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PLEYMO @ Le Trianon (23/03/18)

Double date d’anniversaire pour Pleymo ce soir : cette tournée marque les vingt ans de carrière des enfants terribles de la Team Nowhere mais aussi leur retour après dix ans d’absence ! Quand on sait que les mille places du Trianon se sont vendues en moins de 24h, parler d’engouement relève presque de l’euphémisme. Petit avant-goût pour ceux qui (ne) pourront (pas) se consoler en assistant à la date de rattrapage à l’Olympia.

Pour marquer le coup, VEGASTAR, dernier embryon de la Team Nowhere, s’est greffé à l’affiche. Le quatuor mené par Franklin Ferrand débarque sur scène sous une ovation qui promet. Si le son est au rendez-vous, la voix du chanteur se fait plus hésitante sur ce visage dont les années ont eu raison. La distorsion des accords de guitare créent un décalage important avec un chant faible qui lorgne parfois vers le faux, tout juste rattrapé par le bassiste qui le seconde. C’est tout de même avec enthousiasme que Vegastar pioche dans “Un Nouvel Orage”, dont les classiques “Une Nuit” et la radiophonique “100ème Etage”. Seulement voilà, l’assurance manque à ce quatuor qui ne semble plus que marcher sur l’ombre de lui-même. Pour preuve, Franklin demande à ceux qui les connaissent de lever la main : “ça fait un petit quart de salle, c’est déjà ça”, balance le chanteur, fort de sens. Tournant du set, Toni Rizotti d’Enhancer vient à la rescousse de Vegastar en s’époumonant sur “La Faille”. Ce set d’à peine trente minutes n’aura pas convaincu grand monde, si ce n’est une poignée de nostalgiques. C’est déjà ça de pris comme dirait le monsieur.

 

 

Replongés dans la pénombre, les dernières minutes nous séparant de ce retour improbable semblent longues. C’est finalement sous un sample que PLEYMO réinvestit sa cour de récréation préférée : les planches d’une salle de concert. La formation, menée par Mark Maggiori, entame d’emblée la fête par le classique “United Nowhere”, tiré du non pas moins apprécié “Episode 2 : Medecine Cake”. Casquettes vissées sur les têtes, tatouages apparents, marcels XXL, le constat est sans appel : Pleymo a pris dix ans mais sa garde robe et sa présence scénique n’ont pas bougé d’un poil pour le plus grand bonheur de tous ! Ambiance neo metal avec gros barrés saccadés sur les guitares, pogos à gogo, nous voilà replongés quinze ans en arrière. Sur “Rock”, Pleymo nous enfonce un peu plus dans la nostalgie, cette dernière montant d’un cran grâce aux mélodies de “Chérubin” et de “1977”. Tout sourire, Mark demande au public qui est né dans les années 80-90, sachant pertinemment que Pleymo est le groupe de cette génération qui s’est donné rendez-vous ce soir. Virage à 180° sur “Nawak” où le sextette se réconcilie avec son rap metal déjanté qui l’avait tant différencié des autres il y a maintenant vingt ans.

 

 

Les gars de Fontainebleau enchaînent les morceaux sans sourciller, dans une joie et une bonne humeur contagieuse. Le sol du Trianon tremble sous les sauts de l’assemblée et penser que le toit de la salle pourrait nous tomber sur la tête n’est soudainement plus une idée si insensée ! L’enchaînement “Le Nouveau Monde” / “Je Regrette” issu du dernier album “Alphabet Prison” vient relâcher la cadence et écarte les éventuels doutes quant à la voix du frontman qui n’a rien perdu de sa superbe. Ces titres marquent une accalmie dans le set et permettent de montrer le Pleymo des derniers jours : plus mature et engagé, comme le souligne Mark, expliquant que le texte du premier est tristement actuel. Le point d’orgue du set arrive avec une série de classiques qui vont définitivement installer ce retour de Pleymo comme un grand moment : un “New Wave” d’anthologie, suivi d’un “Tank Club” qui débute sur un braveheart et qui se termine par des “ferme ta gueule” scandés de bon cœur par l’audience avant d’enchaîner sans répit sur “Polyester Môme”.

 

 

Après une heure de show non stop, Pleymo se retire quelques secondes pour revenir avec un melting pot façon “c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs confitures” : “K-Ra”, “Kongen”, “Ce Soir” vont réjouir ceux qui ont assisté aux premiers balbutiements du groupe. La cadence ne relâche pas avec l’ultra violente “Blöhm” qui voit Toni Rizzoti d’Enhancer regagner les planches pour donner de la voix avec ses vieux copains. La performance se conclut sur un “Zéphyr” qui fait vibrer une dernière fois le sol et les oreilles de chacun. Le Trianon a tenu bon et le toit est semble-t-il toujours en place.

 

 

Ce soir, Pleymo nous a montré que la flamme ne s’était pas éteinte il y a dix ans et qu’il suffisait du souffle et de l’enthousiasme de mille âmes, corps serrés et en communion dans la sueur, pour la raviver de plus belle. L’énergie que peut déployer mille personnes qui ont attendu un groupe pendant dix ans est tout simplement incroyable. Foncez-les voir à l’Olympia ou au Hellfest, nostalgie balayée sur le champ et effet rajeunissement garanti pendant une heure et demie durant !

Setlist :

Intro
United Nowhere
Ce soir C’est Grand Soir
Rock
Adrénaline
Tout Le Monde Se Lève
1977
Chérubin
Nawak
Muck
Le Nouveau Monde
Je Regrette
New Wave
Tank Club
Polyester Môme
K-Ra / Kongen / Ce Soir
—-
Blöhm
Divine Excuse
Zéphyr