Testament – Para Bellum

Plus de quarante ans après avoir posé les bases du thrash de la Bay Area, Testament n’a pas dit son dernier mot. Le groupe californien renforce sa suprématie avec un thrash dévastateur qui force le respect. Album après album, ces titans n’ont jamais cessé d’expérimenter, d’évoluer, et de repousser les limites de la musique. Avec son nouveau disque, Para Bellum, le groupe entend prouver une fois de plus qu’il sait se réinventer sans jamais trahir son ADN.

Un album sans compromis 

D’entrée de jeu, “For The Love Of Pain” frappe comme une véritable déflagration sonore, bousculant les codes du thrash classique. Cette ouverture, brutale et maîtrisée, annonce la couleur : pour ce quatorzième album, Testament n’a aucune intention de lever le pied. Les riffs incendiaires d’Eric Peterson, soutenus par la frappe survoltée de Chris Dovas, nous plongent d’emblée dans un univers belliqueux, aussi féroce qu’implacable. Quant au charismatique Chuck Billy, il revient au sommet de sa forme, projetant sa voix unique avec une puissance qui irradie chaque titre.

Cette fureur nous tient en haleine jusqu’au cœur de l’album avec “Meant To Be”. Cette ballade heavy colossale de 7 minutes 33 rappelle des morceaux comme “Trail Of Tears” ou “Return To Serenity”. Elle déploie la même intensité et émotion, tandis que le guitariste virtuose Alex Skolnick y délivre un solo empreint de ce feeling si caractéristique de son jeu. Mais cette accalmie est temporaire. La cadence reprend de plus belle avec les dynamiques “High Noon”, “Witch Hunt” et “Nature Of The Beast”. Testament y recycle son thrash signature : puissant, ravageur et porté par une énergie intacte.

L’ensemble s’achève sur l’éponyme, “Para Bellum”, qui condense parfaitement l’esprit de l’album. Il est aussi explosif qu’accrocheur. Si certaines sections évoquent la rage des titres d’ouverture, le final, porté par une guitare claire, rappelle la sérénité de “Meant To Be”. Testament parvient à allier audace et héritage dans un thrash tranchant et dynamique.

Un appel belliqueux

C’est un hymne au combat et à la guerre que le groupe proclame dans les paroles. Le titre l’annonce : Para Bellum est une préparation à la guerre. Testament s’inspire de la maxime latine “Si vis pacem, para bellum” (“Si tu veux la paix, prépare la guerre“), mais ici, il n’est pas question de paix. L’album célèbre l’affrontement et la lutte, et son énergie sonore ne fait que le confirmer. Mais contre quoi se battent-ils ? 

Le single “Infanticide A.I.” cible un ennemi particulier : l’intelligence artificielle, véritable ombre à la création artistique et musicale. Celui-ci propose un récit façon Terminator, où les machines remplacent les humains et menacent même d’éradiquer leur âme. Les autres morceaux s’inspirent également des problématiques actuelles. Ils semblent dénoncer les crises géopolitiques et écologiques qui frappent le monde. En s’emparant de ces enjeux, Testament prouve que le thrash peut allier rage et conscience : un style capable d’alerter, dénoncer et secouer les esprits.

Para Bellum est un cri de résistance, une invitation à lutter contre les injustices qui rongent le monde. Accrocheur et fulgurant, traditionnel et innovant, Testament maîtrise l’art d’un thrash à la fois engagé, percutant et pertinent.