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BULLET FOR MY VALENTINE (26/03/18)

English version

À l’occasion d’une journée promotion à Paris, Matt Tuck, chanteur du groupe Bullet For My Valentine, est venu nous parler du nouvel album “Gravity”, des différents changements de line up mais aussi de ce qu’il a traversé après sa séparation avec sa femme.

Salut Matt ! Pour commencer, tu es sur le point de sortir un nouvel album avec Bullet For My Valentine, ça fait un moment depuis le dernier, comment te sens-tu ? Nerveux, anxieux ?

Matt Tuck (chant) : Non, c’est vraiment excitant, on a passé toute l’année dernière à l’enregistrer jusqu’à Noël donc je suis juste content que tout commence à se mettre en place, qu’on commence à avoir des retours dessus et que l’on puisse sortir des titres de temps en temps donc oui, c’est très excitant !

À la fin de 2017 vous vous êtes séparés de votre batteur de longue date, mais on ne sait pas trop comment ça s’est passé. Avec son départ et celui du bassiste en 2015 il ne reste que deux membres originaux du groupe.

Matt : C’est toujours 50 %. Deux sur quatre, ce n’est pas la fin du monde. S’ils veulent s’exprimer sur les détails de pourquoi ça s’est terminé et pourquoi les choses ont changés comme ça, ça les regarde. Ce n’est pas à moi de le faire ni de m’en soucier. Désolé, j’évite un peu celle-là. (rires)

Pas de soucis, mais on voudrait savoir ce qu’apportent les nouveaux membres du groupe. Est-ce qu’ils prennent part aux sessions d’écriture et d’enregistrement ?

Matt : Oui, écriture et enregistrement, mais pas tellement, car notre producteur voulait que j’enregistre les guitares et la basse. Mais ils apportent quelque chose de nouveau à notre vie. Passer plus de vingt ans dans un groupe avec les mêmes personnes c’est incroyable, mais c’est aussi pesant. Et avoir deux nouvelles personnes qui ont faim et qui étaient fan du groupe, ça permet en plus de se rendre compte de comment est perçu le groupe de l’extérieur. Donc c’est vraiment bon d’avoir de nouvelles visions des choses, de nouvelles énergies, et d’aborder la créativité d’une autre manière sans vivre dans le passé. Donc c’est que du positif.

Et quelle est la plus grande différence entre eux et les anciens membres de Bullet For My Valentine ?

Matt : Leur personnalités déjà, après, n’importe qui peut apprendre un morceau à la guitare, mais ce sont vraiment de personnes très différentes pour de bonnes ou mauvaises raisons, mais au moins ils sont différents. Et c’est très rafraîchissant !

Et puis comme ça le groupe évolue.

Matt : Exactement, ça nous donne d’autres perspectives d’où on veut aller.

Et ça s’entend d’ailleurs ! Le nouvel album est très différent des anciens. Tu avais déclaré dans une interview que tu ne voulais pas faire quelque chose de similaire à Bring Me The Horizon. Mais après avoir écouté “Gravity” on ne pouvait pas s’empêcher de voir beaucoup de similitudes. Est-ce parce que tu as changé d’avis ou ce n’est pas volontaire ?

Matt : Je ne sais pas. Quels morceaux te faisait penser à Bring Me The Horizon ?

“Don’t Need You” en premier.

Matt : Oui, mais c’était en 2016 celle-là, c’est vieux maintenant.

Mais il y en a d’autres, c’est surtout avec le côté catchy et électronique. L’album reste bon on te rassure !

Matt : Oui, je suis juste curieux, mais je vois ce que tu veux dire, mais on a toujours un peu eu des sonorités électroniques dans Bullet For My Valentine. On peut faire plein de choses avec des guitares et une batterie, mais rajouter ces éléments fait aussi parti de la réinvention du groupe on est moins limité et on s’ouvre vers d’autres horizons. On a cherché nos influences un peu partout, il n’y a pas que Bring Me The Horizon, il y a aussi Deftones, mais l’idée principale était surtout comment ne pas faire flipper les gens avec ces changements, toujours en leur parlant, mais en montrant quelque chose de nouveau.

