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DOWNLOAD FESTIVAL FRANCE 2017 – Jour 2 (10/06/17)

Le rythme s’accélère avec cette deuxième journée qui présente de nombreux poids lourds de la scène metal internationale. Si l’on ne présente plus les System Of A Down et autre Slayer qui viendront secouer les esgourdes des festivaliers, nous serons attentifs aux prestations de Code Orange et d’AqME qui, sans vraiment le clamer, pourraient bien surprendre !

FAR FROM ALASKA (Main Stage 1) – Ne vous y trompez pas, avec son nom à forte consonance metalcore ringard, Far From Alaska est surtout une excellente formation rock venant tout droit du Brésil ! Auteur d’un premier album remarqué en 2014, le groupe s’apprête à lui offrir un successeur d’ici la fin de l’année. En attendant, la formation brésilienne nous gratifie d’une prestation survoltée et complètement barrée. La chanteuse Emmily Barreto n’hésite pas à haranguer la foule sans pour autant négliger son chant qui est d’une grande qualité. Belle découverte pour ouvrir cette deuxième journée du Download Festival France !

 

 

DEVILDRIVER (Main Stage 2) – Plus besoin de présenter le groupe du légendaire Dez Fafara (Coal Chamber). Bien que la formation n’avait pas foulé Paris depuis 2014, la présence de DevilDriver est toujours l’assurance d’un set puissant et faisant peu de concession. Une fois n’est pas coutume, le metal musclé du groupe fait mouche et raisonne tel l’Apocalypse dans toute l’enceinte du festival. Le quintette nous balance ses classiques ainsi que des extraits du dernier album en date “Trust No One” (2016). Si vous étiez venus pour la finesse, il faudra repasser !

 

 

ALTER BRIDGE (Main Stage) – Alors que le concert du 8 novembre dernier avait été annulé sans explication, il aura fallu attendre quelques mois pour enfin voir le retour français de Myles Kennedy et ses acolytes. C’est donc en plein cagnard que se produit le quatuor devant une foule compacte. Un set quelque peu étrange, il faut l’avouer. Sur les neuf morceaux, faisant la part belle aux albums “Blackbird” (2007) et “Fortress” (2013), aucun titre issu du dernier album “The Last Hero” (2016) n’aura été interprété, alors que le backdrop y fait référence. La voix puissante de Myles Kennedy et les mélodies de Mark Tremonti (qui connait bien le Download Festival France pour y avoir joué l’an dernier) résonnent jusqu’à l’entrée de la BA 2017, même s’il manque un peu de peps à l’ensemble. Du gros son et une bonne ambiance pour cette seconde performance de ce samedi sur la Main Stage !

 

 

CODE ORANGE (Warbird Stage) – La sensation du samedi, elle est là. C’est peu dire que les Américains de Code Orange font un buzz assez incroyable depuis deux ans. La sortie en janvier dernier de “Forever” chez les mastodontes de Roadrunner Records n’a fait que confirmer cette tendance. D’ailleurs, le set s’ouvre sur la chanson titre et déclenche l’hystérie dans la fosse immédiatement. La prestation du groupe est dantesque, même si moins spontanée que l’on pourrait l’imaginer. On sent que le groupe originaire de Pittsburgh commence à bien rouler sa bosse et que ce déferlement de haine est monnaie courante. Le set n’en est pas moins jouissif pour autant, le quintette balayant ses deux derniers albums avec brio. Nul doute que les tournées avec d’immenses pointures internationales va encore façonner l’identité de ce groupe qui peut devenir légendaire en suivant cette voie.

 

 

THE LIVING END (Spitfire Stage) – La première chose qui intrigue en voyant sur scène le trio australien, c’est surtout la contrebasse de Scott Owen, qui fait d’emblée penser aux Stray Cats des 80’s. Aujourd’hui, faire du punk rock avec cette instrument reste toujours possible, et ce groupe en est la preuve ! En quarante minutes, les Australiens, encore méconnu du public, piocheront dans les sept albums paru entre 1998 et 2016 et nous gratifiera d’un show dynamique entre rock n’punk et rockabilly sur la Spitfire Stage !

