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FUTURE ISLANDS @ Elysée Montmartre (09/05/17)

A l’occasion de la sortie de “The Far Field”, les Américains de Future Islands font leur retour sur le sol parisien et posent cette fois-ci leur bagages à l’Elysée Montmartre pour non pas une, mais deux dates de suite – la première affichant sold out. Récit d’une soirée remarquable.

19h45. Sous un Elysée Montmartre déjà bien rempli, le public accueille chaleureusement INTERGALACTIC LOVERS, à qui revient la tâche d’ouvrir la soirée. Si la majeure partie de l’auditoire n’est pas familière à la formation belge et son indie rock remarqué en Flandre, il ne faudra que quelques minutes pour que le feu prenne : sur scène, cinq membres, dont une chanteuse, Lara Chedraoui, battant le tempo des mouvements saccadés de son corps; ici, la musique est vécue physiquement, à l’instar du frontman de Future Islands (le groupe lui dédicacera même sa chanson “Islands”). Si la prestance scénique de Intergalactic Lovers s’inscrit dans la continuité de la tête d’affiche de ce soir, l’univers, lui, est quelque peu différent : un indie rock plus acoustique à la dimension plus organique, rythmé par une voix chaude et envoûtante. Côté audience, on tape du pied, remue la tête et acclame entre les morceaux, pour finir par de francs applaudissements lorsque s’éclipse de scène la formation. Très bon score pour Intergalactic Lovers.

 

 

La soirée ayant débuté sur des chapeaux de roue, l’engouement général de la fosse ne se voit que décuplé. L’horloge affiche 20h50 lorsqu’après avoir laissé quelques minutes l’assemblée plonger dans l’atmosphère planante d’une intro musicale, les membres de FUTURE ISLANDS se présentent enfin un à un sur scène, donnant vie aux notes de “Aladdin” une fois tous réunis. Reconnaissants de pouvoir jouer deux soirs de suite dans la capitale, le quatuor dédie le titre suivant, “Time On Her Side”, à la ville de Paris : “She’s got time on her side / She’s so free, it’s sublime”. A peine quelques minutes écoulées, un élément se veut d’ores et déjà frappant : ici, une personne se distingue du reste, peut-être même volontairement. Pour cause, Samuel T. Herring, frontman de la formation, se positionne en contraste total avec le calme et la sérénité apparente des autres musiciens. Connu pour ses performances habitées, l’Américain, dès les premiers instants, parcourt les recoins de la scène dans le but de chercher chaque personne du regard; pratique à laquelle il restera fidèle jusqu’à la dernière note du set.

 

 

Pour cause, sur scène, la magie de l’univers du groupe se transpose directement en son chanteur, à la fois galvanisé, et galvanisant. Future Islands semble ici prendre tout son sens en live, voire décupler d’ampleur. Toujours plus investi dans son interprétation, le chanteur se livre littéralement corps et âme : Herring marche, saute, court, danse, se précipite, ralentit brutalement. Il fouette le vent de ses poings liés -marquant les coups de batterie de son acolyte Michael Lowry-, se déhanche fiévreusement (particulièrement sur “Sun In The Morning” ou encore la célèbre “Seasons (Waiting On You)”), se jette sur le sol. Il parle, hurle, se tait, regarde, fixe, ferme les yeux. Une dimension presque théâtrale s’offre au public, d’autant plus électrisé par ce qui lui est permis de voir, et donne naissance au sentiment certain que le leader en donne beaucoup, flirtant avec l’épuisement sans pour autant jamais en franchir la limite. Par ailleurs, l’intensité de la performance ne faiblit pas d’un pouce; elle est de mise lors de morceaux rythmés (“Ran”, “Cave”) comme lors d’épisodes plus lents, introspectifs (“Through The Roses”, “Give Us The Wind”). La salle, toute aussi en transe que Mr Herring, est embarqué dans une expérience live phénoménale, au travers d’une setlist explorant majoritairement les albums “The Far Field” (2017) et “Singles” (2014). “Spirit” vient conclure une performance à l’allure de course folle, avant que la bande ne gratifie l’Elysée Montmartre de quatre chansons de rappel, dont la frénétique “Vireo’s Eye” venant arracher aux Parisiens quelques dernières gouttes de sueur.

 

 

Il fallait le voir pour le croire, et surtout le ressentir, car dans l’enceinte de la salle parisienne, c’est bel et bien les cœurs qui furent touchés. Future Islands ne fait pas dans la démonstration, mais dans le don de soi, incarné par un frontman mesurant le poids des mots et semblant vivre profondément le sens de chacun d’entre eux. L’un des groupes les plus passionnants en live.

Setlist :

Aladdin
Beauty Of The Road
Time On Her Side
Sun In The Morning
A Dream Of You And Me
North Star
Doves
Black Rose
Ancient Water
Day Glow Fire
Walking Through That Door
Vireo’s Eye
Ran
Balance
Cave
Through The Roses
Give Us The Wind
Light House
Seasons (Waiting On You)
Long Flight
Tin Man
Spirit
—-
A Song For Our Grandfathers
Beach Foam
Vireo’s Eye
Little Dreamer