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UNDEROATH @ Alhambra (28/04/17)

Onze ans putain ! Pardonnez la vulgarité mais, imaginez la jubilation lorsque Paris a de nouveau la chance de recevoir Underoath. La deuxième fois de son histoire commune, une première depuis 2006. Entre temps, nous aurons vu deux albums sortir, le départ de l’emblématique Aaron Gillespie, une séparation en 2013, un documentaire sur la tournée d’adieu du groupe, puis, une re-formation et un retour d’Aaron Gillespie en 2015. Le “Rebirth Tour” s’arrête donc en Europe en ce printemps 2017 et notre capitale a la chance d’ouvrir la tournée. Récit d’une soirée de retrouvailles.

C’est dans un Alhambra peu rempli en ce début de soirée que les Américains de MEWITHOUTYOU débarquent sur scène aux alentours de 20h. Le groupe revient pour la deuxième fois à Paris en deux ans et donne un set dans une bonne humeur communicative. Bien qu’emprunte d’émotions brutes, les chansons de mewithoutYou trouvent tout de même écho favorablement auprès du public parisien, encore parsemé dans la salle du XXème arrondissement. On note quelques fans hardcore dans les premiers rangs, ce qui doit réchauffer le coeur de la formation originaire de Philadelphie qui joue, on peut le dire, devant une audience vraiment peu conséquente et concernée. Après une petite dizaine de chansons, le quatuor quitte la scène sous de chaleureux (mais maigres) applaudissements.

 

 

La salle se remplit considérablement durant l’entracte. Le balcon (oui, des gens assis pour UNDEROATH) est plein tandis que la fosse l’est au deux tiers. Il faut saluer l’investissement d’Alternative Live en promotion pour que cette date soit une réussite car, lorsque l’on adule un groupe aussi emblématique qu’Underoath, on a tendance à oublier qu’il s’agit d’un énorme poisson dans une toute petite mare. Une niche dont ils sont les plus fiers représentants, si ce n’est les patrons, les gardiens du temple. Par conséquent, devant la passion qu’une telle formation déchaîne sur ses auditeurs, il est compliqué de s’imaginer qu’une telle maestria ne se déverse pas sur une très grand pan de la population mondiale. Donc remercions Alternative Live une bonne fois pour toute pour produire cette date et pour donner l’opportunité à Underoath de jouer dans d’excellentes conditions, devant un véritable public.

 

 

Il est 21h quand les lumières s’éteignent, l’excitation est à son comble quand la boucle d’intro retentit et que les musiciens font leur entrée, Gillespie derrière ses futs en tête de gondole, dans le noir. Quelques riffs de guitare et une batterie martiale introduisent l’entrée de Spencer Chamberlain sous les acclamations, avant que ce dernier ne lâche le premier cris de la soirée sur l’intro de l’incroyable “Young And Aspiring”. Le titre d’ouverture de l’album culte “They’re Only Chasing Safety” annonce donc la performance intégrale de l’opus sorti en 2005. Inutile de précise que les trente-cinq premières minutes du concert sont d’une intensité, d’une violence et d’une jouissance folle tant les tubes s’enchainent. D’abord un peu en dedans, le groupe se lâche petit à petit, bien aidé par un pit déchainé, hurlant les moindres paroles de tous les hymnes composant le disque. Les sing along de la foule sont de légion, il faut dire que la qualité du son ce soir aide à distinguer parfaitement les moindres subtilités underesque ! Spencer prend timidement la parole dans un premier temps pour nous faire part de la joie qu’éprouve la bande d’être présent à Paris, bien que la fatigue du voyage et du décalage horaire leur a fait craindre de ne pas être suffisamment en forme pour l’occasion. Le professionnalisme fait le reste, on se trouve face un groupe qui est dans son jardin et qui nous en fait profiter jusqu’à la dernière miette.

 

 

Les dernières notes de “Some Will Seek Forgiveness, Others Escape” raisonnent encore que le sextette quitte la scène. La salle est alors plongée dans le noir et l’écran au fond de la scène, qui rencontrait visiblement des soucis techniques jusque là, s’allume enfin pour faire place à une vidéo introduisant la deuxième partie du set concentrée sur “Define The Great Line”, paru en 2007. Les choses sérieuses commencent. La musique d’Underoath a prit un tournant beaucoup plus mature avec cet album et les premières notes de “In Regards To Myself” déclenchent une telle hystérie que l’on considère désormais “They’re Only Chasing Safety” comme une agréable mise en bouche.

 

 

Cette deuxième partie de set, accompagnée par la vidéo pousse le niveau de performance encore plus haut. La formation fait preuve d’une maitrise technique et d’une puissance ahurissante. La voix de Spencer ne faiblit pas tandis que les plages plus ambiantes de l’essai sont jouées à perfection, offrant une véritable respiration dans ce concert. “Writing On The Walls” est joué pour le plus grand plaisir de l’assemblée qui peut accompagner le chant angélique d’Aaron, le tout avant que le groupe n’offre un dernier orgasme monumentale sur l’incroyablement progressive “To Whom It May Concern” et quitte la scène sous un tonnerre d’applaudissement.

 

 

Paris a sué, Paris a saigné mais Paris est heureux d’avoir reçu Underoath sur ses terres. Espérons que le prochain passage ne doive pas attendre la prochaine décennie, tant le récital donné ce soir fut grand. Un groupe heureux à nouveau de jouer ensemble, comme l’a spécifié Spencer dans un émouvant discours, et tentant de rattraper le temps perdu. Nous avons tous notre Vietnam, et tous notre 12 juillet 1998 aussi donc, nous conclurons en s’exclamant qu’après avoir vu ça, on pouvait mourir tranquille, enfin dans le plus longtemps possible évidemment. Quel pied.

Setlist :

Young And Aspiring
A Boy Brushed Red Living In Black And White
The Impact Of Reason
Reinventing Your Exit
—-
It’s Dangerous Business Walking Out Your Front Door
Down, Set, Go
I Don’t Feel Very Receptive Today
I’m Content With Losing
Some Will Seek Forgiveness, Others Escape
—-
In Regards To Myself
A Moment Suspended In Time
There Could Be Nothing After This
You’re So Inviting
—-
Returning Empty Handed
Casting Such A Thin Shadow
Moving For The Sake Of Motion
Writing On The Walls
Everyone Looks So Good From Here
To Whom It May Concern

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN