Reports

WAVVES @ La Maroquinerie (14/06/18)

Juin 2018 marque le retour chez nous des Américains de Wavves, deux ans et demi après leur passage au Badaboum pour défendre sur scène “V”. Venant promouvoir son dernier album “You’re Welcome”, sorti en 2017 via le propre label du groupe Ghost Ramp, le quatuor indie rock continue de séduire avec son idéologie DYI assumée, tout en dégageant un je-m’en-foutisme impressionnant. Détails qui seront effectivement confirmés à La Maroquinerie en ce mercredi soir de fin de printemps.

Bien qu’on ait rarement vu une soirée commencé si tard, c’est bien à 20h30 que DUNE RATS, première partie officielle de cette tournée et camarades de longue route des Américains, fait son apparition. Trio australien composé de Danny Beusaraus (guitare/voix), Brett Jansch (basse) et BC Michaels (batterie) que certains ont eu la chance de voir au Point Ephémère en mai 2017, celui-ci se démarque par son incroyable efficacité sur scène dans une forme pourtant limitée, avec une force d’exécution de mise. En un peu plus de trente minutes, le groupe enchaîne un certain nombre de titres sans broncher, ni prendre le temps de véritablement souffler, ce qui fera rapidement monter la température de la pièce. Il faut dire que le catalogue proposé ce soir (à l’instar de “6 Pack”, “Never Gonna Get High”, “Dalai Lama, Big Banana, Marijuana” avec un lancer de bananes assez drôles) en plus du style garage/indie punk des musiciens, fait largement l’unanimité, entre la réactivité visible du public, les choeurs provenant de la fosse et les chaleureux applaudissements entres les chansons. Malgré des problèmes de guitare de Beusaraus et l’horaire tardive, le set de Dune Rats sera intense et parfaitement représentatif de l’esprit du projet : simple, rapide et agréable.

 

 

Si le set de Dune Rats peut être qualifié de “rapide”, il n’en sera pas exactement de même pour WAVVES. Lorsque l’horloge affiche 21h30, le quatuor arrive tranquillement sur l’estrade, sans se presser. Tandis qu’il s’accorde, Nathan Williams prend le temps de parler comme si de rien n’était avec l’assemblée, avant qu’un fan ne lui lance un “Happy Birthday” (bdlr : Williams est né le 12 juin) qui fera rire le chanteur et finira par devenir le running gag de la soirée. Ce n’est que quelques minutes plus tard que la course est lancée par le duo “Way Too Much” et “King Of The Beach”, intense des deux côtés de La Maroquinerie. Alors que du côté de la fosse, l’ambiance commence au quart de tour entre crowdsurfings, pogos et cris, les Américains finissent également par rentrer dans le bain du show, bien qu’un tantinet moins téméraire en live qu’en studio. Contrairement au Badaboum, les musiciens prendront cette fois-ci le temps de discuter avec son public, d’être un peu plus attentif… et de boire une pinte de whisky pour le frontman, au train de vie décalé. Une boisson qui, a fortiori, aura un impact direct sur le déroulement du concert puisque affectant ce dernier dans sa façon de jouer et sa rigueur, élément nécessaire notamment lors de “You’re Welcome” et son intro samplée.

 

 

Mis à part l’attitude un peu négligée de Williams allant dans l’esprit de la formation, Wavves reste un sacré phénomène à découvrir en live, notamment pour sa façon de performer ses morceaux : entre la désormais culte partie ancienne de sa discographie (“Afraid Of Height”, “Sail To The Sun”, “Demon To Lean On”, “Linus Spacehead”) -n’ayant au final que peu vieilli- et la partie plus récente à la nostalgie évidente (“My Head Hurts”, “Heavy Metal Detox”, “Daisy”, “No Shade”), la presque nonchalance et négligence du quatuor fonctionnent avec brio, dans une atmosphère où le lâcher prise et la détente sont prospères. Qu’importe au final si les mélodies ne sont pas jouées parfaitement ou si les voix ne sont pas comme elles devraient l’être puisque l’amusement est de mise et que cette imperfection n’est pas signe de raté ? Une attitude foncièrement punk et spontanée qui fait un peu de mal mais encore bien plus de bien dans une société très aseptisée sur les bords. Et encore plus de bien lorsque le groupe en question possède un songwriting et un sens de la mélodie au poil.

 

 

 

Pour une soirée sous le signe de l’indie rock/garage/punk, le duo Dune Rats/Wavves nous aura parfaitement régalé musicalement parlant avec une multitude de tubes réalisé de manière plutôt aléatoire mais avec une bonne humeur communicative. Si l’on peut comprendre le comportement un peu déluré des formations, un poil de rigueur ne serait pas de refus histoire de rendre le plateau déjà attrayant sur le papier encore plus en live.