Interviews

BLACK COUNTRY COMMUNION (06/07/17)

English version

Black Country Communion revient pour un quatrième album et c’est en compagnie du légendaire Glenn Hughes qu’on en apprend davantage !
 

Bonjour Glenn, comment vas-tu ?

Glenn Hughes (chant & basse) : Je pense que ça va ! 

Le nouvel album de Black Country Communion, le voilà enfin ! Quelle a été ta première réaction lorsque Joe Bonamassa t’as contacté pour réactiver le groupe ?

Glenn : C’est comme tu vas le voir une belle histoire. Je venais tout juste d’être intronisé dans le Hall Of Fame et le lendemain, j’étais en train de prendre le petit-déjeuner à New-York et Joe fut le premier à m’appeler pour me féliciter. Il m’a demandé lorsque j’allais rentrer, je lui ai répondu “mardi” et il m’a invité à dîner mercredi. On s’est donc vu comme prévu mais je n’avais strictement aucune idée de quoi nous allions parler mais nous y sommes vite arrivés. Il voulait savoir si j’étais disposé à faire un nouvel album, mais pas un album pour en faire un, un album qui en vaille la peine. Un projet dans lequel nous serions réellement impliqués et concentrés. Les deux autres étaient également OK pour remettre ça puis avec Joe nous avons défini une période pour pouvoir le composer. Joe me demanda d’ailleurs “peut-on retourner dans la salle magique ?” qui s’avère être chez moi. (rires) Il est donc venu pour un total de onze sessions, autant te dire que je n’ai jamais été autant chez moi dernièrement. (rires) Tous les jours il arrivait à 9h59 et jusque deux heures, une nouvelle chanson était terminée. Puis à la fin de chaque session, on se réécoutait les démos et on se posait la question suivante “est-ce que cette chanson est digne d’apparaître sur l’album ?” ou alors “est-ce assez épique pour cet opus ?”. Nous avons composé dix-huit titres. Certains étaient parfaits mais d’autres ne correspondaient pas vraiment à ce que nous souhaitions.

 

Tu as déclaré, au sujet de l’album, que celui-ci était une “progression” vis à vis des précédents et que tu ne souhaitais pas “te répéter”. Du coup comment avez-vous fait ? De plus, n’est-ce pas risqué de dire ça avant d’aborder la composition des nouveaux titres ?

Glenn : Avant d’écrire quoique ce soit, on s’est assis autour d’une table et nous avons discuté de ce que nous voulions faire. Nous avons abordé le premier album et “on a évidemment besoin d’un autre Black Country BAM BAM”, tel “The Crow”. Puis il y a également eu la chanson de Joe “The Last Song For My Resting Place” qui ressemble tellement à Joe. Donc nous avons simplement déterminé ce que nous avons apprécié dans les précédents albums et cela nous a maintenus dans une constante motivation.

Tu as co-écrit toute la musique et les paroles avec Joe. Quid de Jason et Derek, quels furent leurs rôles dans le processus ?

Glenn : Ils n’étaient pas disponibles. Jason vit en Floride et était très occupé l’an dernier et Derek formait un nouveau groupe avec Portnoy en plus des nombreuses autres sessions auxquelles il prenait part. Nous avons composé l’album en octobre et étions les deux seuls. Ce n’était clairement pas prévu mais le hasard des choses a fait que Joe et moi-même étions disponibles et dans la même ville à ces dates-là.

Tu fais une référence à “One Last Soul” au sujet de “Over My Head” et tu la définis de “mainstream”.

Glenn : A vrai dire, je me suis réveillé un matin et j’ai subitement dit “over my head” suite à un rêve, et tu dois me croire là ! Et je me suis tout de suite dit que ça pourrait faire un bon refrain puis j’ai commencé à réfléchir au groove de la chanson et ça s’est immédiatement rapproché de l’ambiance de “One Last Soul”. Nous avions d’ailleurs besoin d’un titre ayant la même vibe.

Un mot sur “The Cove”. Ce sujet te tient beaucoup à coeur. Peux-tu nous en dire plus à propos de cette “baie meurtrière” ?

Glenn : Je collabore avec une organisation nommée le Dolphin Project. D’octobre à mars, les chasseurs japonais vont deux/trois miles aux larges et rabattent les dauphins dans cette baie avant de tous les massacrer. J’ai vu des images que personnes ne devrait jamais voir. Depuis, je suis devenu vegan et je m’engage énormément pour cette cause. De plus, je ne pourrais sans doute plus retourner au Japon. Cette situation me touche et me préoccupe beaucoup et je voulais aborder ce sujet au travers d’une chanson. Il y aura d’ailleurs un gros clip pour celui-ci.

