Chroniques

The Random Monsters – Going Home

Il aura fallu cinq longues années aux Franciliens de The Random Monsters pour donner suite à leur premier album éponyme qui les avait installé sur la cartographie de la scène post rock française. Après une mise en bouche appétissante sur l’EP “We Pretend It’s All Right” l’an dernier, le quatuor revient avec “Going Home”, deuxième disque qui a vu le jour chez Klonosphere.

Les prestations live de The Random Monsters sont souvent bien plus violentes et intenses que ce que peuvent proposer la majeure partie des autres groupes naviguant dans un style similaire. La difficulté de leur démarche réside à rendre le propos aussi vivant et interactif sur bandes. Et si l’opus s’ouvre doucement avec la longue complainte “Wolf’s Gate”, sorte de chemin sinueux aux relents Radioheadien, en compagnie du chanteur Bodie, on sent tout de même l’urgence d’un propos bien pesant.

Bénéficiant de la production magistrale de Francis Caste, la formation réussit à nous emmener très loin en moins de dix minutes, avant de nous perdre complètement sur l’incroyable “No Church”. Chanson durant une vingtaine de minutes, elle aurait pu bénéficier d’un EP à elle seule tant elle cristallise toute la maitrise que les Monsters mettent au service de leur créativité. Derrière ses doux airs, la tempête ne fait que s’annoncer elle-même, emportant l’auditeur dans une transe dont il est impossible de sortir indemne.

Et si le soufflet retombe sur l’enivrante “Up In The Sky” (dont le clip magnifie le propos), le chef d’oeuvre de l’ensemble s’étend sur les dix minutes sur lesquelles Alex Diaz (The Prestige) et les Random Monsters nous emmènent dans les tréfonds de cet album. “Because Look Back Doesn’t Mean I Can Feel Safer” illustre parfaitement la folie et l’intensité de ce que The Random Monsters peut représenter en live. L’effort se clôture avec “Harrison” qui boucle le cycle entamé par “Wolf’s Gate” avec une chanson groovy où la guitare nous guide, pendant que la batterie, subtilement jouée servent de base à ce que la voix de Bastien puisse jouer avec les émotions de l’auditeur.

Pour suivre le groupe depuis ses débuts, l’enthousiasme provenait surtout du potentiel que la formation laissait entrevoir. C’était avant ce “Going Home” qui encre dans le temps ce moment parfait où la maitrise, la maturité servent de support solide à la créativité, afin de composer un album hors des âges et des registres. Pas vraiment post rock, ni même ambiant, les Random Monsters se baladent dans l’ombre, celle qui nous effraie d’abord puis celle qui nous rassure et celle qui nous fait autant de mal que de bien.

Informations

Label : Klonosphere
Date de sortie : 03/03/2017
Site web : www.therandommonsters.com

Notre sélection

  • Because Look Back Doesn’t Mean I Can Feel Safer
  • No Church
  • Harrison

Note RUL

4/5

Ecouter l’album

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN