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DOWNLOAD FESTIVAL FRANCE 2018 – Jour 1 (15/06/18)

La troisième édition française de l’emblématique festival rock/metal de Donington Park pose ses valises pour la seconde fois de son existence sur la base aérienne 217 de Brétigny-Sur-Orge (91) et ce, non pas pour trois jours comme en 2017, mais quatre ! Si l’affiche proposée est de loin la plus rock et la plus ambitieuse de tous les festivals parisiens sur papier, qu’en est-il vraiment ? Et quid des améliorations vis à vis de l’année dernière ? En tout cas, le soleil et le public sont sur le qui-vive pour cette première journée !

WAKAN TANKA (Main Stage 2) – C’est sur la Main Stage 2 que se tient le premier concert à l’intérieur du festival. Après une brève introduction par Fred, le community manager du Download nous présentant Nicole, la propriétaire des lieux, Wakan Tanka investit la scène. Gagnant du tremplin CRL10 avec à leur actif l’EP “Animals In Progress” (2016) -dont la pochette nous rappelle celle du “Demon Days” de Gorillaz-, l’accueil est chaleureux pour ce rock alternatif mélangeant habilement le stoner avec quelques touches électroniques, inspiré par la culture amérindienne. Interprètes passionnés, ces jeunes gens sont une belle découverte dont on espère avoir des nouvelles prochainement. Une mise en bouche réussie, et un concert haut la main sur une scène qui va être foulée aux pieds par des cadors de l’industrie musicale.

 

 

CELLAR DARLING (Spitfire Stage) – Commençant à se faire un nom après leur tournée en première partie d’Evanescence, c’est aux Suisses d’inaugurer la Spitfire Stage. Folk metal non dénué de charme, le set a le mérite d’être plus pêchu. Le potentiel du trio n’est pas mis en avant, mais la foule vient toutefois en curieuse pour écouter la majeure partie de “This Is The Sound” (2017). Malgré un set huilé qui ne décolle pas, l’imagerie du groupe ainsi que la musique vont tout de même trouver leur public. Il ne reste plus qu’à faire ses preuves en tournée.

BILLY TALENT (Main Stage) – Ce sont Benjamin Kowalewicz et ses acolytes qui se chargent d’inaugurer la Main Stage 1 en ce premier jour du Download Festival France. En voyant l’imposante scénographie reprenant l’artwork de “Afraid Of Heights” on pourrait penser que le set sera axé sur le dernier album paru en 2016. Or, ce ne sera pas le cas car nous assisterons plutôt à un show best of. Plus de la moitié de la compilation “Hits” sortie en 2014 (“Rusted From The Rain”, “Fallen Leaves”, “Devil On My Shoulder”) sera interprétée en live, à l’exception du regretté “Try Honesty”, pourtant un titre phare de Billy Talent.

 

 

Pas de nouveautés à l’horizon ni d’accroc donc, mais ne boudons pas notre plaisir vu que le quatuor canadien punk rock se fait plutôt rare dans nos contrées (le dernier passage remonte à l’Elysée Montmartre). A noter qu’on assistera aussi au premier topless d’une fan sur l’avant dernier titre joué, “Red Flag”, résumant parfaitement l’ambiance hot’n’roll de ce concert en plein soleil !

 

 

BURY TOMORROW (Warbird Stage) – On passe à la vitesse supérieure à la Warbird Stage. Les coreux nous proposent un set d’une trentaine de minutes bien mouvementée durant duquel on distinguera les premiers (et certainement pas les derniers) mosh pits, circle pits et walls of death du festival. Les British nous interprètent les deux premiers singles de “Black Flame” leur quatrième album, s’annonçant très prometteur, qui sortira le 13 juillet chez Nuclear Blast. Daniel Winter-Bates s’impose comme un véritable chauffeur de salle et n’hésitera pas à endiabler cette scène pourtant exiguë.

 

 

ELUVEITIE (Main Stage 2) – Ils ne sont plus à présenter et pourtant la formation a beaucoup évolué dernièrement. Musicalement, humainement, Eluveitie n’est plus le groupe qu’il était possible de voir il y a encore trois, quatre ans. Les membres du groupe vont et viennent mais Chrigel Glanzmann tient la barre avec conviction. Avec sept albums à son actif depuis 2006, Eluveitie possède un large bagage musical. Dernièrement c’est “Evocation II: Pantheon” (2017), un disque quasi-acoustique qui a été produit. Côté scène, malgré un début de set fort prometteur, la tension chute assez brusquement et les morceaux joués peinent à rehausser le niveau. La bande conclue sur l’attendu “Inis Mona” mais ce titre seul ne peut faire oublier la relative déception face à un manque d’impact flagrant.