Le titre le plus long “Wanderlust” dévoile une ambiance très old school avec ses claviers et la vibe qu’elle dégage. Ce titre ne serait-il pas “mainstream” justement ? A vrai dire elle n’est presque pas rock.

Glenn : Tu es la première personne, aujourd’hui, à m’évoquer “mainstream” pour “Wanderlust”. C’est le second titre que nous avons enregistré et il possède un groove très Fleetwood Mac et Beatles, dans le sens mélodique du terme. C’est d’ailleurs typique de notre fonctionnement : Joe propose un couplet, je m’occupe du refrain et au final la chanson se fait toute seule. Nous ne cherchons pas à savoir ce que pense le public de nous. Nous ne sommes pas un groupe de metal, nous ne faisons pas du blues, pour l’amour de Dieu, nous sommes un groupe de classic rock ! N’ayons pas peur des mots et affichons le. On n’essaie pas d’être moderne ou dans la nouveauté, nous sommes classic rock et estimons que ce titre, tout comme “The Cove” par exemple s’inscrive parfaitement dans ce registre. 

“Love Remains” est un titre très personnel pour toi Glenn. Cependant, musicalement, la chanson n’est pas triste et présente même un certain groove. Comment expliquer ce décalage entre la musique et les paroles ?

Glenn : Comme d’autres artistes également, j’ai déjà beaucoup utilisé ces cordes/notes auparavant, Fa#, Mi, Do, Fa#, et elles apportent un certain groove tandis que le refrain est mélodiquement bas. J’ai écrit ce titre pour mon père. Il s’est écrit tout seul aussi. Après avoir composé “Wanderlust” et “Love Remains”, nous savions avec Joe que cet album allait être très bon car il est tombé raide dingue de ce refrain, sa mélodie et lui et sa guitare étaient derrière tel un bolero, c’était un truc très BCC à vrai dire.

Tu abordes de nombreux sujets au travers de ces nouveaux morceaux. Tu as également écrit des tonnes de titres durant ta carrière. As-tu besoin de la musique pour écrire ?

Glenn: Généralement j’écris lorsque j’ai déjà la musique. Et ce n’est pas tous les jours que je débarque avec un poème ou un texte déjà terminé. Je compose la musique et durant ce processus là je suis déjà en train de réfléchir à la voix et à sa mélodie. C’est difficile à expliquer et justifier et certains ne le comprennent pas. Je ne sais par exemple pas peindre et d’autres ne savent pas faire ce que je fais, c’est dans le même ordre d’idée. 

L’album est agréable et simple à écouter. Quel est ton secret ? De quoi avons-nous besoin pour faire un bon album de rock ? Sachant que tu en as fait un paquet tout au long de ta carrière.

Glenn : Il faut être honnête et courageux. Courageux car la peur peut mettre fin à tout. Puis avoir la foi, vraiment, pas nécessairement la foi en Dieu mais avoir la foi en ce que tu fais. Pour ce qui est de la peur, je l’affronte tout le temps, elle me motive, je peux d’ailleurs m’en excuser mais je suis ce type de personne là. C’est comme si tu étais en mer et qu’à chaque fois, tu fais l’effort de revenir sur la rive et Glenn Hughes adore revenir sur le rivage. Toutes mes chansons évoquent ce type perdu qui essaie tant bien que mal de retrouver son chemin. Ca a toujours été ainsi et c’est le thème de la plupart de mes morceaux.

Ensuite, le groupe sera un bon groupe tant que le batteur est bon. Je suis sincère en disant cela, j’ai joué en compagnie des meilleurs et lorsque tu as un Bonham derrière les fûts, on peut faire tout ce que l’on souhaite. Mais si celui-ci ne capte pas ton feeling alors ça ne marchera pas. Jason Bonham est le plus incroyable des batteurs, il est époustouflant. Il n’est pas un bon guitariste ou claviériste mais il saisit le moindre battement. Incroyable.

Quels sont les trois morceaux qui font de cet album de rock, un excellent album de rock ?

Glenn : Oh mon Dieu. La question n’est pas simple car il y a “Wanderlust” qui est mainstream. “The Cove”, “Collide” et c’est tout, c’est d’ores et déjà “wow”. “Collide” est le premier riff que j’ai composé et je me suis disputé avec Kevin Shirley (producteur) à ce sujet car je ne voyais pas du tout cette chanson ouvrir l’album. “Sway” aurait été un meilleur choix. Mais il a dit “”Collide” possède ce truc classic rock qui fait “ahhhhhh”” et il avait raison au final.