Et comment le prends-tu quand on te compare à ces groupes, est-ce que quelque part tu le prends bien ou ça t’énerve ?

Matt : Ca dépend de si le groupe est bon ou non ! (rires), mais Bring Me The Horizon est un grand groupe, Linkin Park aussi. Des groupes vont forcément un jour se ressembler à un moment de leur carrière et c’est dur de ne pas le faire. Pour “Scream Aim Fire” là on était comparé à Metallica et Slayer. Les temps changent et c’est ce que j’écoutais à ce moment-là.

 

 

Il y a environ un an, tu as sorti le morceau “Don’t Need You”. Est-ce qu’a ce moment tu savais déjà à quoi allait ressembler l’album ?

Matt : Non, ce titre était à part, un “one shot” pour rire. Elle ne faisait même pas partie du processus d’écriture de l’album. On n’a pas commencé à écrire l’album avant avril 2017 et on a fait ce morceau en septembre 2016 si je me souviens bien. Mais on a eu beaucoup de bons retours et notre label a adoré et voulait le mettre sur l’album. On n’était pas spécialement pour mais bon. On l’a remixé et on a fait en sorte que ça colle un peu mieux.

Justement, comment travailles-tu un album ?

Matt : C’est juste écrire des chansons jusqu’à ce qu’une te plaise, la direction et la sonorité te plaise. On écrit un maximum et on ne veut pas que ce soit prévisible que les gens voient où tu vas. Ça nous pousse plus loin. Pouvoir avoir un son plus contemporain qui sonne 2018 en gardant notre identité avec ce côté heavy metal.

Et travailles-tu toujours avec les mêmes personnes depuis le début ? As-tu changé de producteur entre chaque album ? En gros, comment choisis-tu les personnes avec qui tu travailles ?

Matt : Ca dépend de comment ça s’est passé sur les albums précédents. Je pense qu’il y a du bon dans le changement, car quand je regarde les albums précédents je vois beaucoup de choses différemment, beaucoup de choses que j’aimerais modifiées. Mais pour “Gravity” ça s’est très bien passé.

Comment as-tu choisi le nom “Gravity” pour cet album ? Quel est le message derrière ce titre ? De quoi parles-tu dans cet album ?

Matt : En un mot c’est un album de rupture. Mon mariage s’est arrêté autour de décembre 2015. Je suis tombé en dépression à cause de ça, donc beaucoup de musique parle de comment je me sentais et de comment j’ai traversé ce moment. C’est un album très personnel qui montre une partie de moi que je n’ai jamais montré auparavant, quelqu’un de vulnérable et même en backstage je ne le montrais pas je devais “faire la rockstar” et c’était très pesant. Je ne pouvais pas en parler donc pourquoi ne pas le chanter ?

Si tu ne devais en prendre qu’une, quel morceau de l’album représente le mieux ton état d’esprit ?

Matt : Une seule c’est compliqué, tu ne saisis pas tout avec un seul titre, je suppose.

Partons sur un top 3 dans ce cas là !

Matt : Oh cool ! Bien plus simple. (rires) “Piece Of Me”, “Under Again” et “Not Dead Yet” donc “Va Te Faire Foutre”, “Je Suis Putain D’Enervé” et “L’Espoir” ! (rires) L’album parcourt beaucoup de moment de ma vie, les bons comme les mauvais, c’est plein de sentiments. C’est un rollercoaster d’émotions si tu vois ce que je veux dire.

Et maintenant, comment pourrais-tu convaincre quelqu’un d’écouter cet album ?

Matt : Je ne vais pas essayer de convaincre qui que ce soit d’écouter quoi que ce soit ! S’ils veulent l’écouter c’est bien, s’ils ne veulent pas c’est bien. J’ai mis mon coeur et mon âme dans cet album les autres membres non. Si les gens aiment Bullet, ou le rock metal qu’ils essayent, je suis sûr que tout le monde peut s’y retrouver musicalement.

