ChroniquesSlideshow

Wings Of Steel – Gates Of Twilight

En 2023 sortait le premier album de Wings Of Steel, Gates Of Twilight. Véritable hommage aux pionniers du metal (Black Sabbath, Led Zeppelin, Iron Maiden), cet excellent disque nous propose une approche plus classique du genre, loin des touches neo metal des artistes actuellement en vogue.

Vintage mais rafraichissant

Le parti pris musical de l’ensemble ne pouvait être réussi que s’il était parfaitement assumé. Et le pari a été tenu. Les cinquante minutes de Gates Of Twilight, largement empruntées au hard rock / heavy metal de la fin des années 1970 / début des années 1980, permettent de remettre au goût du jour une approche du genre qui peut paraître un poil démodée, surtout face aux expérimentations actuelles des groupes de metal les plus “grand public” (Bring Me The Horizon, Bad Omens, Sleep Token). Ici, pas de touche électro ou d’influence hip hop, mais des sections instrumentales à rallonge avec des solos de guitare (souvent harmonisés) sur toutes les chansons sans exception, contrastant avec des riffs saccadés, portés par une batterie puissante et typique du courant musical. Les morceaux laissent toute leur place au talent des deux virtuoses de Wings Of Steel, Leo Unnermark (chant) et Parker Halub (guitare). Le ton n’est pas à la retenue : le tout est pompeux, grandiloquent, théâtral presque, mais très alléchant.

S’il fallait rapprocher Wings Of Steel de ses contemporains, il faudrait citer Avenged Sevenfold. Des titres comme “Fall In Line” ou “Gates Of Twilight” rappellent plutôt bien la signature musicale de ses confrères de la scène heavy metal actuelle, avec ces solos mêlant talent technique et sensibilité mélodique, ces sections rythmiques effrénées et cette sensation de catharsis émotionnelle. La voix de Leo Unnermark contribue considérablement à cette abondance passionnelle, avec ses aigus ultra impressionnants rappelant en toute évidence Robert Plant (Led Zeppelin) ou Ian Gillan (Deep Purple). Ses prouesses vocales lui permettent de jouer un rôle de premier plan au milieu de cette effervescence instrumentale qui aurait pu noyer bon nombre de chanteurs.

Autre élément rappelant les influences classiques du groupe : sa méthode de composition tendant souvent vers des structures complexes, des chansons dépassant les cinq minutes, des parties instrumentales élaborées empruntant parfois des éléments au rock progressif. Au point où on pourrait lui reprocher des arrangements et des enchaînements de sections prévisibles sur les dix morceaux. Les quelques ballades du disque, aux guitares joliment arpégées, sont mélodiquement très réussies et laissent toute leur place au sentimentalisme. Si “She Cries” est son “Still Loving You” (Scorpions), “Slave Of Sorrows” est son “Nothing Else Matters” (Metallica).

Epopée théâtrale

Mais réduire Gates Of Twilight à une dédicace aux pionniers du metal est à la fois injuste et incomplet. Il suffit de s’attarder quelques secondes sur la pochette pour comprendre que les deux musiciens de Los Angeles ont aussi puisé quelques inspirations du côté du power metal. Cette influence se ressent aussi bien dans la direction musicale de certains morceaux que dans les thèmes mis à l’honneur. Ainsi, les riffs galopants et les refrains gonflés de “Fall In Line”, “Garden Of Eden” ou “Cry Of The Damned” nous plongent au cœur d’une épopée lyrique et intense. De plus, les thématiques abordées regorgent de références bibliques, mythologiques et d’un champ lexical mortuaire : “Garden Of Eden” en est une preuve évidente, mais citons également les paroles de “Lady Of The Lost”, qui attribuent à un portrait féminin des caractéristiques relevant du divin – ou plutôt du démoniaque. Enfin, “Cry Of The Damned” joue avec l’idée de l’inévitabilité de la mort, et “Fall In Line” propose une entrée en matière funèbre portée par une voix d’homme parlée et menaçante, suivie d’un rire machiavélique : “In the mouth of evil, I am the tongue that bleeds / In the jaws of death, I hold the gun of greed“.

Au-delà de l’iconographie et des sujets de prédilection repris au power metal, Gates Of Twilight explore d’autres thèmes plus introspectifs, mais toujours colorés d’une certaine tension dramatique. C’est le cas de “She Cries”, qui raconte l’emprise psychologique d’un homme sur une femme menant celle-ci à commettre l’irréparable; mais aussi de “Slave Of Sorrows” qui décrit la descente aux enfers d’un individu aux prises avec ses démons intérieurs (“I have become / Defeated in a war of one“). Occupant une place à part sur l’album, “Leather And Lace”, très glam, provoque avec ses paroles à la limite de l’érotisme, accompagnées d’un riff lourd et gras, d’un tempo lent et d’un timbre vocal plus grave que d’ordinaire (dont l’éraillé et la sensualité rappellent les débuts de carrière d’Adam Lambert).

En bref, Gates Of Twilight, c’est un peu comme si Greta Van Fleet s’était mis au metal. Une voix suraiguë dans la lignée de Robert Plant et des influences classiques du heavy metal façon eighties. Mais en plus, chez Wings Of Steel, on retrouve une esthétique et des codes musicaux empruntant au power metal et offrant une théâtralité somptueuse au tout.

Informations

Label :
Date de sortie : 19/05/2023
Site web : www.facebook.com/OfficialWingsofSteel

Notre sélection

  • Garden Of Eden
  • Slave Of Sorrows
  • Gates Of Twilight

Note RUL

 4/5

Ecouter l’album

Ecrire un commentaire