 

 

EPICA (Main Stage) – Quelques mois après une co headline avec Powerwolf au Zénith De Paris, le quintette hollandais metal symphonique foule les planches de la scène principale du Download Festival France pour distiller une version light du dernier concert parisien, toujours axé sur le dernier album “The Holographic Principle”. Qui dit light ne dit pas cheap non plus. Il n’y a qu’à voir l’artillerie pyrotechnique utilisée durant toute l’heure du set de Simone Simons & Co. Déjà qu’il fait chaud, on a encore plus chaud pour nos photographes ! Niveau prestation, rien n’a changé, la voix de Simone Simons résonne tellement qu’elle en devient, par moment, désagréable, alors que les autres instruments sont noyés par la basse, bien trop imposante sur la Main Stage !

 

 

TOUCHE AMORE (Warbird Stage) – Après une Maroquinerie bien blindée en février dernier, les Américains de Touché Amoré sont de retour sur le sol français pour nous apporter grâce et passion. Ouvrant le set avec “Flowers And You”, les Californiens proposent un set précis, au son généreux et raffiné, ce qui tranche considérablement avec l’ambiance générale. Même si le chant éraillé de Jeremy Bolm les maintient dans le monde élargi du hardcore, la musique de Touché Amoré cache beaucoup de nuances et ce set permet d’en avoir un bel aperçu. Le groupe jouera surtout des chansons de ses trois derniers albums, pour le plus grand plaisir des fans multipliant les sing alongs. Une parenthèse pleine de grâce.

 

 

AQME (Spitfire Stage) – 18h40, retour sur la petite scène du festival, du coup, qui est bien trop petite pour accueillir l’armée de festivaliers devant la Spitfire Stage venu assister à l’incroyable bordel provoqué par la bande des quatre dès la première note. Entre sauts, pogos et circle pits, cette seconde escale parisienne du “15ème Anniversaire AqME Sombres Efforts Tour 2017” (après le Trianon fin avril) n’aura jamais dégagé autant de rage et de poussière sur la Spitfire ! Prochaine étape : le 4 novembre à La Maroquinerie, histoire de fêter encore une fois l’anniversaire du premier album “Sombres Efforts” tout en présentant le prochain à paraître le 22 septembre 2017. On aura d’ailleurs une preview avec “Tant D’Années”.

 

 

FIVE FINGER DEATH PUNCH (Main Stage) – Dire que les Parisiens ont de la chance que se tienne ce set serait un euphémisme tant l’incertitude quant à sa tenue planait jusqu’à 19h30. Depuis quelques temps, il règne une certaine instabilité au sein du quintette américain heavy metal. Particulièrement venant du frontman Ivan Moody dont l’attitude a failli mettre fin au groupe à maintes reprises ces derniers mois. Heureusement (ou pas !), l’heure de jeu se déroule bien (contrairement à Tilburg aux Pays Bas deux jours plus tard), les spectateurs en prennent plein les oreilles, même si un certain ennui s’installe au fur et à mesure du set, les onze morceaux ayant tendance à trop se ressembler. On apprendra que le reste de la tournée européenne se fera sans Ivan Moody, remplacé par Tommy Vext (Bad Wolves).

 

 

SLAYER (Main Stage 2) – Ce qui est dommage avec un groupe aussi emblématique que Slayer, c’est son omniprésence sur les scènes du monde entier. Bien qu’ayant sorti un très bon album courant 2015, le quatuor peut être croisé minimum au Hellfest ou au Download Festival chaque année (si ce n’est pas aux deux, comme cette année, les Américains réussissant l’exploit de jouer pour la seconde année consécutive au festival de Clisson). La surprise n’est donc pas au rendez-vous même si la brutalité de ces icônes du metal surprend toujours quand même. Envoyant un “Disciple” incendiaire dès le début du set, le groupe de la Bay Area ne cache pour autant pas une certaine largesse rythmique qui amenuise l’effet rouleau compresseur que sa musique doit procurer. Toujours un bon moment, bien trop fréquent pour être véritablement enthousiasmant.

SOLSTAFIR (Spitfire Stage) – Un peu de douceur dans ce monde de brutes ! Cet interlude musical, à l’ambiance assez chamanique, nous sera proposé par les Islandais de Solstafir dont le post rock planant nous emmène vers des contrées lointaines. Comme pour Five Finger Death Punch, à ne pas trop en abuser sous prétexte de tomber dans un ennui, voir un sommeil profond ! Mais force est de constater que le groupe de vikings nordiques possède une bonne fanbase aux premières loges sur qui le frontman grimpera littéralement dessus !