Donc n’as-tu pas peur de la réaction des gens à la sortie de l’album ?

Matt : J’ai écrit cet album pour moi. J’espère qu’ils vont l’aimer, mais s’ils ne l’aiment pas je ne peux rien y faire. Je n’écris pas pour eux, j’écris pour moi.

 

 

Comment prépares-tu cette tournée ? Est-ce que ce sera comme d’habitude ou comme votre style vous cherchez à faire évoluer l’expérience en concert ?

Matt : Jusqu’à la sortie de l’album, ce sera quelque chose que les gens ont l’habitude de voir. On sera plus en promo sur différents festivals comme le Hellfest, Graspop ou encore le Download. On est très limités en festival. Et une fois que l’on reviendra en hiver, on pourra montrer tout le potentiel de cet album sans restriction.

Donc tu n’aimes pas jouer en festival ? Ou est-ce juste vraiment deux choses différentes pour toi ?

Matt : La plus grande différence c’est que pendant un concert en tête d’affiche on peut jouer absolument ce qu’on veut et faire ce qu’on veut. Et c’est quelque chose de génial. Et les festivals te donnent l’opportunité de faire des “mégas show” devant plus de 60 000 personnes et de ramener des gens autour de la table du groupe. Les deux choix ont beaucoup de charme, mais les festivals sont plus stressants, tu n’as pas de soundcheck, tu dois entièrement faire confiance aux staffs présents et dès que tu entends le son de ta guitare sur scène tu es en mode : “oh fuck off!” ou alors tout fonctionne, il faut juste passer le cap de la première chanson.

Comment vois-tu l’avenir pour le camp Bullet ? Quels sont les plans ?

Matt : Je vois vraiment ce nouvel album comme un nouveau chapitre. C’est véritablement le meilleur album qu’on ait pu faire pour pouvoir avancer et évoluer. Beaucoup plus de gens pourront apprécier ce qu’on leur propose. On n’a pas fait de “Venom 2” qui aurait certes été apprécié par notre fanbase actuel, mais on voulait que notre musique soit plus accessible. Donc j’espère qu’il nous donnera l’opportunité de faire de plus grosses dates en headline c’est ce que j’aimerai. Mais ce n’est pas de mon ressort.

Et si tu avais le choix ?

Matt : Dans un sens j’ai déjà accompli ce que je voulais, ce serait fou de vouloir plus. (rires) Tant que je suis dans les oreilles des gens, moi ça me va.

Peux-tu nous en dire plus de ton projet AxeWound ?

Matt : Ça se refroidit, car maintenant Jason est dans Bullet ! Donc ça a beaucoup moins d’impact !

Penses-tu laisser tomber ce projet ? Et peut-être en faire un autre ?

Matt : Non je pense pas, Bullet est vraiment un job à plein temps et je ne pense pas avoir la patience de refaire ça. L’emploi du temps de Bullet est juste dingue, on a à peine terminé l’album qu’on fait déjà sa promotion un peu partout. Je ne peux pas vraiment m’occuper d’autre chose.

Et pourquoi pas arrêter Bullet pendant un ou deux ans pour prendre une véritable pause ? Même juste pour t’occuper de toi, pas forcément pour refaire un groupe. Y as-tu déjà pensé ?

Matt : Oui ! J’y ai déjà pensé, mais j’ai encore beaucoup de motivation et de passion dans le réservoir pour Bullet. Donc c’est ma priorité, mais peut-être plus tard ! Ou je pourrais explorer de nouveaux styles. C’est définitivement quelque chose que j’aimerai faire, mais il faut que ça soit le bon moment.

Pour terminer, notre site s’appelle “RockUrLife”, qu’est-ce qui rock ta life, Matt ?

Matt : Je vais te montrer ! (sors son téléphone et montre la photo de son fils) il a eu 8 ans hier. Et c’est lui qui rock ma life chaque jour.

 

 

Site web : bulletformyvalentine.com