Tété – Nu Là-Bas

Le grand public l’a connu avec le titre, tiré de l’éponyme, “À La Faveur De L’Automne” paru en 2003, mélancolique et épuré. Mais la carrière de Tété démarre, après de nombreuses galères de concert de rue et de multiples mini-tournées, en 2000 repéré par Epic. Le compositeur pop folk sort un EP, puis en 2001, son premier album, “L’Air De Rien”. La critique est positive, la guitare maniée avec talent et l’ambiance apaisante est réchauffée par la voix de l’artiste. Viennent ensuite les tournées, les rencontres avec -M-, Louise Attaque et autre Sanseverino, puis le succès avec “À La Faveur De L’Automne”, un autre opus prouvant le talent de l’auteur compositeur. “Télérama” le décrit comme “un garçon brillant, artiste chantant non identifié, évoluant en toute liberté entre Brassens et Marvin Gaye”. Revenu d’un road trip dans le sud des Etats-Unis avec André Manoukian, Tété revient avec “Nu Là-Bas”, ça va swinger !

Passé “L’ADN Des Anges” lançant de façon amusante l’essai, “Nu Là-Bas” amorce un neo soul coloré rythmé et énergique. Mais que les afficionados du folk à la sauce Tété ne seront pas déçus. La ballade pop folk “Comment Te Dire”, où l’artiste se met à nu, en est l’exemple flagrant. Plus loin, “De Ce Côté-Ci Du Bonheur”, continuera le voyage folk agrémenté d’instruments à vent féeriques. Mais à l’arrivée de “À L’Ancienne”, la teinte rétro du disque ne s’installera pour ne plus jamais se retirer. Guitares explosives, chœurs 50’s, batterie funky sont de la partie pour transmettre une énergie positive contagieuse. Cette puissance vient notamment de cet aspect “band” de southern soul, rappelant l’époque de Stax Records. Les amis du son de la Motown ne sauront pas en reste non plus, “La Bande Son De Ta Vie” explose dès la première note de guitare disco, riff accrocheur et corde grasse pour salir le style scintillant et épuré du morceau, un détail élégant de la part de l’auteur. “A Cour Ou Jardin” prendra également ce pas, sur un ton plus mélancolique. “Marie Laveau”, prendra des airs voodoo pour un rythm’n’blues sombre aux allures de gospel baryton, encensé par des sax grondant comme le tonnerre, une belle déclaration d’amour à la Nouvelle-Orléans. “Cadeau”, véritable clin d’œil aux quartettes qui déménageaient dans les 50’s, guitares en prime, permet de bien terminer ce voyage dans l’univers jazzy de Tété. “Les Ruisseaux De La Colère”, lyrique et romanesque, baisse le régime de l’effort, peut-être de manière trop abrupte. “Rag Pop (Deluxe)”, qui comme le premier titre, viendra tel un rideau de théâtre mettre fin à l’opus à la façon de The Blanks.

Ils sont plusieurs dans le cortex de Tété et cela pourrait devenir problématique pour certains musiciens, mais lui vit très bien avec cela. Changeant de style au gré des titres, l’auditeur ne sera nullement choqué car le timbre si spécifique de l’artiste emmène avec lui toute une universalité qui touchera les fans de la première comme de la dernière heure. Cette façon de jouer avec la langue française à la manière d’un swingeur américain donnera sûrement aux rebutés de la langue anglaise un excellent premier contact avec la soul qui se déferla de l’autre coté de l’Atlantique dans les 60’s. Pour les autres, ils retrouveront la folk et la pop mélancolique toujours habilement rythmées par Tété. Un album à écouter.