Chroniques

The 1975 – I Like It When You Sleep, For You Are So Beautiful Yet So Unaware Of It

Après le carton de leur premier album éponyme (2013), les Britanniques de The 1975 marquent, en ce début d’année, leur grand retour sur le devant de la scène internationale, à posteriori de plusieurs mois de tournées. Annoncé en octobre dernier et disponible depuis fin février, “I Like It When You Sleep, For You Are So Beautiful Yet So Unaware Of It” (plus long, on ne fait pas !) s’apparente, pour les Anglais, au disque de la renaissance : changement de charte graphique (fini le noir et blanc), volonté de retour aux fondamentaux, tout porte à croire que la troupe de Matthew Healy avait déjà prévu le coup depuis le début et sait désormais comment se rendre indispensable aux yeux du monde, sans penser au succès qui l’entoure.

Tout comme le titre, The 1975 ne fait pas dans la demi-mesure concernant le nombre de pistes de son second long-format. Au total, pas moins de dix-sept chansons – dont l’intro “The 1975”, direct hommage à celle du précédent disque – caractérisent avec sensibilité la position actuelle du quatuor : celle d’un groupe déterminé à maintenir émergée une certaine intégrité artistique. Sans être ouvertement à la recherche d’un prochain gros hit radiophonique, hormis les titres “Love Me” ou “The Sound”, les musiciens semblent tout au long de l’opus en quête d’une ligne de conduite à suivre pour se satisfaire musicalement. Une aventure qui passe par l’expérimentation de nouvelles sonorités (les groovys “UGH!”, “Loving Someone” et “If I Believe You” en sont le parfait exemple), mais aussi par le passage via des sentiers moins sinueux et plus classiques (“Paris”, “This Must Be My Dream”). “I Like It When You Sleep, For You Are So Beautiful Yet So Unaware Of It” présente ici un répertoire bien plus large et déstructuré que ne l’ont été les derniers chapitres de The 1975, distinguable du reste grâce à une utilisation importante de synthés légers et planants, en plus de quelques pistes instrumentales (“Please Be Naked”, “Lostmyhead” ou encore la piste éponyme).

Alors que le quatuor de Manchester aurait pu se reposer sur ses acquis et ressortir les guitares avec cet essai, les Britanniques remettent en question leur indie pop traditionnelle afin de proposer un contenu à la fois innovant, différent et captivant. Ainsi, peu de chansons se ressemblent, il n’y pas pas de constance en termes de vitesse et beaucoup de styles se mélangent au bénéfice d’un trip bouleversant de sincérité. Car en plus des éléments instrumentaux, il y a l’évocatrice voix de Healy qui marque les esprits, tantôt colorée d’une joie délicate, tantôt voilée derrière des effets de réverbération timides. Un organe qui, une fois lié au reste, donne à l’ensemble une singularité croissante et un résultat détonnant, accentué par le duo acoustique de clôture “Nana” / “She Lays Down” mettant un terme à une épopée honnête, sans langue de bois.

Avec ce second effort studio, la formation nous prouve que le succès n’engendre pas automatiquement un changement de direction et une modification de plan. Avec “I Like It When You Sleep, For You Are So Beautiful Yet So Unaware Of It”, The 1975 poursuit son petit bout de chemin vers un monde aérien et sensible, où personne n’a plus de pouvoir qu’un autre et où la musique aide à la réflexion. Sans tomber dans un indie pop facile, la bande de Matthew Healy produit ici un ensemble propre à elle-même, sans longueur et expressif. Une ode complète, convaincante et inspirante !

Informations

Label : Universal Music / Mercury
Date de sortie : 26/02/2016
Site web : the1975.com

Notre sélection

  • The Ballad Of Me And My Brain
  • The Sound
  • Paris

Note RUL

4/5