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The Struts – Strange Days

Trois albums en six ans. C’est à l’ancienne que travaillent les Pavaneurs. En effet, depuis 2014 et la sortie acclamée de “Kiss This”, les Anglais ne se sont jamais reposés sur leurs lauriers. Officiants dans un style big rock caméléon, leurs influences continuent d’être de mieux en mieux digérées. C’est donc avec impatience qu’un troisième album était attendu.

Young & Dangerous” (2018) avait poussé la barre un peu plus haut en terme de hits, rendant les setlists du quatuor imparables en live. Le malheureusement bien nommé “Strange Days” enfoncera t-il le clou du succès ?

Born In Lockdown

Dans le monde entier, depuis mars, des confinements ont été mis en place afin de contrer la saleté de virus qui nous embête (mode politesse activé). Cette période a amené l’industrie de la musique à se réinventer, à évoluer, et surtout, à continuer d’exister. Comme beaucoup de groupes, The Struts s’est retrouvé dans l’incapacité de se produire en concert. Luke Spiller et sa bande étant de véritables accros au travail, ces derniers ont donc enregistré, en seulement dix jours, leur troisième bébé.

Le nom, évidemment, est évocateur. Cependant, le meilleur remède contre la morosité ambiante reste la musique. Celle qui fait danser, taper des mains, chanter à tue-tête. Et pour cela, nous avons affaire à de véritables spécialistes ! Le second single éponyme est, cependant, le plus calme des dix titres. Et c’est avec surprise que nous découvrons Robbie Williams chanter magnifiquement l’espoir en compagnie des Britanniques. Un featuring inattendu et vraiment plaisant qui en introduira trois autres, tout aussi surprenants.

L’union fait la force

En effet, c’est la première fois que des guests sont sollicités et l’éclectisme est au rendez-vous ! Sur le premier single présenté, c’est l’Américain Albert Hammond Jr des Strokes qui officie sur un morceau emprunt d’optimisme et au refrain des plus entraînants. Sur “I Hate How Much I Want You”, Luke Spiller se voit passer un coup de fil par les guitaristes de Def Leppard. Celui-ci en profite pour les inviter à croiser le fer avec son “big fat chorus” et le résultat est détonnant ! Avec une ambiance années 80 rappelant les meilleures années du Léopard Sourd, il est tout bonnement impossible de ne pas se déhancher !

Le son de Tom Morello de Rage Against The Machine est reconnaissable entre mille. Sur “Wild Child”, sa guitare fait des étincelles et se fond réellement dans le décor. Les Struts, à force de montrer leurs influences sur les deux précédents disques, finissent par les faire intervenir directement et ce n’est clairement pas pour nous déplaire.

En live, les Anglais adorent proposer des reprises et sur cet album, en troisième titre, nous voici gratifiés d’une version strutsienne du “Do You Love Me” d’un petit groupe maquillé nommé KISS (vous connaissez ?). Ce qui frappe dans cet exercice, c’est qu’elle se fond parfaitement dans l’ensemble, comme si le morceau était un original. Ce qui est gage de qualité, disons le.

L’album de la maturité ?

En six ans, et après de multiples écoutes, le constat est sans appel : nous avons affaire à une machine parfaitement rodée. Si l’aura de The Rolling Stones et Queen plane toujours sur plusieurs compositions, nous nous éloignons de plus en plus du copycat. Le côté hybride de titres comme “Can’t Sleep” ou “Am I Talking To The Champagne (Or Talking To You)” donne un charme fou à l’ensemble. L’intervention surprise du saxophone, de chœurs au groove imparable ou bien de soli de guitares encore plus présents, prouvent que la volonté du quartette est d’exploser définitivement.

La voix de Spiller et son vibrato pourront certes en agacer certains mais le bougre est toujours impressionnant de maîtrise et rend hommage de façon admirable à ses pairs. Le feeling et le groove semblent ne jamais pouvoir s’estomper avec ces passionnés et c’est un rock de stade qui nous est encore présenté. Ni plus ni moins. Les styles se trouvent un peu plus variés sur ce “Strange Days” et l’ennui ne trouve jamais sa place. Impressionnant de pouvoir proposer telle qualité en seulement dix jours.

Taillé dans le meilleur des marbres, nous tenons là l’album de la maturité d’une formation qu’on pourra désormais estampiller de contagieuse. Quel pari réussi, et quelle audace de proposer tel remède en ces jours étranges. Un beau vaccin et un doigt en l’air à la morosité. Préparez vous à ne plus pouvoir vous en passer !

Informations

Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 16/10/2020
Site web : thestruts.com

Notre sélection

  • Strange Days
  • I Hate How Much I Want You
  • Am I Talking To The Champagne (Or Talking To You)

Note RUL

 4,5/5

Ecouter l’album