 

 

POGO CAR CRASH CONTROL (Spitfire Stage) – Pour ceux qui s’amusaient à retenir le nom du groupe, il est certain qu’ils le connaissent encore très bien après cette prestation musclée. Une formation encore plus incroyable sur scène que sur nos platines, P3C -pour les intimes- fout un joyeux bordel tout en nous démontrant qu’il mérite largement d’investir au moins la Warbird Stage. Les habitués mettent une ambiance de folie, et une fois n’est pas coutume, quand on a goûté au sang, on en redemande. Le leader résume le grand désagrément des festivaliers en une seule punchline : “Le soleil, c’est un gros fils de pute”. Comment leur en vouloir ? Après ce concert à ne pas rater, on espère que l’audience découvrira le premier album “Déprime Hostile” et tapera du pied en attendant la venue en janvier prochain au Petit Bain. Rock the boat? Sink the boat!

 

 

POWERWOLF (Main Stage) – Il est 17h15 et non, ce n’est pas l’heure de la sieste mais l’heure de la messe avec Powerwolf, Hallelujah ! Powerwolf a réussi à s’imposer comme un groupe emblématique de power metal en peu de temps. Grimée de son maquillage coloré et avenant, la bande originaire de Sarrebruck détonne par sa musique alliant orgue et chœurs quasi omniprésents, mais aussi par sa présence scénique. Le groupe interprète en première mondiale “Demons Are A Girl’s Best Friend” extrait de “The Sacrament Of Sin”, le prochain album attendu pour cette année. Pour ceux qui en redemanderaient encore, les Allemands seront de retour à Paris le 25 octobre prochain au Bataclan.

 

 

THY ART IS MURDER (Warbird Stage) – Place aux bourrins ! Les légendes du deathcore australien prennent place dans le chapiteau du festival débutant le set avec “Dear Desolation” l’éponyme du dernier album paru l’an passé et largement mis en avant (quatre titres sur neuf) lors de ce show. Les growls caractéristiques de CJ McMahon sont au top, rien à redire. Ce que les festivaliers retiendront du set sera assurément la reprise du “Du Hast” de Rammstein (ce ne sera pas la seule de ces quatre jours !) qui mettra la fosse sans dessus-dessous, avant que “Reign Of Darkness” ne mette fin à ce pur moment de brutalité !

 

 

ALESTORM (Main Stage 2) – C’est sans doute l’un des concerts les plus attendus de cette édition. D’année en année, les pirates troquent leurs navires et accostent tous les festivals du monde dans de plus gros appareils. Le challenge était au rendez-vous avec cette belle Main Stage 2 paré d’un canard géant et de bananes-canards en guise de backdrop (curieux style). Côté thématique : boire, les océans, boire, l’aventure, boire, les voyages, boire et… boire. Voilà en gros le résumé. Maintenant, ajoutez quelques hordes de pirates en devenir et vous aurez un show d’Alestorm. A quoi bon revenir sur sa musique vu qu’il fait toujours la même chose.

 

 

Parlons plutôt de ce qui sort de l’ordinaire : un solo totalement raté de la part du lead guitariste qui est parti se cacher derrière le batteur, la honte se lisant clairement sur son visage. Ensuite, l’un des membres du crew fait son apparition avec une guitare acoustique pour interpréter le titanesque “Hangover”, mais Bowes l’oblige à quitter son pantalon et de rester en caleçon. Ambiance. Enfin, notons également le wall of death qui fut une première fois manqué car les Français sont mauvais en anglais et qu’il fallait attendre le “go” du frontman avant de se projeter sur son compagnon en face. Bref tout va bien. Plus sérieusement, fête et bonne humeur caractérisent les sets d’Alestorm et le Download en a fait les frais !

 

 

OPETH (Main Stage) – Malgré le soleil de face qui, avouons-le, ne va pas de pair avec la musique du groupe, les Suédois sortent l’artillerie lourde. Huit titres tirés de huit albums différents, plutôt intéressant non ? Parmi eux “Ghost Of Perdition”, “Heir Apparent” ou encore “Deliverance” pour ne citer qu’eux. Le récital est réussi malgré l’environnement peu propice à une osmose totale avec Akerfeldt & Co.

 

 

UNDEROATH (Warbird Stage) – Et si on se payait une tranche de post hardcore ? Ce n’est pas comme ça que votre ami festivalier vous inviterait dans la fosse de la Warbird cet après-midi, mais c’est bel et bien ce que nous avons sous les yeux et dans les esgourdes. Les six membres distillent divers genres et nous font pogoter pour notre plus grand plaisir. Attendus de pied ferme, les six membres déménagent suffisamment pour que sous la tente, la foule afflue et profite de la pluie de riffs.

 

 

GHOST (Main Stage 2) – Seconde messe noire de la journée sur la Main Stage II, c’est Ghost o’clock ! L’occasion pour le public de découvrir pour la première fois en France le Cardinal Copia, successeur de Papa Emeritus III. Si on ne devait citer qu’un seul groupe montant du moment, ce serait incontestablement celui-ci. En seulement quelques années, Ghost a su innover, intriguer et faire parler de lui. Après un Olympia plus que complet en avril 2017, Ghost refoule la scène française pour présenter son dernier chef d’œuvre, “Prequelle“, sorti deux semaines avant sa venue.

