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Weezer – Weezer (Black Album)

Se risquer à définir Weezer à une seule identité sonore tient de l’inconscience. En presque trente ans de carrière, la surprise est toujours de mise tant du côté du quatuor que du public. On distingue les fans de la première heure, les nouvelles recrues, et une frange plus discrète qui apprécie l’évolution du groupe. Si vous êtes à la recherche des débuts, ne vous laissez pas aguicher par un titre d’album qui donne envie du taper des pieds en pensant au quatuor américain. Le “Weezer (Black Album)” va étonner, ravir, faire grincer des dents. Une palette d’émotions somme toute normale.

L’artwork de la pochette donne un indice considérable avec la formation plongée dans l’or noir dans un élan d’esthétisme moderne. Loin de la reproduction des années 90, il y a ici une volonté de se mettre à la page. L’ensemble commence par ses deux premiers singles, “Can’t Knock The Hustle” et “Zombie Bastards”. De la production musicale aux paroles, le premier est tout simplement un tube de l’été. Le tour de force perpétré par “Island In The Sun” est de nouveau commis au bout de deux décennies. Impossible de s’enlever le titre de la tête une fois écouté, ce qui n’est pas désagréable car si on prête l’oreille, l’humour pertinent de la bande de Rivers Cuomo est toujours au rendez-vous : “Leave a five star review and I’ll leave one for you – can’t knock the hustle.”

Ce qui nous amène au second morceau, qui, curieusement, fait référence à un film des studios Troma “Die You Zombie Bastards”, réplique que l’on retrouve dans différents long métrages de l’entreprise new-yorkaise. Un clin d’oeil à une culture moins populaire pour une chanson qui a l’allure tout d’un nouveau hit dans un style un peu moins entraînant que le premier. Les Californiens s’engagent dans une traversée à travers un rêve américain aux couleurs de Lady Gaga, Jay-Z, Bruno Mars, et tant d’autres artistes qui sont aux antipodes de ce que nous avons connu dans les bacs quand le disque bleu a débarqué.

Avec des moments de performance vocale et musicale, comme “High As A Kite” qui nous ramène à l’esprit de “Make Believe” tout en étant l’un des morceaux les plus introspectifs de l’essai, le résultat manque cruellement de repères. Loin d’être une faute courante de la part des quatre compères, le propos se perd dans des mélodies parfois insipides malgré une production impeccable. Des compositions comme “Piece Of Cake” vous feront demander si vous n’êtes pas en train d’écouter une publicité Spotify. Seuls certains gimmicks comme les guitares en fond de “California Snow” font penser aux ritournelles habituelles du groupe. Ce qui dérange au final, ce n’est pas ce que Weezer entreprend, c’est la façon dont il s’y prend. Cet intention d’apporter un effort hybride entre la pop et l’électro est louable, mais les Américains ne sont pas sur leur terrain de prédilection. Peut-être aurait-il fallu s’entourer de cadors éclectiques de la production pour ne pas sacrifier la composition au détriment de l’innovation.

Au delà de la référence et de l’humour, les dix titres de “Weezer (Black Album)” sont avant tout une réflexion sur le place du groupe aujourd’hui. Beaucoup diront que la plaisanterie a assez duré, d’autres aimeront ce qu’ils vont entendre. Cependant, l’élément majeur à prendre en compte, c’est que Weezer semble se faire plaisir. Ce n’est pas un album incontournable du quatuor de Los Angeles, mais il a sa place au sein de sa discographie. Après tout, tout ira bien à la fin.

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 01/03/19
Site web : www.weezer.com

Notre sélection

  • Can’t Knock The Hustle
  • High As A Kite
  • The Prince Who Wanted Everything

Note RUL

 2,5/5

Ecouter l’album