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5 SECONDS OF SUMMER @ YOYO (04/04/18)

Il s’en est passé des choses, depuis le premier passage par Paris de 5 Seconds Of Summer, quatre ans pile auparavant. Deux albums, des concerts au Zénith et à Bercy, le cap de la vingtaine passé et un court break plus tard, le quatuor australien est revenu teaser son imminent troisième album dans un YOYO plein à craquer.

Squattant habituellement des grandes salles, des arènes – voire des stades -, c’est dans l’intimiste club calé sous le Palais De Tokyo, que 5 Seconds Of Summer fait son retour dans la capitale. Alors forcément, la course aux billets fut féroce et c’est en enjambant les couvertures de survie et tapis de campement de celles qui ont passé la nuit devant les portes qu’on descend dans la salle. Pas de première partie, ce n’est que peu avant 21h, alors que les dernières notes de “Personal Jesus” de Depeche Mode s’évanouissent, que le YOYO est plongé dans l’obscurité. Une nuée de téléphones portables s’élève dès que les quatre Australiens s’installent sur scène et les décibels grimpent en moins de temps qu’il n’en faut pour dire 5SOS. Et quand la bande ouvre avec “She Looks So Perfect”, tout simplement son plus gros tube, on l’entend à peine tant la foule chante de tout son coeur. Ça se déhanche sur la funky “Girls Talk Boys”, ça plane sur la très The 1975 “Disconnected”, hurle de tout son coeur sur la ballade un poil larmoyante “Amnesia”, remue frénétiquement sur “She’s Kinda Hot”. L’efficacité immuable de ses premiers morceaux, le quatuor le prouve sans soucis, mais c’est surtout vers l’avenir qu’il regarde.

 

 

 

Car cette mini-tournée vise à attiser la curiosité quant à son prochain album. Si le premier single “Want You Back” avait fait craindre une mise au second plan de guitares, Michael Clifford et sa Gibson Les Paul dissipent vite cette appréhension en faisant résonner les premières notes inconnues de la soirée, sur “Moving Along”. Pas de virage radical, les nouvelles compositions restent dans la même veine pop rock, toujours aussi accrocheuses mais plus subtiles. Pas de changement non plus sur la forme, la bande se partage le chant sur les six nouveaux morceaux joués ce soir. Les morceaux ont beau être flambants neufs, le chant se partage aussi avec le public qui connaît déjà en partie les paroles par coeur. La trainante “Valentine”, portée par une mise en lumière rouge sang, se fait délicieusement plus sombre, tandis que la plus nerveuse “Talk Fast” fait figure de caution rock et “Lie To Me” s’impose comme LA ballade. Mais c’est surtout “Youngblood”, présentée par Michael Clifford comme la chanson la plus représentative du prochain album, qui se démarque. Tout en dualité, entre douceur et tension, le morceau monte doucement en puissance et si tout l’album sonne effectivement dans ce ton, c’est particulièrement prometteur.

 

 

Plus que teaser son nouveau son, c’est sa nouvelle identité que 5SOS vient présenter. Une identité plus mature, plus personnelle et moins copiée sur celles de ses modèles. Fini de courir partout à travers la scène, les quatre musiciens ont une stature plus calme et maîtrisée, voire plus statique. Bien sûr, l’exiguïté de la minuscule scène n’y est pas pour rien non plus. Si la bande n’a jamais établi de hiérarchie en désignant un leader, cela semble s’être finalement fait naturellement. Déambulant sur le devant de la scène quand il n’est pas à la guitare et allant à la rencontre des premiers rangs, Luke Hemmings, avec son air nonchalant et ses ongles peints en rouge, semble de plus en plus endosser ce rôle. À ses côtés, ses bandmates Calum Hood (basse) et Michael Clifford (guitare) sont légèrement plus en retrait, bien que mis en valeur quand ils prennent le micro. Quant au batteur Ashton Irwin, un peu camouflé au fond de la scène, il impressionne par l’intensité de son jeu et son énergie solaire contagieuse. Sa maîtrise, entre puissance et retenue, sur “Waste The Night” est particulièrement remarquable.

 

 

Échangeant fréquemment entre eux, tous les membres s’essayent avec plus ou moins de succès au français, prenant chacun le temps de s’adresser à la foule. La symbiose entre le groupe et son audience est particulièrement forte sur la monstrueusement efficace “Jet Black Heart”, menée au chant par Michael Clifford, suivi par ses bandmates et un YOYO déchaîné. Dernière occasion de s’époumoner, le single “Want You Back” vient clôturer cinquante minutes d’un set certes un peu expéditif, mais qui laisse imaginer un avenir radieux pour 5SOS.

 

 

Plus mature, toujours aussi frais et porté par des morceaux prometteurs, ce nouveau chapitre dans la carrière des 5 Seconds Of Summer donne envie de s’envoler vers l’été avec eux.

Setlist :

She Looks So Perfect
Girls Talk Boys
Disconnected
Moving Along
She’s Kinda Hot
Valentine
Amnesia
Lie To Me
Waste The Night
Talk Fast
Youngblood
Jet Black Heart
Want You Back