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AGAINST ME! / THE BRONX @ La Maroquinerie (01/06/17)

Plateau aussi réjouissant qu’engagé, le premier concert du mois de juin 2017 à La Maroquinerie a de quoi attirer foule, fun, extinctions de voix et acouphènes. Et pour cause, sont programmés ce jeudi soir deux groupes confirmés de la scène punk rock états-unienne, Against Me! et The Bronx. Tandis que ce dernier se fait silencieux depuis la sortie de “VI” en 2013, la bande de Laura Jane Grace continue sur sa lancée productive avec un septième album dans les bacs depuis septembre, “Shape Shift With Me”, qu’elle vient défendre pour la seconde fois en France après une halte à Lille la veille. Un co-headline enragé, ouvert aux pits et à tous.

Exit les premières parties ce soir : à 20h10 pétantes, la Maroquinerie et son public sont propulsés dans la soirée punk américaine sans pincette, ni délicatesse. Face à un backdrop presque disproportionné sur lequel est inscrit le nom de la formation, THE BRONX se présente sur une introduction audio à l’accent des plus exotiques, rapidement rappelée à l’ordre à coup de brouhahas de guitares sans retenue. Arborant fièrement un T-shirt du PSG, d’emblée le chanteur Matt Caughthran se lance, avec ses quatre autres camarades, dans une course aux distorsions, débutée par “Heart Attack American”, où l’efficacité et la rapidité sont de mise. La voix de celui-ci se retrouve vite effacée par l’ensemble des instruments, au volume sonore imposant, pour autant elle n’en demeure pas moins puissante, sèche et expressive, notamment lors de “Shitty Future”, morceau rentre-dedans au possible.

 

 

Sans aucun doute la facette la plus hardcore du genre de ce soir, les fans se font nombreux dans le petit espace proche de la scène, dans le but de se défouler un maximum durant les moshpits quasi constants, engendrés par des morceaux comme “Knifeman”, “Rape Zombie” ou “Six Days A Week”. Une activité qui sera vite également celle du frontman, qui passera une majeure partie du set au plus proche du public, s’investissant physiquement à la bonne conduite de son concert. Ce dernier finit même par prendre au hasard un casque de moto au et à le porter fièrement dans un élan de folie. Au-delà de l’aspect revendicatif de certaines chansons, la performance de The Bronx est surtout marquée par la synergie entre celui-ci et La Maroquinerie, au respect et l’entraide affirmés, offrant une perspective communautaire appréciable, spécialement lors du convoité “History’s Stranglers”, apothéose de cette heure de show.

 

 

Après l’effort et une courte pause nécessaire à la redescente de la température, c’est au tour d’AGAINST ME de venir faire gronder guitares, basse, batterie et paroles engagées. Plus en retrait que pour le groupe précédent, l’assemblée ne manque pas de se réveiller lorsque “True Trans Soul Rebel” vient couper court à l’intro hip hop détonante. Egal à lui-même, le quatuor américain déborde d’énergie et de joie et c’est sourire aux lèvres et cheveux sur le visage que Laura Jane Grace charme la foule avec ses lignes de chant maîtrisées et introspectives, comme lors de “333” ou “Haunting, Haunted, Haunts”, tous deux issus du dernier disque “Shift Shape With Me” (2016). Ce soir encore, la leadeuse vient nous conter par l’intermédiaire de mélodies son histoire, se libérant des contraintes sociétales encore trop strictes. Un laissé aller qui s’entend même dans l’instrumentalisation du concert, avec une entrée en matière de “FuckMyLife666” quelque peu souillée par un mauvais accordage de l’instrument de la frontwoman.

 

 

Niveau set, les Américains ne sont pas du genre à produire une performance figée, similaire du jour au lendemain et cela se ressent : les enchaînements sont loin d’être linéaires mais semblent naturels et expéditifs. Il faut dire que les titres proposés par le quatuor sont surtout des tubes de l’avant dernier album (“Unconditional Love” introduit par un fort discours, “Dead Friend”, “Transgender Dysphoria Blues”) et des classiques d’Against Me! : du frissonnant “Cliché Guevara” aux fédérateurs “Pints Of Guinness Make You Strong” et “Sink, Florida, Sink”, aux choeurs repris à pleins poumons et poings levés, la seconde partie de la performance se veut plus proche du passé que du présent. Une période dont Against Me! se détache peu à peu, sans la quitter pleinement. Finalement, après un court marathon, la troupe de Floride revient pour un rappel mi-acoustique/mi-électrique, entre surprises et tradition. Démarrant avec une courte reprise de The Mountain Goats, “The Best Ever Death Metal Band In Denton”, Grace enchaîne sans une once de repos avec le beau “Joy”, avant de saluer définitivement avec “Trash Unreal” et “I Was A Teenage Anarchist”.

 

 

Les concerts d’Against Me! sont toujours sources de réconfort, énergiques, en plus d’être symboliques et unificateurs. Ajouter à cela un concert aux petits oignons de The Bronx, dans un registre certes un peu plus énervé mais dans les codes du genre, et tout(e) fan de punk ne peut qu’être comblé(e) face à ce plateau musicalement complet.

Setlist :

True Trans Soul Rebel
333
Dead Friend
Haunting, Haunted, Haunts
Unconditional Love
Transgender Dysphoria Blues
Delicate, Petite And Other Things I’ll Never Be
Fuck MyLife666
Boyfriend
Dead Rats
Rebecca
Cliché Guevara
Walking Is Still Honest
Pints Of Guinness Make You Strong
Sink, Florida, Sink
Black Me Out
—-
The Best Ever Death Metal Band In Denton
Joy
Trash Unreal
I Was A Teenage Anarchist