Chroniques

The Maine – Forever Halloween

Avec “Pioneer” (2011), la bande de John O’Callaghan avait démontré qu’elle était prête à jouer dans la cour des grands, apportant une dimension bluesy étonnamment mature à leur son pop rock originel. “Forever Halloween”, son successeur et déjà le quatrième album du quintette, saura-t-il se montrer aussi convaincant ?

En apparence, ce nouvel opus présente deux faces très marquées, avec d’un coté des morceaux hyper catchy, donnant envie de s’agiter furieusement et de reprendre gaiement le refrain en chœur, et de l’autre des pistes parfois plus douces, parfois tout aussi percutantes, mais à l’ambiance beaucoup plus lourde, pessimiste, voire même carrément désabusée. En apparence seulement. Car si l’on peut en effet se sentir gonflé d’énergie à l’écoute des très efficaces “Take What You Can Carry”, “Love & Drugs” ou encore “Happy”, une écoute un peu plus attentive des paroles nous confirmera très vite que le ton n’y est en réalité guère plus jovial que pour leurs consœurs. Cette supposée opposition repose également sur la répartition des titres, la première moitié de l’ensemble reposant entièrement sur des morceaux dynamiques et matières à singles, comme ceux que nous venons de mentionner, tandis que la deuxième installe son atmosphère maussade un peu comme un épais brouillard, pour ne plus laisser place à une note d’optimisme jusqu’à la fin de l’effort. Là encore, plutôt que de chercher à confronter deux parties à l’ambiance prétendument différente, il serait sans doute plus juste de voir dans cette disposition une forme de progression, d’un désenchantement partiel, dans la retenue, à une expression beaucoup plus à cœur ouvert de celui-ci, culminant sur des titres tels que “Kennedy Curse”, où même le chant se fait plainte, ou la très belle ballade au piano “These Four Words”, qui, en plus de mettre en valeur la voix suave de John O’Callaghan, fera très certainement et assez légitimement pleurer nombre de filles en concert. On l’aura compris, la dynamique qui entoure ce nouvel album est, comme sur “Pioneer”, beaucoup moins pop que sur leurs deux premiers efforts. Non contents de poursuivre sur leur lancée, les cinq garçons parviennent à franchir une marche supplémentaire en proposant un son riche en textures et influences, avec toujours un goût pour le blues, comme en témoigne la guitare de la semi-ballade “Sad Songs”, mais aussi un regard plus adulte, témoin d’une prise de recul, visible à travers les textes honnêtes et simplement touchants de la formation de l’Arizona. Par ailleurs, à l’heure où nombre de groupes font largement appel au numérique, on ne saurait qu’applaudir le choix de The Maine d’en rester à un bon vieil enregistrement sur bande, avec très peu de synthés, ce qui donne au son de la bande un coté plus authentique et humain, qui se perçoit assez nettement dans des morceaux tels que l’excellent “Birthday In Los Angeles”, ballade dépouillée à l’ambiance assez rétro, basée sur un bruit de bobine qui tourne en fond et un orgue. Comme pourrait le laisser penser le nom de l’opus, on trouve en plus une dimension presque fantastique dans quelques pistes, comme par exemple “Blood Red”, dont les riffs agressifs et les interventions dissonantes du piano créent une ambiance particulièrement tendue, pour laisser place à un chaos sonore final où O’Callaghan nous crie son désespoir. On ne pourra pas ne pas mentionner également “Forever Halloween”, qui a donné son nom à l’effort et en livre peut-être le meilleur résumé, avec son intro acoustique où la voix du frontman se fait beaucoup plus erraillée, comme torturée, son atmosphère surnaturelle, au rythme lent et aux chœurs fantomatiques, et sa fin instrumentale aussi puissante que tourmentée.

Force est de constater que, malgré le rythme impressionnant avec lequel The Maine sort album sur album, la formation, loin de se laisser aller à la facilité ou de manquer d’inspiration, continue à surprendre et à étoffer son identité musicale en se dirigeant vers un style plus mature qui lui va comme un gant. Ce “Forever Halloween” est une belle réussite.

Informations

Label : Rude Records
Date de sortie : 04/06/2013
Site web : wearethemaine.net

Notre sélection

  • Birthday In Los Angeles
  • Blood Red
  • Forever Halloween

Note RUL

4/5

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