 

 

Si les Suédois pensaient que l’audience ne serait pas familière avec les nouveaux singles “Dance Macabre” et “Rats”, c’est mal connaître les Français. Portés par une énorme fan base qui ne cesse d’accroître, les musiciens réussissent avec brio à jouer devant un public noir de monde, répondant à chaque commentaire du leader maquillé. Et ce juste avant l’icône Ozzy Osbourne, autant dire que le pari semblait audacieux.

 

 

 

En plus de la mise en scène remarquable et authentique, Cardinal Copia et ses Nameless Ghouls sont des bêtes de scène, occupant tout l’espace de la Main Stage 2. Bien qu’on ait pu constater quelques problèmes de son tout au long de la journée, le son donne miraculeusement justice à la musique des Suédois. A l’instar des nouveaux titres, les classiques sont aussi interprétés tels que “Cirice”, “Square Hammer” ou encore l’emblématique “Year Zero”. Sans surprise, Ghost conclut avec “Monstrance Clock” alors qu’il fait pleuvoir des billets à son effigie.

 

 

VANDENBERG’S MOONKINGS (Spitfire Stage) – Très peu le savent, il s’agit du groupe de l’un des guitaristes solistes de Whitesnake durant la fin des années 80 et 90. Oui, Adrian Vandenberg a un CV plutôt sympathique avec en prime des collaborations avec Paul Rodgers. Mais le Néerlandais, atteint d’une maladie de Lyme, ne savait pas si son énième projet solo pourrait alors continuer. Il vient nous prouver qu’il en est encore capable, même sur la plus petite scène d’un festival. Mélange de blues et de hard rock avec un goût de déjà vu, le public ne boude pas son plaisir, et les musiciens non plus. La formule n’est pas révolutionnaire mais fonctionne encore. Pourvu que ça dure.

 

 

OZZY OSBOURNE (Main Stage) – Premièrement, cette tournée n’est pas sa dernière tournée. Que les choses soient bien claires : Ozzy avait clairement indiqué que cette vaste tournée mondiale serait sa dernière grande tournée, rien ne l’empêche par la suite de jouer ponctuellement ici et là. De là à savoir s’il repassera en France ensuite, vaste interrogation.

Black Sabbath à la retraite, Ozzy Osbourne se sent encore de remplir festivals et arénas, à raison. Annoncé en marge de cette tournée, c’est évidemment le retour aux affaires de Zakk Wylde qui concentre également l’attention des fans. Gus G aura servi comme il se doit le Prince, mais le grand et l’unique Zakk Wylde, dont la carrière a décollé en raison de sa collaboration avec Osbourne, est de retour  !

Le show est un pur concentré de hits durant un peu plus d’une heure et demi. La scène est parée d’une énorme croix constituée d’écrans, et les différentes animations autour de celle-ci seront du plus bel effet. Côté show, Ozzy Osbourne est émoussé, ce n’est pas une surprise mais Papy Ozzy s’en sort plutôt bien, voire même très bien. Bien qu’agaçant avec ses fameux “I can’t hear you”, “clap your fuckin’ hands” et les “one more song” en fin de set, c’est un Ozzy souriant et heureux qui parcourt ses quelques mètres sur scène.

Les albums “Blizzard Of Oz” (1980) et le mythique “No More Tears” (1991) occupent une place centrale au sein du set et trois titres de Black Sabbath s’y trouvent également.

Les musiciens assurent, Blasko danse tout en s’appliquant à la basse, Adam Wakeman aux claviers, Tommy Clufetos puissant derrière son kit et enfin Zakk Wylde, paré d’un magnifique kilt, ne cessera de montrer la gamme de ses guitares Wylde Audio.

Celui-ci se permettra également d’aller taper un bon gros solo au plus proche de la foule, pour les amateurs de pinch et ses détracteurs les plus véhéments “il est trop long son solo non ?”.

Enfin le récital prend fin avec “Mama, I’m Coming Home” et “Paranoid” du mighty Sabbath.

Son parfait, animation vidéo et habillage scénique au top, Ozzy Osbourne en relative bonne forme et surtout Zakk Wylde, le concert est réussi. Merci et à la prochaine.

CONVERGE (Warbird Stage) – La plus grande foule du Warbird Stage est pour les vieux de la vieille. Converge tourne aujourd’hui depuis presque trente ans, et ne perd rien de sa verve. Punk hardcore du plus bel effet, le set met cependant un certain laps de temps à se mettre véritablement en place malgré l’enthousiasme de la fosse. Après quelques réglages sonores, c’est parti pour célébrer la venue du quatuor de Boston comme il se doit. Allez, une occasion de redécouvrir “Jane Doe” (2001) en attendant un futur opus !

Cette première journée s’achève donc, largement dominée par les incroyables prestations d’Alestorm, Ghost et la première tête d’affiche de ce vendredi, Ozzy Osbourne !

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Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife