Chroniques

To Kill A King – The Spiritual Dark Age

Compagnons de route de Bastille dès la sortie du premier album, les garçons de To Kill A King continuent leur implantation dans le paysage indé britannique en revenant avec un troisième album, “The Spiritual Dark Age”. Du néon clinquant et de la statuette religieuse posée sur le tableau de bord de l’artwork aux mélodies fédératrices de l’ensemble des morceaux, la bande de Leeds se fait plus américaine que jamais. S’abritant à chaque extrémité du parapluie recouvrant l’indé sous toutes ses formes, To Kill A King ratisse large, envoyant pêle-mêle chansons pop rock destinées à des stades, ballades folk épurées et morceaux résolument plus rock et plus sombres.

C’est dans l’esprit “tube folk/pop rock à la Mumford And Sons” que commence l’album, avec le titre lui ayant donné son nom. Avalanche de guitares acoustiques, piano enjoué, refrains fédérateurs, atmosphère générale feel good en contradiction avec les paroles, la formule fonctionne bien. Mais quand la bande cherche à la reproduire, le résultat est moins satisfaisant. La plus calme “Cherry Blossom Falls” tourne en rond, quand To Kill A King ajoute une touche de pop rock à ses morceaux fédérateurs (“No More Love Songs”, “My God & Your God”, “Bar Fights”), ça sonne tellement générique qu’on a beau hocher joyeusement la tête en les écoutant, on les oublie dès que résonne la dernière seconde du morceau. Seul “Compassion Is A German Word”, et son titre inspiré de la crise des réfugiés, se démarque vraiment dans ce registre.

Heureusement, la bande s’aventure également dans un territoire plus inattendu sur “The Unspeakable Crimes Of Peter Popoff” et “I Used To Work Here, Perhaps You Did Too?”. Plus sombres, plus riffés, moins carrés aussi, les deux morceaux partagent la même dualité, entre rythmique ultra dansante, instru plus chaotique et paroles obscures. Derrière sa mélodie accrocheuse, “The Unspeakable Crimes Of Peter Popoff” parle de l’escroc notable Peter Popoff, un télévangéliste américain ayant fait fortune en prétendant guérir ses fidèles grâce à ses pouvoirs divins, avant que sa technique d’arnaque ne soit révélée au grand jour.

Après avoir fait danser sur tout le reste de son disque, To Kill A King calme brutalement les choses en intercalant quelques ballades de très bonnes facture, le folk s’imposant comme le registre de prédilection de la bande. Passée la première minute un peu fade, “Oh Joy” prend un tournant quand interviennent les violons, gagnant peu à peu en intensité pour venir rappeler Arcade Fire. La voix rauque de Ralph Pelleymounter, intéressante mais sans grande aspérité sur la majorité des morceaux, prend de l’ampleur quand ses bandmates se font plus discrets. La plus atmosphérique “The Good Old Days” lui permet de révéler toute sa profondeur mais c’est surtout le bijou folk “The One With The Jackals” qui la met la plus en valeur.

Le tandem guitare acoustique délicate/voix chaude se révélant toujours aussi efficace, la bande touche finalement la corde sensible, malgré un final énervé et expéditif quelque peu déroutant. Même constat sur la piste de clôture de l’album “And Yet…” toute en douceur et en piano discret au début, avant de partir sur une deuxième partie plus expérimentale moins convaincante. Tenter de sortir de sa zone de confort est salutaire, mais To Kill A King ne sonne tout compte fait jamais aussi bien que quand il garde les choses les plus simples et épurées possible, sans essayer de partir dans toutes les directions à la fois.

À mi-chemin entre les ballades folk conquérantes de Mumford And Sons (“The Spiritual Dark Age”, “Compassion Is A German Word”) et l’énergie fédératrice d’Imagine Dragons (“The Good Old Days”, “No More Love Songs”, “The One With The Jackals”), To Kill A King signe un album plus riche qu’il n’y paraît aux premiers abords, mais peine à proposer quelque chose de réellement innovant. Si certains morceaux parviennent à sortir du lot, le créneau dans lequel la formation tente de régner est déjà tellement embouteillé qu’elle risque d’avoir du mal à marquer les esprits si elle ne trouve pas une identité plus définie.

Informations

Label : These Are My Bones
Date de sortie : 12/01/2018
Site web : www.tokillaking.co.uk

Notre sélection

  • The One With The Jackals
  • The Unspeakable Crimes Of Peter Popoff
  • I Used To Work Here, Perhaps You Did Too?

Note RUL

3/5

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