 

Joe chante sur “The Last Song For My Resting Place”. Que penses-tu de sa performance ?

Glenn : Superbe. D’ailleurs à ce propos, on arrivait à la fin des sessions et je ne lui avais pas encore montré “Over My Head”. Donc je lui ai joué ce titre, et crois-moi, il l’a tellement apprécié qu’il est rentré chez lui et le lendemain, il avait composé “The Last Song For My Resting Place”. Il a terminé mon morceau et j’ai fait de même avec le sien. Voilà toute l’histoire entre Glenn et Joe, c’est ce qui arrive lorsque nous sommes en studio ensemble. C’est un titre très touchant et une belle pièce de musique. 

Vous avez de nouveau travaillé avec Kevin Shirley. N’étiez-vous pas tenté de collaborer avec quelqu’un d’autre toujours dans cette idée de “progression” ?

Glenn : C’est une difficile question et la réponse l’est tout autant : il n’y aura jamais d’autre producteur pour Black Country Communion. Je vais dire quelque chose de très important, et Joe dirait pareil. Sans Kevin, Joe serait toujours à jouer dans les bars, et aussi talentueux qu’il est, Joe avait besoin de quelqu’un pour le guider. C’est le plus talentueux guitariste de sa génération et Kevin Shirley y est pour beaucoup. Kevin conduit la voiture et celle-ci ne s’arrête jamais car elle roule parfaitement. Quant à Joe, il est à l’arrière “très bien continuons, peu importe !”. Je le connais depuis vingt-cinq ans et Kevin a toujours été ainsi. 

Quels sont les projets à venir pour BBC ? Du live ? Cette sortie s’inscrit-elle dans le cadre d’un nouveau cycle de deux/trois albums ou est-ce une one-off ? Ou vous n’en savez peut-être rien ?

Glenn : Oh mon Dieu, je suis le seul à faire les interviews pour cet album. Il y aura quelques annonces prochainement (ndlr : deux concerts anglais début 2018). Tout ce que je peux dire c’est que je compose pour ce groupe et j’ai envie de jouer live. Nous avons simplement à trouver les bonnes occasions. Si BCC était un groupe comme un autre, sans les carrières solos, dans les cinq ans nous serions numéro un mais cela n’arrivera pas car Joe a sa carrière solo et la situation sera toujours identique à celle d’aujourd’hui. Donc je ne vais rien promettre à qui que ce soit sauf que cet album est un excellent album. Pour le reste, nous verrons ensuite.

Enfin, nous sommes “RockUrLife” donc qu’est-ce qui rock la life de Glenn Hughes ?

Glenn : Ce qui rock ma life, vraiment ? D’être à votre service. On m’a donné cette (pointant sa gorge) voix/cadeau, peu importe comme tu veux la définir. Je suis un type ordinaire dans un monde tout aussi ordinaire et j’ai hérité de ce don et j’ai envie de le partager. Les gens veulent l’entendre. J’ai envie de raconter des histoires à propos de ce type qui est en mer et qui nage vers le rivage. J’ai envie de raconter et dire qu’il ne faut pas avoir peur de la mort, parler d’amour, de foi. J’ai envie de voir ces gens se sentir aimé. Je n’ai de haine envers personne et pourtant beaucoup me déteste car je suis un passionné mais je ne cherche en aucun cas le conflit. J’ai arrêté de combattre ça, nous devons arrêter de s’opposer sans cesse. Restons calme, humble, et je dis ça en toute intégrité.

Tu fais face à un type qui ne savait pas ce que c’était d’être humble et calme durant les années 80, j’étais le total opposé. Tu fais face à un type qui a survécu à une crise cardiaque, une opération à coeur ouvert, qui s’est fait remplacer ses deux genoux, qui s’est fait écraser par une voiture, qui s’est fait poignarder, sur qui on a tiré avec un flingue, qui est revenu à la vie à l’hôpital, qui a fait des overdoses. Je ne suis pas en train de me la jouer là, à développer tout cela mais tu fais face à un zombie en quelque sorte. Dieu souhaite… Je suis ici pour une raison précise et j’interpelle Dieu “Tu peux me reprendre ou souhaites-tu que je restes ici ?” Si ma mission n’est pas totalement terminée alors je reste ici, autrement je suis disposé à rentrer. Voilà mon histoire.

 

Site web : bccommunion.com