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BAND OF HORSES @ Elysée Montmartre (27/02/17)

La tournée européenne de Band Of Horses a fait un crochet par l’Élysée Montmartre, quatre ans après le dernier passage du groupe de Seattle dans la capitale. Venus défendre son dernier album, “Why Are You OK,” publié en juin dernier, les Américains ont embarqué la salle dans une virée dépaysante.

Quatre longues années d’absence prennent fin ce soir pour les fans parisiens de Band Of Horses. Ce délaissement ne les a absolument pas refroidi et, pour l’occasion, ils se sont déplacés en masse. Pour donner le ton de cette soirée sentant bon les grandes plaines et les longues routes désertes, le Texan ISRAEL NASH se charge de la première partie. Avec sa grosse voix, parfois rauque et profonde, parfois perchée, et ses mélodies lumineuses et acoustiques, l’imposant barbu berce doucement la salle de sa country folk psychédélique. Seulement accompagné au clavier et aux choeurs par un musicien, Israel Nash instaure une atmosphère onirique et épurée, particulièrement forte sur l’harmonieuse et paisible “LA Lately”.

 

 

Après cette première excursion dans des contrées lointaines, c’est au tour de BAND OF HORSES de transporter son public de l’autre côté de l’Atlantique. Vers 20h30, une douce lumière orangée éclaire la toile de fond de la scène, représentant une forêt clairsemée. Sur fond de piano classique, Ben Bridwell et sa bande se faufilent à travers les arbres, grimpent sur scène et embarquent tout le monde dans un road trip à travers les États-Unis. Avec le chanteur assis devant sa pedal steel, on prend un départ tout en douceur sur la paisible “Monsters”. On appuie sur l’accélérateur sur “The First Song” et quand le leader se lève pour ajouter sa guitare à celles de Tyler Ramsey et de Ryan Monroe sur “NW Apt.” et “Casual Party”, on sprint carrément à 180 sur l’autoroute. Les cinq musiciens envoient des mélodies lumineuses et puissantes, serpentant entre les frontières du folk et du rock indé.

 

 

Les paysages de grands espaces naturels américains qu’évoquent immanquablement la musique de la bande de barbus défilent de plus en plus vite. La formation fait une halte à Nashville en piochant dans son dernier album, “Why Are You OK“, deux morceaux country, “Country Teen” et “Throw My Mess”. Le guitariste Tyler Ramsey et le claviériste Ryan Monroe se succèdent au chant, tandis que Ben Bridwell harmonise à leurs côtés, renforçant l’ambiance “communion au coin du feu” qui se dégage. Après quelques déambulations agréables avec l’entrainant “Laredo” et l’énergétique “Solemn Oath”, on s’arrête dans un coin désertique pour se blottir sous les étoiles sur les intimistes et émouvantes “Older” et “Factory”, toutes deux piochées dans “Infinite Arms” (2010).

 

 

Passant d’une énergie déterminé à une émotion honnête, la formation peine pourtant à faire réagir une assemblée plutôt morose. Heureusement, Ben Bridwell cache plus d’un tour sous sa casquette verte et quand le groupe attaque les tubes incontournables, ça se réveille. “The Great Salt Lake” et “Cigarettes, Wedding Bands”, aussi puissantes que planantes, sont toujours d’une efficacité redoutable, dix ans après leur sortie. L’explosion chatoyante à mi parcours de “Is There A Ghost”, accompagnée de projecteurs aveuglants, est foudroyante et massive. Si l’assemblée jubile sur ces moments forts, le registre de l’émotion reste l’endroit où excellent le plus les cinq musiciens. Les premières notes de guitare de “No One’s Gonna Love You”, scintillantes et suspendues dans un silence religieux, génèrent un frisson généralisé. La voix claire et pure du chanteur, transpirant la sincérité, fait vibrer la corde sensible de l’auditoire. Sans surprise, après une courte pause et de fortes acclamations, BOH sort son infaillible dernière carte, “The Funeral”. Avec son intro culte et poignante et son refrain détonnant, le tube remplit d’étoiles les yeux des spectateurs et clôt en apothéose plus d’1h40 de voyage mouvementé.

 

 

Avec ses mélodies lumineuses et sa sincérité touchante, Band Of Horses a embarqué l’Élysée Montmartre pour une escapade exaltante. Malgré quelques longueurs, les Américains parviennent sans problème à mêler leurs nouvelles compositions aux anciennes en mariant folk, pop rock et country et confirment, plus de dix ans après le premier album, leur place de groupe incontournable de la scène indie.

Setlist :

Monsters
The First Song
NW Apt.
Casual Party
Solemn Oath
Marry Song
Older
Factory
The End’s Not Near
Laredo
The Great Salt Lake
Islands On The Coast
No One’s Gonna Love You
In A Drawer
Country Teen
Throw My Mess
Blue Beard
Cigarettes, Wedding Bands
Is There A Ghost
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The Funeral