The Favors – The Dream

Avec ce premier album, le nouveau duo The Favors composé de la chanteuse Ashe et du producteur Finneas imposent une identité claire dès ses débuts. The Dream est un rêve éveillé aux accents seventies, entre pop soignée et héritage vintage. De quoi faire naître un nouveau classique ?

The Dream, premier disque de The Favors, s’impose comme un de ces projets singuliers qui mêlent évidence familière et fraîcheur inédite. Derrière ce nouveau nom se cachent deux figures déjà bien installées de la pop contemporaine : Ashe, conteuse pop qui s’est fait connaître en 2019 avec le titre “Moral Of The Story” (produit par Finneas) et le producteur Finneas, dont la patte a façonné la carrière de Billie Eilish (sa sœur cadette). Ensemble, ils signent un projet qui n’est pas un side project opportuniste ou une lubie passagère : c’est projet de liberté créative total.

L’histoire de The Favors commence sur les réseaux sociaux. Au début de l’année 2025, un compte Instagram mystérieux nommé @weshouldmakeaband sème les indices. Quelques vidéos à l’ambiance rétro font enfler les rumeurs. On découvre finalement que Ashe et Finneas ont profité d’une parenthèse hors calendrier pour se retrouver en studio avec une seule règle : ne rien forcer. Trois semaines plus tard, The Dream est né.

Un parfum de nostalgie

Dès la courte ouverture de l’ensemble avec “Restless Little Heart” (55 secondes à peine) on devine le projet : puiser dans l’imaginaire des années 70 sans tomber dans le pastiche. Les harmonies sont lumineuses et les instruments respirent. Le fantôme de Fleetwood Mac plane, mais aussi l’ombre de The Mamas And The Papas ou de Simon & Garfunkel. Le parfum Fleetwood Mac-ien se fait sentir jusque dans l’esthétique de la pochette qui fait largement penser à celle de Rumours (1977) avec le duo capturé en noir et blanc sur un fond monochrome beige ainsi qu’une typographie similaire. Mais ce serait réducteur de s’arrêter là : The Dream brille par sa capacité à transformer une ambiance rétro en un matériau vivant au service d’émotions contemporaines.

Le tracklisting de douze titres déploie une mosaïque cohérente. “The Little Mess You Made”, premier single sorti en juin 2025, est une chanson pop pleine de grâce dont le refrain accroche dès la première écoute. “The Hudson” joue sur une sobriété poignante avec des couplets portés par de délicates harmonies vocales, quand “Times Square Jesus” endosse le rôle de la chanson seventies par excellence soutenu par des guitares pleines de relief. Plus loin dans l’écoute, “David’s Brother” réhausse l’ensemble avec un rythme encore jamais dévoilé jusqu’à présent, apportant une dose bienvenue d’énergie et de contraste. Enfin, “Home Sweet Home”, qui clôture le disque, dévoile une rythmique de guitare plus catchy s’éloignant ainsi du genre ballade qui caractérise l’ensemble. Un titre profondément pop, avec une batterie qui pulse dans un élan vital.

Un rêve qui promet de durer

Si le disque fonctionne si bien c’est grâce à l’alchimie entre Ashe et Finneas. Elle, voix claire et fragile qui sait raconter la douleur et la tendresse. Lui, musicien-producteur qui habille chaque mélodie avec justesse en évitant l’excès. Ensemble, ils créent une harmonie rare qui donne à The Dream sa cohérence et sa force.

Et au centre de cette alchimie, le morceau éponyme “The Dream” incarne l’album tout entier dans un mélange de spleen et de sonorités rétro mêlées à une structure très pop. Avec The Dream, The Favors aboutit à ce que peu de premiers projets réussissent : créer une identité immédiate. Ni simple prolongement de leurs carrières solo, ni exercice de copie seventies, l’album impose un groupe qui pourrait bien durer. Ashe et Finneas semblent avoir trouvé la recette qui leur convient, celle de chansons qui traversent les modes en paraissant toujours familières et paradoxalement inédites. The Dream est un premier disque qui porte bien son nom, le rêve d’une pop sincère, chaleureuse et intemporelle.