Chroniques

ZeM – Freedom Machine

Après un premier opus diablement séduisant, ZeM alias Michael Zemmour, revient avec un second essai au nom surprenant : “Freedom Machine”. Avec un tel nom, impossible de ne pas imaginer un CD pop avec moult références hippies et textes contestataires, dans l’air du temps. En vérité, le disque n’a rien d’un énième album pop rock artificiel et hasardeux. ZeM sait où il en veut en venir. Oui, oui. Il sait ce qu’il fait. Mais ne nous y trompons pas : les critiques dithyrambiques sur “Heavy Duty Burdens” n’ont pas eu raison de l’humilité du Sieur Zemmour. Sur sa “machine à liberté”, ZeM se lâche avec audace mais ne se la raconte jamais. A ceux qui pensent que ce qui se fait de mieux en matière de pop rock commence par James, finit par Blunt et nous file le cafard en nous faisant partager traumatismes de guerre et interprétations suicidaires de déceptions amoureuses, nous leur proposons de se laisser séduire par cet album stimulant.

L’efficacité de “Freedom Machine” repose sur le côté direct du style musical de ZeM et l’impression d’une plus grande liberté artistique du moins, une plus grande aisance. Le premier morceau, “Watch Your Step”, incarne de manière évidente ce sentiment d’épanouissement. Ainsi le corps de ce disque est traversé par l’esprit positif du pop rock : langage musical universel bardé de références au passé, et processus d’élaboration de chansons simples, comme des collages. D’ailleurs, certaines d’entre elles se distinguent pour leur complexité structurelle savamment dosée. Citons “Freedom Machine”. Au départ, nous avons l’impression d’écouter une balade qui pourrait figurer sur la BO de la dernière saison de Dawson mais en fait, c’est une chanson double-face : le refrain prend un virage rock inattendu et agréablement surprenant. Autre exemple de piste surprise : “Sixteen Lover”, qui fait tout d’abord penser à un tube pop des années 90 (genre de “Crazy” de Seal) avant de se muer en petite bombe bluesy. En outre, il ressort de cet album, de manière évidente et davantage que sur “Heavy Duty Burdens”, beaucoup d’influences musicales. L’intensité de “Can’t Stand”, repose en effet en grande partie sur sa ligne de basse dont certaines parties font penser à celle de ‘Trouble” de Coldplay. Cependant ce morceau possède un atout de taille : un joli pont joué à la guitare. Sur “Freedom Machine”, la guitare aussi se lâche : saturée, elle complète les compositions, éclatant comme des coups de tonnerre (“How Come”). L’ensemble présente un aspect “fait maison” tout en restant propre, entraînant et accessible à un public large, tombant à pic pour accueillir les beaux jours.

Résultat : un disque passionnant et maîtrisé. La cohérence de l’environnement sonore de “Freedom Machine” confère aux créations de ZeM une certaine authenticité. Si sa musique prend ici un tournant expérimental, bien plus puriste que sur son prédécesseur, l’auditeur perçoit beaucoup de références musicales, dans une démarche qui n’a rien de pompeux. ZeM n’est pas un poseur. ZeM a le blues, ZeM a la fièvre, et, fait incontestable, ZeM est un musicien particulièrement doué pour bousculer ses auditeurs avec subtilité. Dans “Freedom Machine”, son talent prend toute sa dimension. Nous vous recommandons donc chaudement la découverte de cet univers musical rafraîchissant, dont ZeM nous invite à partager la fougue et la liberté sur cet excellent album.

Informations

Label : MVS Records
Date de sortie : 23/05/2011
Site web : www.zem-music.com

Notre sélection

  • Watch Your Step
  • Can't Stand
  • Freedom Machine

Note RUL

4/5