The Red Jumpsuit Apparatus – X’s For Eyes

Six ans après The Awakening, The Red Jumpsuit Apparatus fait son grand retour avec X’s For Eyes, son sixième album studio et sa première sortie sur le label Better Noise Music. Les Floridiens ont annoncé avoir reconstitué l’équipe qui avait façonné leur premier succès Don’t You Fake It (2006), promettant une résurrection artistique. Assistons-nous à un retour gagnant ou une nostalgie forcée ?

Comme une impression de déjà-vu

Pour son sixième album The Red Jumpsuit Apparatus a voulu frapper un grand coup. En reformant quasiment la même équipe créative que pour Don’t You Fake It, Ronnie Winter avait promis un disque à la fois nostalgique et actuel. La promesse se fait entendre des les premières secondes de “Always The King” en ouverture. Avec le scream frontal de Winter et la voix haut perchée du guest Kellin Quinn (Sleeping With Sirens) le ton est bien donné. Le groupe assume ses racines emo/post hardcore, mais avec un son modernisé par la production de Matt Squire. Derrière ce démarrage, l’album déroule des morceaux où l’on retrouve immédiatement la patte familière des Floridiens. “Purple Halo” illustre bien cette impression : un titre qu’on a presque l’impression d’avoir déjà entendu, tant il reprend les ingrédients qui ont fait le succès de The Red Jumpsuit Apparatus au début des années 2000. Loin d’être un défaut ce “cycle du son” confère au disque une certaine continuité comme si The Red Jumpsuit Apparatus renouait avec son ADN originel.

Un album aux deux personnalités

Le cœur de l’ensemble navigue entre titres taillés pour le live (comme “Perfection” qui est catchy à souhait ou “X’s For Eyes” déjà sorti en single et pensé comme un hymne fédérateur) et passages plus sombres. “Bad Beat” et “Slipping Through (No Kings)” creusent un sillon plus dramatique et heavy. Le second, avec ses riffs puissants apparaît comme le pendant de “Always The King” tel un dialogue implicite autour de la figure du roi et de sa chute.

Cette dualité se poursuit avec quelques virages stylistiques. “Home Improvement” flirte davantage avec l’alternatif pur sans pour autant marquer durablement tandis que ” Twenty Hour Drive ” souffre d’une certaine répétitivité. À l’inverse, “Getting By” surprend par sa construction : couplets posés VS refrains explosifs et un pont final écrasant qui fait souffler un vent plus heavy sur la fin de l’album. Un vrai contraste qui prouve que The Red Jumpsuit Apparatus sait encore surprendre.

Les feats qui changent la donne

Mais c’est sans doute sur ses collaborations que X’s For Eyes se démarque le plus. Outre l’apport réussi de Kellin Quinn en ouverture, le final “Worth It” marque l’apogée du disque. Craig Mabbitt (Escape The Fate) y livre une prestation vocale puissante, entre screams maîtrisés et complémentarité avec Ronnie Winter. Le morceau sort des sentiers battus, explore une couleur encore inédite dans le disque et conclut l’ensemble sur une véritable note d’exception.

Finalement X’s For Eyes tient ses promesses sans forcément les dépasser. The Red Jumpsuit Apparatus signe un disque solide, parfois inégal mais porté par une sincérité et une énergie qui rappellent ses débuts. Oui, certains morceaux tirent un peu en longueur ou se répètent mais l’ensemble réussit à convoquer les souvenirs de Don’t You Fake It tout en y ajoutant une touche moderne. Un retour réussi, qui plaira aux fans de la première heure. Les Floridiens livrent un album honnête, accrocheur et ponctué de très beaux moments.