Chroniques

The Black Dahlia Murder – Nightbringers

Le meurtre non résolu de la jeune actrice Elizabeth Short en 1947 demeure l’un des crimes les plus violents perpétrés aux États-Unis. Popularisé par le roman de James Ellroy, l’imagerie de ce crime est reprise depuis 2003 par une formation death metal de la ville de Detroit. Réglés comme une horloge suisse à la fréquence d’un album tous les deux ans, The Black Dahlia Murder livre le successeur de “Abysmal” (2015), “Nightbringers”.

Retour aux sources du côté de la pochette avec un paysage apocalyptique signée Necrolord, qui voit rouge pour l’occasion. L’introduction de “Widowmaker” nous fait tendre l’oreille pour mieux nous éparpiller les tympans façon puzzle. C’est un uppercut direct aux ruches que nous offre les musiciens en symbiose, qui ne font pas dans la dentelle sur les neuf titres de l’ensemble. Tempo calé sur le mur du son, Alan Cassidy martyrise les fûts pendant trente trois minutes exemptées de temps mort, tandis que ses collègues le suivent sans éprouver la moindre difficulté.

Le batteur domine à coups de doubles pédales et de subtilités dont nous sommes toujours friands quand on les perçoit en fond du chant de Trevor Strnad. Hurleur intrépide depuis le début de la formation, il enchaîne les prouesses vocales rythmées pour accompagner les coups de baguettes martelés à pleine puissance. Mention spéciale à “Of God And Serpent, Of Spectre And Snake”, véritable pièce maîtresse qui n’a de cesse de faire pivoter notre nuque dans tous les sens. Côté solis endiablés, on remarque dès “Matriarch” un changement de line up avec l’arrivée de Brandon Ellis pour remplacer Ryan Knight. La touche mélodique est toujours assurée, et conserve son identité familière. Pour cause, les deux adeptes de la six cordes ont posés leurs accords avec le groupe de death metal Arsis. Le flambeau se transmet, et le guitariste démontre l’étendu de son talent sans tomber dans la démonstration prétentieuse. Le titre éponyme, premier single de la promotion, séduit par sa mélodie entêtante, à l’instar de “Catacomb Hecatomb” et son refrain incisif.

Le seul problème réside dans la densité de l’opus, véritable bloc homogène qui a pourtant les capacités de se permettre certaines audaces, notamment avec l’arrivée de sang neuf au sein du groupe. La production irréprochable propose toutefois moins de diversités contrairement au disque précédent. Tout en s’inscrivant dans la logique de sa discographie, le résultat prend une forme très classique. Peut-être avez-vous déjà entendu cette critique très réductrice de grands groupes comme AC/DC ou Motörhead qui consiste sur les derniers efforts studios en date à expliquer que si vous écoutez uniquement le premier morceau de l’essai, vous l’avez entendu en intégralité. Cette mauvaise foi musicale possède un fond de vérité, mais dénature totalement l’essence du concept de chaque œuvre pavant la carrière de certains artistes. Tous les musiciens n’ont pas l’ambition, et même l’envie, de sortir un “Ok Computer”. Et c’est tant mieux.

Album de très bonne facture, “Nightbringers” marche sur les pas de ses prédécesseurs pour nous balancer sans ambages un son de fou furieux en pleine poire. Nous ne pouvons que sourire devant la ponctualité du quintette pour nous livrer un disque de qualité. Tout ce qu’il nous reste à faire, c’est de tendre l’autre joue avec plaisir en attendant une paire d’années.

Informations

Label : Metal Blade Records
Date de sortie : 06/10/2017
Site web : www.tbdmofficial.com

Notre sélection

  • Matriarch
  • Nightbringers
  • Catacomb Hecatomb

Note RUL

3.5/5

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