Chroniques

Sum 41 – Screaming Bloody Murder

Presque quatre ans. C’est le temps qu’il aura fallu aux canadiens pour nous offrir un successeur à “Underclass Hero”. On peut dire qu’ils auront su faire languir les fans. Petit rappel des faits. En janvier 2009, Deryck Whibley (chanteur/compositeur) annonçait alors qu’il était très inspiré et que le groupe pensait faire un EP de quelques titres. Finalement, après réflexion, le combo décide de prendre plus de temps et de sortir un album complet. L’année 2010 consiste pour Sum 41 à tourner partout dans le monde et à enregistrer son disque. Jamais le groupe n’aura autant pris son temps pour faire un album… Ce délai fut-il utilisé à bon escient ?

Les premières secondes surprennent d’emblée. Est-ce bien Sum 41 que j’entend ? “Reason to Believe” introduit et résume finalement parfaitement “Screaming Bloody Murder”. Une intro heavy, un couplet punk rock, une fin calme au piano. La couleur est annoncée. Le groupe a toujours eu l’habitude d’offrir des opus très différents les uns des autres. Ils ne dérogent pas à la règle et nous offrent ici un album radicalement différent du prédécesseur. Adieu la pop punk acidulée de “Underclass Hero”, le combo est repassé du coté obscure de la force ! “Screaming Bloody Murder” se présente en réalité presque comme un disque concept. Ce dernier, très sombre (aussi bien dans les mélodies que dans les paroles) , oscille systématiquement entre passages calmes et énervés. Un peu sur dans le même esprit que “We’re All To Blame” (“Chuck”), mais appliqué non plus à une chanson, mais à une galette entière. On ne sait plus vraiment où donner de la tête à la première écoute tant la structure des morceaux et de l’ensemble est décousue. Cette légère frustration devient en fait au fil du temps l’un des points fort de l’album. Cette caractéristique est rendue possible par des arrangements extrêmement bien réalisés. La formation franchit à chaque effort studio un nouveau palier dans la réalisation de leurs skeuds, et le fait que Deryck Whibley auto produit pour la seconde fois le disque, semble définitivement le tirer vers le haut. “Screaming Bloody Murder” est truffé de chœurs, d’effets, de son de guitares différents (disto, clean, sèche, tout y passe ou presque), de piano (un peu trop à mon goût d’ailleurs) et divers arrangements. Le frontman nous offre d’ailleurs un chant très éclectique, passant d’une voix douce et claire sur certains passage calmes, à une voix plus énervée. A ce niveau là, on ne peut nier l’effort fournit par Sum 41. Certains trouveront peut être que c’est “too much”, mais dans l’ensemble, le CD reste impressionnant de maîtrise. De plus, le combo n’a rien perdu de son génie pour nous offrir des refrains puissants, entêtants et qui envoient, tout simplement. Il suffit d’écouter des titres comme “Screaming Bloody Murder” (le 1er single dont le clip sera tourné début avril), “Skumfuk” (qui s’est vu rajouté une intro par rapport à la version leaké l’été dernier) , “Jessica Kill” (une vraie bombe). Le groupe nous avait également promis une piste de douze minutes, séparée en trois excellentes parties : “Holy Image Of Lies”, “Sick of Everyone” et “Happiness Machine” (très étonnante et très efficace) et qui représentent parfaitement l’album. “Crash” s’impose de fait comme la ballade et la pause de ce “Screaming Bloody Murder”. A vrai dire, je me demande encore ce qu’elle fait là, mais la chanson est très jolie, touchante et réussie (pour ceux qui aiment les ballades en tout cas, cela ne devrait pas poser de problèmes). Que dire de “Blood In My Eyes” et “Back Where I Belong” si ce n’est qu’elles sont toutes les deux excellentes ? “Exit Song” porte bien son nom et clos ce cinquième opus. Toutefois, les canadiens ne réalisent pas non plus un sans faute. Comme je l’expliquais plus haut, l’ensemble est cohérent et animé d’une certaine ligne directrice. On se demande alors pourquoi certains titres viennent pointer le bout de leur nez : “Time For You To Go” et “Baby You Don’t Wanna Know” ressemblent à du Green Day de seconde zone, “What I am To Say” aurait très bien pu être une ballade sortant tout droit de “Underclass Hero”, et la légitimité de “Crash” reste discutable… Ces chansons ne sont pas loupées à proprement parler, loin de là, mais trouve difficilement leur place ici.

En clair, Sum 41 signe un retour énergique plein de maturité. Il est clair que ceux qui préfèrent “Underclass Hero” (2007) ou “All Killer No Filler” (2001) risquent d’être déçus, mais ce n’est pas mon cas, d’où le constat positif. La facilité m’amènerait à comparer “SBM” à “Chuck” (2004), mais là où ce dernier se présentait comme une succession de chansons très différentes, démontrant par là le potentiel du groupe, “SBM” garde tout du long une ambiance délicieusement sombre et s’en écarte rarement. A ce niveau là, dans l’idée, il est plus proche d’un “Does This Look Infected” (2002) . Mais arrêtons les comparaisons, “SBM” ressemble avant tout à lui même et ouvre un nouveau chapitre pour Sum 41. Maintenant, il ne reste qu’une interrogation en suspens : voir ce que donnera tout cela en live sans les riches arrangements du disque. Sauf changement, le combo est toujours censé se produire quarante fois en France avant la fin de l’année, c’est pas les occasions qui devraient manquer…

Informations

Label : Universal Music / Mercury
Date de sortie : 28/03/2011
Site web : www.sum41.com

Notre sélection

  • Screaming Bloody Murder
  • Jessica Kill
  • Blood In My Eyes

Note RUL

4/5

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife