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Surf Curse – Magic Hour

La notoriété, à quoi cela tient parfois ? Issus de la scène underground californienne, les Américains de Surf Curse connaissaient jusqu’à présent un succès d’estime mais néanmoins confidentiel. Si leur précédent effort, Heaven Surround You (2019), a attiré les faveurs des critiques spécialisées, c’est un buzz TikTok qui les propulsera dans une autre dimension. Basée sur “Freaks”, une chanson de 2011 ne figurant même pas sur un album, cette trend fut utilisée des centaines de milliers de fois, dix ans après.

Six cents millions d’écoutes Spotify plus tard, l’ex-duo désormais quatuor a changé d’univers, en signant sur le label de Coldplay ou d’Ed Sheeran. Au point d’impacter leur direction artistique ?

Un panorama d’une grande variété

Alors que de nombreuses formations surf rock plafonnent, faute de pouvoir surprendre, ce Magic Hour brille au contraire par sa diversité. Pensées comme un hommage au rock indé, les douze pistes de l’album réussissent le tour de force de présenter chacune leur propre couleur.

Nous invitant dans un véritable road trip, le groupe nous plonge tour à tour au cœur d’un buddy movie façon The Libertines (“Lost Honor”, “Cathy”), faisant miroiter les déambulations solitaires d’un Alex Turner (“No Tomorrows”) avant de procéder à des accélérations shoegaze évoquant The Menzingers (la très accrocheuse “Sugar”).

Si l’on apprécie la compagnie de Carl Barât ou du Monkey, Surf Curse donne sa pleine mesure lorsqu’il lorgne davantage vers du Weezer. La ressemblance vocale avec Rivers Cuomo est saisissante, notamment sur le single “Self Portrait”, où l’on a presque envie de crier “Say it ain’t so entre deux envolées de guitare.

Un peu de violence, c’est les vacances

D’une manière générale, les sommets de ce disque sont atteints dès que l’intensité monte d’un cran. “TVI” dégage une énergie lumineuse qui devrait faire un malheur en live. Direct et catchy, ce titre constitue, avec l’ouverture “Arrow”, les deux exceptions d’un ensemble qui se dévoile patiemment au fil des écoutes. Coté thématique, les doutes et mal-être du chanteur émaillent l’ensemble jusqu’à l’explosion finale (“Randall Flagg”) et ses “dont bet on me” viscéraux. Tout simplement cathartique !

Loin de se reposer sur ses lauriers, le groupe distille quelques surprises bienvenues : ici, des cordes accompagnent un rythme bluesy, là un piano apporte sa douce mélancolie à une guitare inspirée de bout en bout. Véritable ovni de cette galette, la formation texane fait même un détour par New-York sur la foutraque “Fear City”. Les habitués retrouveront ici l’ADN cinématographique du groupe sur ce titre scandé, essentiellement en spoken word, soutenu par un saxo fou que ne renierait pas Sam Fender. Seul bémol, si cette capacité à surprendre pousse à rester attentif jusqu’au bout, elle fait d’autant plus regretter les quelques temps faibles (la trop longue “No Tomorrows”, les dispensables “Little Rock ‘n’ Roller” et “Unwell”).

Néanmoins, le pari est largement réussi, montrant la belle capacité de Surf Curse à profiter de cette nouvelle exposition, pour livrer la plus belle pièce de sa discographie. Pour sa première sortie sur un major, ce Magic Hour est la preuve qu’on peut assumer un succès éclair sur les réseaux en proposant un projet exigeant et abouti.

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 07/10/2022
Site web : www.surfcurse.com

Notre sélection

  • TVI
  • Sugar
  • Arrow

Note RUL

 4/5

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