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THE MAINE @ Backstage By The Mill (27/09/17)

2013. Cela faisait presque quatre ans que les Américains de The Maine n’étaient pas venus rendre visite à la France. Une absence qui n’est pas synonyme de pause puisque, entre temps, le quintette est loin d’avoir chômé : de “American Candy” en 2015 à “Lovely Little Lonely” cette année, le groupe a continué de fédérer les foules avec des disques fort en tubes et mélodies, en plus de tournées qui évitaient malheureusement l’Europe. Septembre 2017 symbolise donc le comeback de la troupe de John O’Callaghan, tel un pardon pour ces quelques années d’oubli.
 

Alternative Live annonçait le jour-même que le concert parisien se déroulerait à guichets fermés. Pas étonnant donc d’observer, bien avant l’ouverture des portes, une masse imposante face au Backstage. Malgré le monde et ce, grâce à un flux d’entrées bien géré, la salle se veut bien remplie juste au moment de l’arrivée sur scène de THE TECHNICOLORS. Trio rock originaire de Phoenix, celui-ci se présente sous la forme d’un quatuor en live, à l’énergie particulièrement communicative, au rythme de batterie particulièrement soutenu et aux guitares grondantes. Difficile de rester de marbre face aux interprétations de “Lilies For Lily” ou “Sweat”, tous deux extrait du dernier album “Metaphysical”, offrant aux Américains un premier set parisien réussi, tout en diffusant au public une prestation de haut vol.

 

Planning serré, c’est suite à un court intervalle de quinze minutes que NIGHT RIOTS fait son apparition sur scène, largement poussé par les acclamations du public. Quintette californien leadé par Travis Hawley, à la boucle d’oreille et la chemise boutonnée jusqu’en haut, c’est avec beaucoup de retenu que la formation débute son set indie pop planant sur un “All For You” mitigé. Même si la performance s’avère fortement travaillée d’un point de vue visuel (lightshow convaincant, jeu de percussion sur “Oh My Heart”, scénographie pointilleuse), niveau musical, les chansons manquent de nuances et ce, malgré les vocalises maîtrisées d’Hawley. Il n’empêche qu’en vingt-cinq minutes, Night Riots réussit à faire monter d’un cran la chaleur au sein du Backstage, avec son côté fédérateur et ses chansons aux choeurs fusants.

 

Surprise sur le tableau : c’est une dizaine de minutes avant l’arrivée prévue que le dernier show de la soirée prend acte, face à une salle bondée. Certes, la dernière fois que THE MAINE mettait les pieds dans la capitale, ce fût dans la grande salle du Divan Du Monde, cependant, c’est avec conviction que le sextette s’avance sur scène. Trois en noir, trois en blanc, les Américains ont à peine le temps d’arriver que sortent en masse de la foule des feuilles affichant “Welcome Home”, résultat d’un projet organisé par The Maine France, faisant son effet au niveau du groupe. Avec, en guise de backdrop, un drapeau rouge de la formation posé sur le clavier, c’est sobrement que débute le set, sur l’air du duo “Lovely” / “Black Butterflies & Déjà Vu”, déchaînant dès les premières notes la fosse compressée. Le style vocal de John O’Callaghan peine au début à percer l’imposant mur sonore créé par ses compagnons musiciens, un manque rapidement rattrapé par l’attitude hyperactive du frontman, très attentif au public et proche de celui-ci. S’il est vrai aussi que les compositions de The Maine ne sont pas musicalement complexes, celles-ci fonctionnent toujours bien en live, tant pour les nouveaux titres que les anciens tubes, à l’instar de “My Heroine” ou “Am I Pretty?”, extrait de “American Candy” (2015). Un aspect naturel et dénudé visuellement qui fait sensation, tant sur scène que dans la fosse, où mouvements de foule, réactivité et joie sont de sortie.

 

En parlant d’albums, ce show marque surtout la première rencontre entre l’audience française et les disques “American Candy” et “Lovely Little Lonely” en live, aux styles sensiblement similaires. Même si “American Candy” semble plus intégré et valorisé dans la setlist (“(Un)Lost”, “Miles Away”, “English Girls”, “Diet Soda Society”), le dernier venu offre un vent de fraîcheur à petites doses (“Taxi”, “Bad Behavior”) à un choix de chansons très ciselé, n’ayant pas pris une ride. Rythme soutenu volontaire, le concert de The Maine se déroule surtout avec peu de pause, les Américains profitant d’interludes rallongés pour raconter ce que bon leur semble, et se faire pardonner. Et même si l’oubli de certains classiques (“Misery”, “Into Your Arms”) se fait ressentir post-concert, à l’instant-T, c’est tout autre chose, tant l’intensité de la performance et l’amabilité apparente de la troupe dépassent les espérances. Même le court medley pseudo-improvisé de titres de Limp Bizkit et autre AC/DC fait sensation auprès de la foule, bien moins que la course finale largement gagnée par “Bad Behavior” et “Another Night On Mars”, apothéose divine.

 

The Maine sait se faire pardonner d’une longue absence tout en se faisant désirer par la suite. Carton plein pour la formation américaine qui continue, non sans bagou, à fédérer fans et à enrichir son panel musical qui réserve, nous le pensons, encore bien des surprises.

Setlist :

Lovely
Black Butterflies & Déjà Vu
Am I Pretty?
Like We Did (Windows Down)
(Un)Lost
My Heroine
Miles Away
English Girls
How Do You Feel?
Taxi
Raining In Paris
Right Girl
Do You Remember? (The Other Half Of 23)
Girls Do What They Want
Diet Soda Society
Bad Behavior
Another Night On Mars