 

 

SYSTEM OF A DOWN (Main Stage) – Bien qu’absent des bacs depuis la doublet “Mezmerize” / “Hypnotize” en 2005, System Of A Down retourne régulièrement sur les routes depuis 2011, encourageant les plus folles rumeurs quant à un très attendu nouvel album. Seulement voilà, l’annonce de leur programmation au Download Festival France (alors qu’ils n’ont jamais joué au Hellfest par exemple) a suscité autant l’enthousiasme que le scepticisme chez les fans. Les plus positifs y voyant, cette fois-ci, le véritable retour pour nous présenter ce nouvel album. Les plus moroses une énième tournée à la vertu surtout financière. Bien que l’on sait de source officielle que le groupe a composé de nouveaux titres qui sont prêts pour un nouvel album, le détachement constant de Serj Tankian, chanteur de la formation, n’enthousiasme pas vraiment quant à la véritable faisabilité d’un tel projet.

Mais soit ! Nous sommes ici pour parler de la prestation live de System Of A Down, sachant qu’aucun nouveau titre ne sera présenté ce soir puisque cela n’a pas été le cas non plus sur les précédentes dates. Non pas que cela représente un véritable enjeu pour cette soirée, mais des discussions saisies dans la très dense fosse de ce Download Festival France montre que certains espèrent encore. Il est 22h10 lorsque Daron Malakian entonne des coulisses “Soldier Side – Intro” avant d’entrer en scène, très vite rejoint par Shavo Odadjian, John Dolmayan et enfin Serj. Le quatuor balance dans la foulée un “Suite Pee” dantesque qui retourne l’assistance et lance une soirée que l’on se prend à espérer sous les meilleures hospices. Et ce n’est pas l’enchainement “Prison Song” et la très rare “Violent Pornography” qui fera retomber le soufflet.

Seulement voilà, passée l’hystérie des retrouvailles, on se prend à être un peu plus observateurs de la prestation des musiciens de ce soir. Si John et Shavo tiennent une section rythmique très enthousiaste, à défaut d’être aussi puissante qu’on pourrait l’attendre, la gêne nait de la relation entre Serj et Daron. Le guitariste semble… agacé. Il enchaine les titres tel un robot, pas aidé par un Serj dépassé par les brulots écrits entre quinze et vingt ans avant. La communion entre les deux est inexistante. Daron ne prenant même pas la peine de doubler les parties de Serj sur “Question!” ou “Highway Song” par exemple. Bien que la setlist ne présente que des tubes et, par conséquent, satisfait la plupart des festivaliers présents, on sent que l’ambiance n’est pas à son comble. Pour peu que l’on prête son attention à ce qu’il se passe sur scène, compliqué d’être enthousiaste face à un groupe dont la moitié est clairement blasée.

Comme à son habitude, la formation ne prend pas le temps de respirer mais n’offre aucune forme de communication avec un public qui mérite pourtant quelque attention. Serj se contentera de nous féliciter pour la qualité de notre chant avant de stopper le massacre avec un “Sugar” final bien fade.

Si vous y étiez pour vous offrir une bande son de luxe pour vous éclater avec vos amis, c’était surement un concert idéal. Ceux qui ont levé les yeux vers la scène durant la majeure partie du set ont dû regretter de ne pas rester dans l’ignorance. Constater l’attitude morne de ces génies en contradiction totale avec les chefs d’oeuvres qu’ils jouaient a du provoquer des cauchemars à certains.

Les gars, dans ces conditions, le nouvel album gardez-le pour vous.

 

 

Vous l’aurez compris, sous un soleil de plomb, cette deuxième journée de cette seconde édition du Download Festival à Paris nous aura offert des moments très intenses. De la prestation surprenant de Far From Alaska, celle enflammée de Epica ou encore, celle furieuse de Code Orange, les amateurs de sensations fortes en ont eu pour leur argent ! Constat que l’on peut difficilement faire avec les poids lourds de la soirée Five Finger Death Punch, Slayer et System Of A Down qui nous ont proposé soit des prestations paresseuses, soit trop bancales pour être convaincantes. Le meilleur ne serait-il pas à venir ?

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Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN