ChroniquesSlideshow

Tame Impala – Deadbeat

Ne plus courir après la perfection.” C’est avec cette phrase que Kevin Parker a annoncé la sortie de Deadbeat. Cinq ans après The Slow Rush, l’attente était gigantesque : le retour du roi psyché pop, celui qui a redéfini le son des années 2010. Sauf que cette fois, Tame Impala a choisi le contre-pied : un album plus doux, plus électronique, presque méditatif. Moins d’ivresse, plus de brume. Et si Deadbeat portait bien son nom ?

L’apesanteur retrouvée

Dès les premières notes de “My Old Ways”, le ton est donné : nappes vaporeuses, basse fluide, Parker murmure comme s’il venait de se réveiller d’un long rêve. “Je voulais que les chansons respirent davantage, qu’elles ne soient pas prisonnières du rythme”, expliquait-il. Le morceau déroule sa nonchalance planante et plonge l’auditeur dans un cocon cotonneux.

“No Reply” prolonge cette impression d’apesanteur : minimaliste, presque fragile, il avance à pas feutrés, plus proche de l’introspection que du tube. Mais tout n’est pas contemplatif,  “Dracula” réveille enfin la bête : synthés scintillants, refrain accrocheur, beat en clair-obscur. On y retrouve le Tame Impala que l’on aime : audacieux, rêveur, groovy.

Puis arrive “Loser”, le plus “classique” du lot. Un titre qui aurait pu sortir de Currents, tant sa ligne de basse rebondit avec évidence. De quoi rappeler qu’au fond, Parker reste un orfèvre du groove même lorsqu’il se fait discret.

La mue électronique

Mais le cœur de Deadbeat bat ailleurs. Sur “Not My World” et “Ethereal Connection”, Parker troque les guitares pour des nappes synthétiques en apesanteur. Entre ambient et électro downtempo, ces morceaux se vivent plus qu’ils ne s’écoutent : textures mouvantes, beats subtils, échos sans fin. C’est beau, mais aussi un peu distant.

J’ai passé beaucoup de temps à expérimenter des sons plus froids, plus numériques, comme une manière de voir si je pouvais encore ressentir quelque chose dans cette abstraction“, déclare Parker. Ce perfectionnisme s’entend : tout est millimétré, mais parfois au détriment du frisson. Là où The Slow Rush respirait la chaleur et l’urgence, Deadbeat semble s’écouter derrière une vitre givrée.

Le crépuscule avant la lumière

Fort heureusement, “End Of Summer” clôt l’album en beauté. Un long morceau mouvant, traversé de vagues synthétiques, comme une dernière danse avant le silence. Mélancolique mais apaisé, il résume tout Deadbeat : un disque de crépuscule, celui d’un artiste qui ralentit, observe, doute, mais continue d’explorer.

Pour résumer, on aime la sincérité de la démarche, la finesse des textures, l’élégance de la production, mais on regrette le manque de variété, de spontanéité, cette impression d’un disque trop sage, trop propre. Moins musical, moins dansant, moins jazzy, moins tout, mais plus introspectif. Deadbeat n’est pas un mauvais album, mais c’est peut-être le premier où l’on sent que la flamme vacille. Un disque beau, fragile, un peu détaché. Comme un matin d’après-fête.

Justement, c’est probablement sur scène que Deadbeat prendra tout son sens. On imagine déjà “Dracula” s’étirer en jam cosmique, “Ethereal Connection” se transformer en transe hypnotique, et Parker, silhouette solitaire dans une mer de lasers, réconcilier son monde intérieur avec la liesse du public.

En attendant, Deadbeat laisse une impression paradoxale : un disque apaisé, presque trop. Tame Impala n’a plus besoin de prouver quoi que ce soit, mais nous, on aimerait quand même qu’il nous fasse à nouveau danser.

Informations

Label : Sony Music / Columbia
Date de sortie : 17/10/2025
Site web : www.tameimpala.com

Notre sélection

  • Dracula
  • End Of Summer
  • Loser

Note RUL

 3/5

Ecouter l’album

Ecrire un commentaire

Fabien Groslambert
Oui je tiens à jour un Google Docs qui liste tous les concerts auxquels j'assiste depuis 2013, et alors ?!