Chroniques

Trivium – In Waves (Special Edition)

La Floride fait rêver. Pour son climat torride, ses bimbos en bikini, les panoramas ouvrant chaque épisode des “Experts : Miami”, et parce que là-bas, les métalleux sont surdoués. Il y a huit ans, Trivium nous épatait avec un premier album explosif (“Ember To Inferno”) et une dextérité à faire pâlir d’envie toute une génération de musiciens en herbe. En quatre opus, ils se sont faits une place au soleil, affichant une volonté de surprendre en variant les styles : du metalcore au thrash metal, Trivium se dépasse tout en rendant hommage à d’influents poids lourds tels que Metallica ou Machine Head. Après un petit changement de line up, les quatre jeunots se sont fixés de nouveaux défis dont les fruits sont réunis sur ce cinquième effort studio. Nous avons décidé de vous faire partager la découverte des dix-huit titres que contient l’édition spéciale de cet album ambitieux. 

“In Waves” présente un enchaînement assez intéressant, s’ouvrant sur “Capsizing The Sea”, une intro, comme sur “Ember To Inferno” (2003) et sur “Ascendancy” (2005), qui annonce le pont du morceau suivant, “In Waves”. Cet excellent titre appartient à une série de pistes qui se suivent avec fluidité. Il semble que le groupe ait travaillé autour d’un thème (“Iiiiiiin waaaaaaaaves”) et en ait extrait des variations, comme on le fait en musique classique. Cette façon de composer des mélodies, en plus d’une maturité et d’une sensibilité nouvelle, rend le son de Trivium plus aérien, plus agréable, plus accessible et intéressant sur le plan rythmique. Recruté l’an dernier, Nick Augusto paraît s’épanouir derrière ses fûts, bien plus que l’ex-batteur, Travis Smith. D’ailleurs, tout à la fin de cette version de “In Waves”, il y a “Shattering The Skies Above”, bon morceau qui paraît sur la compilation “God Of War : Blood And Metal” (disponible avec l’édition spéciale de “God of War III” et qui comprend des chansons originales inspirées de ce jeu vidéo) et “Slave New World” (reprise de Sepultura), soit les deux premiers morceaux sur lesquels Augusto ait joué avec Trivium. De plus, il semble que nos quatre surdoués se soient davantage concentrés sur la musique; ils jouent toujours aussi bien mais se préoccupent moins de déballer toute leur technique que de composer de bons morceaux. Ça peut donner des choses un poil faiblardes, comme le refrain de la ballade “Of All These Yesterdays”. Mais ça peut aussi engendrer d’extraordinaires ovnis comme “Dusk Dismantled “, notre coup de cœur. Même l’interlude “Ensnare The Sun”, qui ne figure pas sur la version standard du disque a l’air de sortir de nulle part mais passe plutôt bien, en tant que petite pause acoustique, vocale, cosmique, psychédélique (oui, c’est bien un didgeridoo). Il y a bien évidemment des titres anecdotiques, comme “Black” qui ressemble un peu à du Slipknot dernière génération. Nous remarquons également que certaines chansons manquent de piment (outre la dynamique “Forsake Not The Dream” qui fait penser à l’ancien style de Trivium); mais la maîtrise des arrangements sauve les petites lacunes détectées çà et là. Aucune composition n’est à jeter. 

Pour résumer, “In Waves”, c’est : un ensemble cohérent mais légèrement inégal de morceaux présentant une grande variété, une production de qualité, des riffs desquels émanent une sensibilité nouvelle et un jeu de batterie impressionnant. Les talentueux membres de Trivium s’éloignent progressivement de leurs influences et laissent la magie opérer entre eux. “In Waves” alimentera probablement les discussions des fans de “The Crusade” (2006) et mettra peut-être mal à l’aise les amateurs de la phase thrash du groupe. Il n’empêche qu’en prenant ces risques, le quatuor floridien continue à vendre du rêve. 

Informations

Label : Roadrunner Records
Date de sortie : 08/08/2011
Site web : www.trivium.org

Notre sélection

  • In Waves
  • Dusk Dismantled
  • Forsake Not The Dream

Note RUL

4.5/5