Chroniques

The Dillinger Escape Plan – Dissociation

La nouvelle parue durant le mois d’août n’est pas passée inaperçue dans le milieu de la musique metal. Après vingt ans de carrière et six albums à la clé, The Dillinger Escape Plan annonçait la fin du groupe avec, en guise de cadeau d’adieu, une tournée américaine et mondiale mais également un dernier album. “Dissociation”, au nom tout à fait évocateur, clôt une belle aventure marquée par une volonté infatigable de mélanger des genres peu compatibles à la base. Du metal à la fusion en passant par le jazz, les Américains auront sans cesse repoussé les limites de la musique expérimentale à grands coups de rythmiques sophistiquées et de riffs complexes, le tout agrémenté d’une énergie débordante. The Dillinger Escape Plan a-t-il abordé différemment son dernier effort ?

Les deux premiers titres de l’opus laissent clairement apparaitre ce à quoi l’auditeur peut s’attendre. “Limerent Death” démarre sans ménagement et distribue son lot d’hurlements sauvages empreints de folie et même de douleurs accompagnés par un son de guitare agressif et brutal et une rythmique redoutable. Si ces qualités sont unanimement reconnues et ne nous surprennent plus, la performance vocale de Greg Puciato est une nouvelle fois époustouflante et pleine de maîtrise. Le morceau suivant “Symptom Of Terminal Illness” démontre une fois encore l’aisance de la formation à jongler entre les styles en revenant cette fois-ci à quelque chose de plus calme et mélodique avec une voix claire et posée qui contraste totalement du chant utilisé dans le morceau d’ouverture. En deux chansons, The Dillinger Escape Plan plante le décor et réussit à passer de la violence à la douceur, de la rage au lyrisme avec une facilité déconcertante.

Les musiciens se sont donnés à fond sur ce disque et cela transpire dans la qualité des compositions. La volonté d’expérimentation et de recherches musicales se font ressentir à chaque piste. Le guitariste Ben Weinman utilise un nombre incroyable de riffs alambiqués, notamment sur “Manufacturing Discontent”, mais aussi des rythmiques subtiles et dévastatrices qui s’avèrent du plus bel effet pour accompagner la voix de Puciato. Le duo basse-batterie de Liam Wilson et Billy Rymer a également été très loin mais en gardant toujours cette complicité qui fait leur force et qui donne aux compositions une solidité sans faille. Le morceau “Low Feels Blvd” résume toute la technicité des membres avec une démonstration de fusion lorgnant vers le jazz, qui rappelle les plus belles heures du quintette.

Quelques surprises notables composent l’ensemble avec notamment “Fugue”, une piste de quatre minutes mêlant sons électros et drum’n’bass qui pourront peut-être dérouter l’auditeur qui ne s’attend pas à découvrir un morceau de ce genre dans le tracklisting. Beaucoup de moments aériens emprunts de mélancolies sont relevés durant l’écoute et notamment dans les deux pistes concluant l’essai. “Nothing To Forget”, après quelques instants énergiques, se dirige vers un passage mêlant mélodie et lyrisme bercé par la voix douce de Greg Puciato. Enfin, l’éponyme “Dissociation” parachève l’œuvre des Américains avec des harmonies remplies de mélancolies marquant la fin des aventures de The Dillinger Escape Plan.

L’ultime album de Greg Puciato et ses acolytes est un excellent cadeau d’adieu pour tous leurs fans. La volonté des musiciens de donner une dernière œuvre de qualité se ressent durant toute l’écoute et le résultat est très convaincant. La tournée d’adieu promet donc d’être un événement spectaculaire où il faudra absolument être.

Informations

Label : Party Smasher Inc. / Cooking Vinyl
Date de sortie : 14/10/2016
Site web : www.dillingerescapeplan.org

Notre sélection

  • Symptom Of Terminal Illness
  • Low Feels Blvd
  • Dissociation

Note RUL

4/5

Ecouter l’album