Chroniques

Stereophonics – Graffiti On The Train

Pour les fans, Stereophonics sera à jamais synonyme de bons moments, pour leurs détracteurs, ils restent pourvoyeurs d’un rock commercial navrant. Le groupe reste l’un des plus populaires issus de la scène galloise, par l’inénarrable titre “Maybe Tomorrow”. C’est peut-être trop tard pour changer les esprits de nombreuses années, mais le changement de batteur a entraîné une métamorphose. Bien que leur huitième album ne soit pas nécessairement centré sur Jamie Morrison (le nouveau batteur), sa présence pèse lourd. L’écart de quatre ans entre “Graffiti On The Train” et le précédent album “Keep Calm And Carry On” marque la plus longue période entre deux dates de sortie d’album, comme Stereophonics a sorti un disque tous les deux ans pendant douze années consécutives, de 1997 à 2009. L’album plus mature et plus grave que les précédents, a été écrit par Kelly Jones (leader du groupe) et produit par Jim Lowe, qui a travaillé sur tous les LP de Stereophonics depuis 2005.

“We Share The Same Sun” lance l’opus dans une ambiance sombre et mélancolique avec une musicalité dans la lignée de “You Gotta Go There To Come Back” (2003). Kelly Jones fait la part belle à son coté sombre, mélancolique et contemplative, à l’instar de “Violins And Tambourines” : méditation sur le caractère éphémère de la vie, appuyée par un gimmick lancinant à la guitare. Le son du combo a réellement évolué, se voulant moins fouilli et explosif, Stereophonics se fixe sur l’émotionnel et le minimalisme. Mise à part pour “Catacomb” lancé sur un rock progressif krautrock très nerveux, qui tente l’association entre Led Zeppelin, Black Sabbath et Radiohead. Il est suivi par “Roll The Dice” où un Supergrass se transforme, à l’occasion d’un opéra rock multiforme, en un Muse touché de riff bluesy. Les nouvelles expériences musicales ne sont pas toujours couronnées de succès, la preuve avec “Indian Summer”, britpop extrêmement mou du genou qui désire trop réconcilier la pop et le folk rock celtique. “Been Caught Cheating” montre vraiment un aperçu de l’inspiration de cet opus, avec un solide morceau de quatre minutes sur le mal d’être trompé, inspiré par un blues du Missouri désenchanté. “In A Moment” transforme l’essai et propose une ambiance aérienne aux sonorités anodines, appuyée d’une batterie électronique offrant un aspect rock industriel intéressant. Le bijou reste la chanson-titre, “Graffiti On The Train” : merveille d’harmonie de la section corde, au piano en passant par la batterie précise et parcimonieuse. La voix rauque de Kelly Jones, accablé de tristesse, hypnotise l’auditeur. Par ailleurs, sans réellement innover dans le style, sa version remixé “Graffiti On The Train (Stripped)”, permet d’entrevoir l’étendu new vave du groupe, “In A Moment (Remix)” également. Une belle tentative de reconversion qui conclut l’album d’une manière un peu frustrante pour l’auditeur, mais l’effort mérite d’être salué.

“Graffiti On The Train” a globalement un voile très sombre et calme qui s’empare de lui, créant une multitude de ballades, britpop et folk rock. De la chanson d’ouverture traitant de la distance avec l’être aimé à la ballade surfant sur le désespoir de l’amour perdu avec “Indian Summer”, le thème de l’album est réglé très rapidement. Musicalement plus noir que les précédents, la guitare se fait pleurnicharde entrecoupée de riffs distordus. De plus, que ce soit la batterie qui résonne un tambour de guerre, ou la voix rauque et lancinante, véritable marque de fabrique du groupe : l’ensemble reste toujours impeccable. Un album qui comblera aisément les fans de la première heure et qui, pourra sûrement attirer de nouveaux adeptes à sa cause.

Informations

Label : V2 / PIAS
Date de sortie : 04/03/2013
Site web : www.stereophonics.com

Notre sélection

  • Graffiti On The Train
  • Violins And Tambourines
  • Been Caught Cheating

Note RUL

3.5/5

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