Wings Of Steel – Winds Of Time

Certains albums ne marquent pas seulement une étape : ils ouvrent un horizon. Winds Of Time, le nouveau souffle de Wings Of Steel, appartient à cette catégorie rare. Après Gates Of Twilight (2023), le groupe californien revient avec une œuvre plus ambitieuse, plus ample et surtout plus libre. Le titre résonne comme un manifeste : le temps passe, le vent tourne, et Wings Of Steel avance, porté par une envie palpable de grandir sans renier son identité.

Son univers reste ancré dans ce heavy metal flamboyant hérité des années 80, celui où la puissance se mêle à la mélodie, où chaque solo raconte autant qu’il impressionne. Mais cette fois, le son respire différemment. Les guitares de Parker Halub gagnent en ampleur, la voix de Leo Unnermark semble plus incarnée, et la production, confiée à leurs soins, dégage une chaleur artisanale qui contraste joliment avec la froide perfection de beaucoup de productions modernes. C’est du metal sincère, humain, vivant – forgé à la main.

De la fureur à la rédemption

L’ensemble s’ouvre sur “Winds Of Time”, un morceau monumental de plus de dix minutes, qui prend le temps de raconter. Entre douceur mélodique et flambée épique, il s’écoute comme une traversée. Chaque passage apporte une nuance nouvelle, entre introspection et ascension. C’est une ouverture courageuse, qui annonce sans détour : Wings Of Steel n’est plus un simple hommage au passé, mais un groupe qui écrit sa propre histoire.

Avec “Saints And Sinners”, le ton change radicalement. Plus frontal, plus nerveux, ce titre libère toute l’énergie scénique du quatuor. Le riff tranche, la batterie martèle, le refrain explose. On y sent déjà la sueur et l’électricité des concerts à venir. C’est un hymne de scène, taillé pour les grandes salles qu’ils fouleront bientôt en première partie de Sabaton aux États-Unis.

Après cette décharge d’adrénaline pure, le groupe opère un virage. “To Die In Holy War” marque une autre facette du groupe : celle du conteur. Derrière son aura martiale, on découvre une tension dramatique, presque spirituelle. La composition joue sur les contrastes – un couplet sombre, un refrain lumineux – et démontre que Wings Of Steel sait manier l’émotion autant que la puissance. C’est un titre qui reste longtemps en tête, les harmonies de guitare rappellent les grands crus du power metal européen, mais l’intensité du chant garde cette couleur très américaine, brute et sincère.

Après la grandeur et la tension, place à la vulnérabilité. Sur “Lights Go Out”, la voix s’y fait fragile, les guitares s’apaisent, et la mélancolie s’installe comme une brume dorée. C’est la pièce la plus humaine du disque, celle qui rappelle qu’au-delà de la technique, le metal est avant tout une histoire d’âme. Quand le dernier accord s’éteint, il reste ce silence lourd. Ce morceau, c’est une respiration, une prise de conscience, un adieu à l’ancien Wings Of Steel.

Et pour finir, “Flight Of The Eagle”, qui clôture l’album, s’impose comme un moment suspendu, qui n’est pas sans rappeler une vibe à la “Nothing Else Matters” de Metallica. Ce morceau respire l’altitude et la sérénité, comme si, après les batailles, Wings Of Steel prenait enfin le temps de regarder le monde depuis les nuages.

Le souffle d’une ascension

En s’apprêtant à rejoindre la tournée américaine de Sabaton en 2026, Wings Of Steel franchit un cap symbolique : celui du passage à la cour des grands. Et Winds Of Time tombe au moment parfait pour sceller cette ascension. Plus mature, plus dense, mais toujours authentique, l’album montre un groupe qui sait d’où il vient, mais surtout où il veut aller.

Là où Gates Of Twilight brillait par sa fougue, Winds Of Time séduit par son âme. On sent derrière chaque note un besoin vital d’expression, une passion brute, une recherche de sens. Le heavy metal de Wings Of Steel n’est pas figé dans le passé : il s’en nourrit pour mieux renaître.

Le temps leur appartient

Avec Winds Of Time, Wings Of Steel prouve qu’on peut rester fidèle à l’essence du heavy metal sans tomber dans la nostalgie. Leur son a gagné en force, leur écriture en maturité, et leur âme n’a rien perdu de sa fougue. Ce disque a tout d’un tournant : celui où un jeune groupe cesse d’être une promesse pour devenir une certitude.