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EDITORS @ Olympia (23/03/18)

Nous les avions croisés sous la pluie cet été à Lollapalooza Paris, on retrouve Editors fort d’un sixième album en plus sous le toit de l’Olympia. Quelques jours après la sortie de “Violence”, la bande de Tom Smith s’est arrêtée pour trois dates dans l’Hexagone, avec un stop par Paris pour notre plus grand plaisir.

Huit ans après le premier passage d’Editors par l’Olympia, le nom du quintette de Birmingham brille à nouveau en lettres rouges sur la devanture de la salle. À ses côtés, celui de PUBLIC SERVICE BROADCASTING, formation londonienne que notre arrivée tardive ne nous permet malheureusement pas de voir. À 21h tapantes, les cinq membres d’EDITORS arrivent sobrement sur scène sous les acclamations d’un Olympia plein à craquer. La bande met directement les pieds dans sa nouvelle ère en ouvrant avec son nerveux dernier single “Hallelujah (So Low)”. Le riff électrisant de Justin Lockey fait trembler les murs, bien que l’arrivée prématurée du morceau dans la setlist l’empêche de prendre toute son ampleur. “A Ton Of Love”, “Darkness At The Door”, “Formaldehyde”, la bande enchaîne les dansants tubes récents sans sourciller face à un public plutôt calme. Un “merci beaucoup mesdames et messieurs” de Tom Smith plus tard, l’éclairage se fait rouge sang et froid polaire alors que résonnent les premières pulsations de “Violence“. Montant peu à peu en intensité, le morceau éponyme installe une atmosphère délicieusement oppressante tant les basses semblent envahir chaque millimètre des corps et de la salle. C’est encore plus sublime quand il se métamorphose peu à peu en “No Harm”, la fragilité tout en retenue du morceau contrastant à merveille avec l’explosivité du précédent. L’assemblée est finalement embarquée et l’ambiance ne retombera pas. Surtout quand le quintette fait un crochet nostalgique par ses vieux tubes (“Lights”, “Blood”, “Munich”, “An End Has A Start”) pour le plus grand plaisir de la foule. Si la bande met bien sûr son petit dernier à l’honneur, elle ne fait l’impasse sur aucun de ses disques et propose un équilibre très satisfaisant.

 

 

Quand il n’est pas installé au piano (“In This Light And On This Evening”) ou derrière sa guitare, le chanteur Tom Smith habite le devant de la scène. Poignets pliées façon T-Rex et gestuelle bien à lui, le leader captive par sa présence fascinante. Pendant l’intense “Belong”, c’est Justin Lockey qui attire l’attention. Le guitariste fait glisser une baguette sur le manche de sa guitare électrique pendant que les notes de synthé d’Elliott Williams instaurent une atmosphère terriblement ténébreuse. Comme toujours avec Editors, la mise en scène est léchée et terriblement cinématographique, de la structure métallique faite de carrés difformes empilés trônant au fond de la scène aux jeux de lumières somptueux soutenus par une brume omniprésente. Le batteur Edward Lay a également droit à son heure de gloire puisque, après une survoltée “Ocean Of Night”, le reste du groupe s’éclipse pour le laisser faire un puissant solo avant le rappel.

 

 

C’est seul avec sa guitare que le frontman revient pour se fendre d’une version acoustique de “No Sound But The Wind”. Si l’on a une préférence pour la version piano-voix, le plaisir d’entendre ce morceau, rarement joué en live, nous fait frissonner. Profonde et ultra maîtrisée, la voix de Tom Smith est à couper le souffle. Pendant que le chanteur est rejoint par ses bandmates, tout le monde sèche discrètement ses larmes pour faire place aux pas de danse sur les nouvelles “Cold” et “Magazine”. Sous les commandes d’un Tom Smith et d’un Russell Leetch survoltés, l’auditoire chante et saute joyeusement. Mais ce sont les premières notes de “Papillon”, teasé par le leader au piano, qui l’électrise. Presque entièrement debout, la foule rebondit sur le trampoline qu’est le sol de l’Olympia dès que Ed Lay, tambour battant, s’attaque à la batterie. On pensait que la formation allait nous quitter sur ce climax, mais les Anglais se fendent d’un cinquème morceau de rappel, “Marching Orders”. C’est sur son ambitieuse outro et après plus d’1h45 de concert de haute volée que Editors salue longuement l’Olympia sous les ovations de l’audience.

 

 

Setlist ultra efficace, mise en scène sobre mais léchée, performance impeccable, le magistral concert d’Editors à l’Olympia lui confère une envergure de groupe de stade, les défauts en moins. Le nombre de tubes que les Britanniques ont accumulé depuis leur premier album treize ans plus tôt est impressionnant et, malgré une évolution notoire, les différents albums s’accordent parfaitement.

Setlist :

Hallelujah (So Low)
A Ton Of Love
Darkness At The Door
Formaldehyde
Violence      
No Harm
Lights
Blood
Munich
An End Has A Start
In This Light And On This Evening
Eat Raw Meat = Blood Drool
Nothingness
Belong
Sugar
The Racing Rats
Ocean Of Night
—-
No Sound But The Wind
Cold
Magazine
Papillon
Marching Orders