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CIRCA WAVES @ La Maroquinerie (13/04/17)

Un mois après la sortie de leur énervé second album, “Different Creatures”, les Anglais de Circa Waves ont donné le coup d’envoi de leur tournée européenne dans une Maroquinerie gonflée à bloc.

Pour commencer cette soirée prometteuse, le quatuor londonien INHEAVEN fait office d’amuse-bouche. Déjà passé par Paris en première partie de Jamie T en novembre dernier, le groupe semble avoir acquis quelques fans dans la capitale, malgré une discographie encore quasi-désertique. Pas d’album certes, mais plusieurs EP remplis de morceaux savoureux et une assurance étonnante. Entre les sourires chaleureux de la chanteuse/bassiste Chloe Little et le headbanging enragé du chanteur/guitariste James Taylor, la bande est menée d’une main de maître par deux leaders charismatiques. Largement desservi par un son désastreux et une batterie assourdissante couvrant trop souvent les voix du duo chant, INHEAVEN délivre cependant un set d’une grande qualité, flottant entre pop rétro (“Baby’s Alright”), grunge enjoué (“Treats”) et shoegaze dreamy (“Regeneration”). La douceur succède à la brutalité et les quatre Britanniques alternent entre plusieurs ambiances, tout en gardant une patte qui leur est propre. Un premier set prometteur qui donne envie de les revoir (après des balances dignes de ce nom).

 

 

Nos oreilles ont le temps de se remettre de cette explosion de décibels puisque c’est avec près de trente minutes de retard que les quatre membres de CIRCA WAVES arrivent enfin sur scène. En quelques secondes, on comprend que le show de ce soir va être renversant. Connue pour sa pop indé insouciante, la bande de Liverpool avait légèrement surpris en prenant un virage plus sombre sur son dernier album, “Different Creatures“, et c’est sur ce ton incisif qu’elle ouvre son concert. Dès les premières notes du riff strident de “Wake Up”, un mosh pit s’ouvre dans la fosse. Dévastateur, le récent single plonge La Maroquinerie dans une euphorie qui durera plus d’une heure. Incorporant avec aisance le son rock de son dernier album aux anciennes compositions de “Young Chasers” aux accents plus pop, la formation balance tous ses morceaux avec la même ferveur. On se déhanche sur le trio “Get Away” / “Young Chasers” / “Lost It”, on se jette avec hargne dans un pogo sur la petite bombe qu’est le dernier single, “Goodbye” avant de se radoucir sur “Fossils” et ses sonorités ensoleillées.

 

 

Circa Waves fait partie de ces groupes qui n’ont pas besoin de faire grand chose pour déchainer les foules, si ce n’est posséder une capacité à apporter une nouvelle dimension à leurs morceaux sur scène. Le public, comme monté sur ressorts, ne s’arrête de sauter que sur la plus douce “Out Of My Own”, ce qui ne l’empêche pas de chanter à pleins poumons. La voix de Kieran Shudall est particulièrement mise en valeur sur ce type de morceau envoutant, grâce à un son bien meilleur que pendant la première partie. Si le quatuor excelle sur les morceaux calibrés ultra efficaces, il se démarque quand il sort de ses chantiers battus. Dans la même lignée, “A Night On The Broken Tiles” et ses humeurs changeantes nous plonge dans une profondeur inattendue. Loin de l’esthétique colorée de l’époque “Young Chasers”, l’éclairage est d’un rouge ténébreux comme l’artwork de “Different Creatures”.

 

 

Plus mature et plus sombre, Circa Waves n’oublie pas pour autant l’insouciance de ses débuts. “Stuck In My Teeth” et “My Love” sont l’occasion pour Kieran Shudall, un grand sourire aux lèvres, de s’assurer que personne n’a oublié les paroles de ces tubes bubblegum et contagieux à souhait. Après près d’une heure de show, les quatre musiciens offrent quelques minutes de répit à l’assemblée et s’éclipsent en coulisses. Colin Jones réapparaît en premier et s’installe derrière sa batterie pour teaser de ses puissants coups de baguettes “Fire That Burns”. Électrique et accrocheur, le single démontre une fois encore l’efficacité des nouvelles compositions en live. Circa Waves se fait plus bavard et couvre la salle de mercis avant de combler ses fans avec l’incontournable “T-Shirt Weather”, dernière occasion de s’époumoner et de sauter.

 

 

Circa Waves vogue sur les flots de la pop indé et du rock alternatif avec habileté. L’urgence des nouveaux morceaux, décapants en live, est parfaitement jumelée à l’entrain enjoué du reste de sa discographie. Bien que beaucoup trop court, le passage à La Maroquinerie du quatuor s’illustre, d’après les mots du leader, comme “le meilleur concert du groupe à Paris”. On approuve.

Setlist :

Wake Up
Get Away
Young Chasers
Lost It
Goodbye
Fossils
Stuck
Out On My Own
Stuck In My Teeth
Different Creatures
A Night On The Broken Tiles
My Love
—-
Fire That Burns
T-Shirt Weather