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The Rasmus – Weirdo

Trente ans de carrière et toujours aussi insatiables. Avec Weirdo, onzième album des Finlandais, The Rasmus amorce un virage serré, entre nécessité de se renouveler et volonté de renouer avec la facette la plus sombre du rock qui l’avait révélé à la face du monde.

Un esprit rebelle dans un corps sain

Dès les premières secondes de “Creature Of Chaos”, le quatuor annonce la couleur : riffs saccadés, basse grave, batterie métallique. Après Rise, dernier album en demi-teinte, The Rasmus durcit le ton et revient à ses fondamentaux avec un surcroît d’agressivité et une production plus clinique, signée Joseph McQueen (As I Lay Dying, Bad Wolves). On sent l’envie de taper fort et d’en découdre, dans un esprit punk que la pochette incarne bien.

Si les paroles prêtent parfois à sourire, les premiers singles révélés, “Break These Chains” et “Rest In Pieces”, sont de véritables hymnes rock, aux refrains explosifs et à l’esprit revanchard. Il faut dire que Lauri Ylönen (chant) ne s’en cache pas, voire le clame haut et fort : la trahison d’un ami a été le déclencheur de cette chanson coup de poing.

Hors des clous, mais sur des rails

Mais Weirdo ne se limite pas à une démonstration de force survitaminée. Le disque célèbre ouvertement les marginaux, ceux qui n’entrent dans aucune case et qui ont décidé de faire de leur différence une force. Dommage que la musique du quatuor n’incarne pas mieux ce manifeste. Car les Finlandais restent dans un confort stylistique et un certain classicisme qui leur fait défaut. Les riffs de guitare et les rythmes, s’ils ne sont pas forcément sages, demeurent peu inventifs (“Banksy”), voire peu convaincants (“Love Is A Bitch”).

Les paroles, parfois dignes d’une crise d’ado, le torse nu, le maquillage, l’esthétique 2.0 (pochette, clip) et même la tentative d’un break rappé sur “Dead Ringer”… Tout converge vers l’idée que Lauri Ylönen et ses comparses ont peur de vieillir et veulent à tout prix prouver qu’ils sont encore dans le coup. Sauf que l’effet escompté n’est que rarement atteint, et c’est même l’inverse qui se produit. Weirdo flirte avec une ringardise que même sa production moderne ne parvient pas à éclipser.

Quand le masque tombe

L’album propose heureusement quelques respirations qui semblent plus authentiques. “You Want It All” dévoile une vulnérabilité bienvenue, tandis que “I’m Coming For You” conclut l’album sur une note plus lumineuse, presque hippie psychédélique, qui ne renierait pas Tame Impala ! Un pari aussi surprenant que réussi.

C’est finalement, et paradoxalement, lorsqu’il dépose les armes que Lauri chante le mieux. Quand il n’essaie plus de jouer un rôle, d’être punk ou bizarre, le Finlandais nous rappelle qu’il a ce grain de voix particulier, capable de toucher en plein cœur et de proposer des titres poignants. On regrettera donc que ces moments-là ne soient pas plus nombreux et que Weirdo ne partage pas plus de similitudes avec un certain Dead Letters (2003).

Weirdo, mais pas trop

Sans révolutionner ni compromettre son ADN, The Rasmus signe avec Weirdo un retour plus sombre, plus nerveux et plus direct. Ce n’est pas l’album de rupture annoncé mais plutôt celui d’un groupe qui, après trente ans de carrière, semble se chercher avec une maladresse parfois touchante. Au final, les Finlandais ne se sont ni tout à fait trouvés, ni tout à fait perdus. Au regard de la qualité de leur deux précédents albums, on peut même affirmer qu’ils sont plutôt sur le bon chemin.

Informations

Label : Better Noise Music
Date de sortie : 12/09/2025
Site web : therasmus.com

Notre sélection

  • Break These Chains
  • Rest In Pieces
  • I’m Coming For You

Note RUL

 3/5

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