en italien, notre langue maternelle. Ensuite, l’italien est une langue charmante, complexe et pleine d’histoire.

En France, on ne connait que peu la scène rock/metal italienne : Lacuna Coil, Rhapsody, Janvs. Que pensez-vous de votre scène en Italie ?

Cataldo : J’aimerai mettre en avant la scène post-rock/shoegaze italienne. On a quelques gros noms comme Arctic Plateau ou Klimt 1918. Il y a aussi quelques perles rares ici et là, comme Emmecosta, qui ne sont d’ailleurs pas très loin de chez nous, dans le sud de l’Italie.

Vous avez clairement votre propre univers et la couleur “blue” fait vraiment partie de l’identité de Caelestis. Sur votre site internet, on peut lire “musique bleue pour esprits spirituels”. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Cataldo : Le bleu apaise l’esprit, véhicule des sentiments joyeux du passé, éveille l’enfant en nous. Ce n’est pas juste une couleur. C’est le symbole de tout un état d’esprit. Je ne supporte pas d’aller à la plage. Le soleil me brûle, je ne me sens pas bien sur le sable et je déteste que d’autres personnes me regardent. Donc on pourrait dire que je déteste la mer. Mais ça ne pourrait pas être plus faux. Souvent, à la nuit tombée, je reste éveillé, hanté par la pensée de ses vagues qui dissimulent tant de périls et de dangers, mais en même temps, préservent le secret de la vie. J’aime la mer plus que personne ne le pourra jamais.

Vera : En faisant quelques recherches, on a également trouvé que dans la culture des bouddhistes indiens, il y a le lotus bleu qui est considéré comme une fleur sacrée symbolisant la pureté et l’amour universel, donc on a également adopté ça sous forme de métaphore.

 

 

Dans une interview récente, Neige d’Alcest a dit que, selon lui, il est très important de comprendre la différence entre religion et spiritualité. Est-ce que vous êtes d’accord avec ça ?

Cataldo : J’ai un regard très personnel sur la vie, la spiritualité et la morale. Je me suis détaché de la religion quand j’étais jeune, car j’ai toujours pensé que le seul pouvoir en lequel je peux me fier est ma propre force. Je ne nie pas qu’il pourrait y avoir quelque chose de plus grand et de plus fort que nous les humains : je pense juste que ce n’est pas ce dont j’ai besoin. Je crois en la nature. C’est la vraie puissance que l’on ne peut vaincre, c’est l’essence de l’éternité. Quand les gens disent que l’on détruit notre planète, je leur dire qu’ils ont tort : ils détruisent seulement les conditions qui nous permettent à nous de vivre ici… mais la planète, elle, est en sécurité et le sera toujours.

Vera : Exactement. Malheureusement, de nos jours les gens considèrent la religion comme un ensemble de dogmes et de règles à suivre pour être sauvé à la fin de leur existence terrestre. Les religions sont souvent utilisées comme un moyen de contrôle, pas si différemment de la politique ou de l’économie. Chacun de nous est un être complet capable de tout et n’importe quoi et les problèmes sur lesquels on tombe dans nos vies ne sont pas quelque chose dont on doit avoir peur. Nous sommes tous des Dieux, tous des Buddhas et chacun de nous peut accomplir de belles choses avec sa vie et être capable de naviguer au sein des plus grands et des plus dangereux océans. Parce que s’ils sont là dans nos vies, c’est pour une raison. Celle de nous faire grandir.

Vous avez une présence importante sur les réseaux sociaux et vous avez également beaucoup de vidéos sur votre chaine YouTube. Sur la chaine de votre groupe, vous avez mêmes des vidéos sur les jeux vidéo, ce qui est marrant. N’avez-vous pas peur que vos auditeurs soient un peu perdus lorsqu’ils arrivent sur votre chaine Youtube ou diriez-vous plutôt que c’est peut-être plus important de montrer que vous n’êtes pas seulement un groupe mais des gens qui peuvent aussi s’amuser comme n’importe qui ?

Cataldo : J’attendais cette question. Le principal objectif de notre projet est de créer une communauté. Nous ne sommes pas un groupe ordinaire qui cherche à être encensé. Il n’y a pas de “fan” et de “groupe” : nous sommes tous des esprits bleus. Tu peux le voir sur tous nos réseaux : on aime rigoler, sourire et même faire des memes sur nous-mêmes. Rire de nous-mêmes est une façon de nous donner moins l’air d’être des “artistes intouchables” et plus comme des amis, des gens comme nos auditeurs. Evidemment, les types de contenus comme des vidéos d’instructions, de jeux idéos, de sondages et de ce genre-là sont en nombre limité et le contenu principal de notre chaine reste la musique. Mais on aime mélanger les cartes et offrir des choses incongrues à nos esprits bleus.

Parlez-nous un peu de “l’Underground Metal Alliance”.

Vera : UMA est une organisation née en 2012 dont le but est de réunir tous les artistes underground de rock et metal. J’y travaille en tant que bénévole et je fais des traductions et parfois de la correspondance étrangère. L’organisation a beaucoup grandi ces dernières années et compte maintenant plus de mille membres. Maintenant on essaie d’aider à la promotion et d’encourager les artistes pour qu’ils développent la bonne stratégie pour présenter leur musique. UMA a aussi eu plusieurs festivals, ce qui a donné la possibilité à des groupes de toute l’Italie de jouer et dernièrement des groupes déjà affirmés comme par exemple In Tormentata Quiete ou Negura Bunget.

Avez-vous aidé des groupes italiens ou des groupes en provenance d’Europe/du monde entier ?

Vera : Des groupes Italiens principalement. Pendant un certain temps on avait essayé de développer l’idée à l’étranger également et ça a marché un peu en République Tchèque et… en Turquie si je me souviens bien. Mais ce n’est pas très facile de trouver des collaborations régulières.

Pour terminer, notre média s’appelle “Rockurlife”» donc question traditionnelle : qu’est-ce qui rock votre life ?

Cataldo : Je dirais bien “pizza” mais depuis que j’ai la cœliaque je suis devenu une personne esseulée et triste. Peu importe, je vais être banal. Mais honnêtement, l’amour est ce qui rock ma life. Je ne serai rien sans l’amour de personnes géniales qui restent chaque jour à mes côtés. Je deviens un peu seul depuis que je travaille non-stop sur ce projet mais mes amis et ma famille me soutiennent et m’aiment toujours. Et c’est ce qui me fait, et me fera toujours aller de l’avant.

Vera : La pratique du Bouddhisme et l’art sous toutes ses formes rock ma life !

 

 

Site web : caelestis.bandcamp.com